La quatrième subdivision (chapitre 6 et 7) termine la première division de l’épître. Elle traite de trois sujets :
Dans toute cette partie de l’épître, on voit encore la faiblesse personnelle du serviteur. Mais il éprouve la puissance de Dieu en grâce qui, non seulement le soutient, mais lui fait produire le fruit de la justice. La souffrance et les épreuves donnent occasion à ce secours qui serait inutile si tout était facile. Il n’y aurait plus d’exercice de foi, ni de victoire à remporter. Certainement tout arrive pour le bien et le développement spirituel du serviteur. Paul est l’exemple par excellence de tout ce qui peut arriver à l’enfant de Dieu. A notre époque, cet exemple est souvent mal compris, peu apprécié et quelquefois même désapprouvé.
Il est question ici d’une collaboration de l’apôtre à l’œuvre de Dieu, en fait avec Dieu lui-même. Il l’avait signalée plus nettement dans la première épître : “Nous sommes collaborateurs de Dieu” 1 Corinthiens 3. 9. C’est là une notion importante. Nous sommes tous appelés à coopérer à cette grande œuvre de l’évangile, ne serait-ce que par nos supplications (1. 11), ou notre hospitalité3 Jean 8. La maison de Stéphanas était un modèle en cela1 Corinthiens 16. 15.
De quelle œuvre est-il question (verset 1) ? De l’œuvre de la réconciliation.
L’expression : “recevoir la grâce de Dieu en vain”, peut s’appliquer aux deux catégories de personnes qui étaient à Corinthe.
Quelques-uns avaient la profession chrétienne sans posséder la vie divine. Paul parlera même plus loin de faux apôtres et de ministres de Satan (11. 13, 15). Pour ceux-là, c’était en vain que la grâce de Dieu leur avait été prêchée. Mis en présence de l’évangile, ils avaient “goûté du don céleste” Hébreux 6. 4, mais sans être délivrés de leurs péchés. La citation d’Ésaïe (verset 2) donne à penser qu’il s’agit plutôt de la réception initiale de la grâce.
Au contraire, la plupart d’entre eux, à Corinthe, avaient la faveur immense d’avoir été vraiment réconciliés avec Dieu. Mais pour ces croyants authentiques (comme pour chacun de nous) la grâce aurait été reçue en vain si elle n’avait pas eu d’effet dans leur vie quotidienne. Paul se donne lui-même en exemple, lorsqu’il écrit : “Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis ; et sa grâce envers moi n’a pas été vaine, mais j’ai beaucoup travaillé” 1 Corinthiens 15. 10.
Nous avons donc la responsabilité de ne pas mépriser la grâce de Dieu pour ne pas en perdre le bénéfice. Mais en même temps, cette grâce vient à notre secours pour que nous ne manquions pas à notre responsabilité. La parole de l’Éternel, citée par le prophèteÉsaïe 49. 8, confirme cette ressource.
Israël avait bien reçu, autrefois, la grâce de Dieu, mais en vain. Et son endurcissement a donné occasion à Dieu d’accorder sa grâce aux nations en un temps agréé1. Et ce temps agréé (ce temps favorable) sera plus tard la part d’Israël. Mais pour l’heure, le salut est annoncé aux nations : c’est maintenant le jour du salut.
Quand le Seigneur, dans la synagogue de Nazareth, a choisi de lire le prophète en évoquant “l’an agréable du Seigneur” Ésaïe 61. 1, 2, il a ajouté : “Cette écriture est accomplie, vous l’entendant” Luc 4. 21. C’était le début de cette ère de grâce dans laquelle nous sommes encore. Mais il se garde bien de lire la suite du passage qui évoque le jour de la vengeance de Dieu. Ce jour, Dieu en soit béni, était remis à plus tard.
Paul, une fois de plus, revient sur une notion qu’il estime importante. Que pense-t-on de sa marche (4. 2 ; 5. 12) ? C’est en effet par sa conduite, exemplaire, soigneuse, irréprochable, qu’il donnera du poids à son message. Elle servira de pierre de touche pour la valeur et la crédibilité de l’évangile qu’il annonce. Il portait, pourrait-on dire, les chaussures de la préparation de l’évangile de paixÉphésiens 6. 15. Une marche répréhensible apporte inéluctablement du blâme sur le ministère.
Lors de la navigation à voile, un principe vital pour les bâtiments était celui-ci : plus il y a de voilure, plus il faut de lest. Ce qui revient à dire que plus on est connu (la voilure), plus la marche doit être exempte de critique (le lest). Les porteurs d’une bonne nouvelle doivent avoir une bonne conduite.
L’apôtre montre ses relations avec Dieu dans les deux sens. D’abord du haut en bas (de Dieu vers son serviteur) : il attendait le secours et une énergie intérieure pour réaliser cette grande patience dans les épreuves. Il s’en remettait à Celui qui juge justement1 Pierre 2. 23. Car précisément ses relations de bas en haut (du serviteur vers Dieu) le poussaient à rendre compte de tout à son Maître céleste.
Dans ces lignes, deux prépositions : “par” et “dans” sont utilisées vingt-deux fois, traduisant le même mot grec qui a les deux sens. Les qualités du serviteur sont manifestées à l’occasion du service (par), et celui-ci s’accomplit dans une ambiance hostile (dans). Nous rencontrons aussi huit fois le mot “comme” (versets 9, 10) qui signifie “en tant que”.
La première qualité requise est la patience dont il sera encore question plus loin (12. 12). Le mot employé exprime une double notion de patience et d’endurance. Cette vertu nécessite une grande humilité et suppose le secours du “Dieu de patience et de consolation” Romains 15. 5. Elle se rapproche beaucoup de la longanimité (verset 6).
La patience s’exprime plutôt à l’égard des circonstances et la longanimité à l’égard des personnesÉphésiens 4. 2.
L’apôtre fixait les yeux sur le chef et le consommateur de la foi, qui a enduré la croix, ayant méprisé la honteHébreux 12. 2. La patience de Paul était mise à l’épreuve à travers ses circonstances et ses souffrances. Il donnera plus loin des détails saisissants (chapitre 11) ; mais, dès maintenant, il en mentionne neuf, associées en trois groupes de trois :
Ce sont des souffrances plus précises, infligées par les hommes et de plus en plus douloureuses.
Le troisième groupe de circonstances parle des épreuves liées directement à son ardeur au travail. Là aussi elles sont par rang de gravité.
La conscience de sa position devant le Seigneur lui fait dominer les circonstances qui ne mettaient pas en cause sa foi dans les ressources d’en haut.