Le chapitre 3 constitue la deuxième subdivision de la première partie de cette épître (chapitre 1-7). Il présente le témoignage collectif rendu par l’assemblée devant le monde ; ce témoignage est comparé ici à une lettre qui apporte la lumière à tous les hommes. Mais, au cours de son développement, l’apôtre introduit dans une parenthèse (versets 7-16) le contraste entre les choses anciennes et les nouvelles.
Au chapitre 1, le ministère de Paul consiste à prêcher Christ (1. 19). Au chapitre 2, son ministère prend la forme d’un enseignement au sujet de l’ordre et de la discipline dans l’assemblée. Enfin, le chapitre 3 montre ce que sont les croyants devant ce monde, dont ils ne font pas partie. Alors Paul est conduit à un enseignement doctrinal au sujet des choses vieilles et passées d’une part, et de celles qui sont nouvelles et éternelles, d’autre part. Paul est ici le ministre de la nouvelle alliance (versets 3, 6).
Dès le premier verset, il fait allusion à la coutume très justifiée des lettres de recommandation. On voit que cela se pratiquait déjà à l’époqueActes 18. 27 ; Romains 16. 1, 2. Nous devons conserver cette habitude, non par méfiance à l’égard de frères ou de sœurs de passage, non connus, mais par crainte du Seigneur et dans la conscience de la sainteté de sa table. C’est aussi un signe visible de l’unité du Corps vécue en pratique. C’est enfin l’occasion de transmettre un message d’amour fraternel d’une assemblée à l’autre.
Loin de l’apôtre la pensée de se recommander lui-même ! Mais le résultat de son travail dans le cœur des Corinthiens constituait en soi une lettre de recommandation. Il peut les considérer comme ses propres enfants (6. 13 ; 12. 14).
Paul ne leur demande pas d’être la lettre de Christ, mais il affirme : Vous êtes cette lettre (verset 2). Il leur avait déjà écrit : “vous êtes le sceau de mon apostolat” 1 Corinthiens 9. 2. Ils constituaient l’expression vivante de son évangile, la preuve de la puissance de son ministère. De même, il avait écrit aux Thessaloniciens qu’ils étaient sa couronne1 Thessaloniciens 2. 19.
Cette lettre de Christ :
L’apôtre n’écrit pas : Vous êtes les lettres de Christ, mais “la lettre” unique. Un chrétien isolé ne peut représenter cette lettre. Les individus les plus pieux, les plus saints, les plus fidèles, ne peuvent former, chacun pour son compte, cette lettre. C’est le témoignage collectif et cohérent des membres du corps de Christ qui montrera Jésus Christ aux hommes. Telle est la mission de l’Église sur la terre.
Combien il est touchant de lire, sous la plume de Paul s’adressant aux Corinthiens dont il connaissait toutes les faiblesses : “vous êtes manifestés comme la lettre de Christ” (v. 3). Ces derniers auraient pu se demander si, malgré tout, ils restaient cette lettre. Recommandaient-ils vraiment l’apôtre ? Présentaient-ils Christ au monde en pratique ?
Il appartient maintenant à chaque témoignage local de se poser la question en toute droiture. La lettre est-elle lisible ? Ne ressemble-t-elle pas à ces pierres tombales de cimetières abandonnés ? Un nom de famille y est bien gravé, mais la patine du temps et les salissures ont rendu sa lecture impossible.
Une communauté de chrétiens, qui conserve un enseignement orthodoxe, et même spirituellement élevé, n’aura le caractère de lettre de Christ bien lisible que si cet enseignement est mis en pratique dans la vie de chacun. S’il en est ainsi, l’Église sera une lumière dans ce monde de ténèbres. “Vous reluisez comme des luminaires dans le monde”, dit Paul ailleursPhilippiens 2. 15. Le rassemblement d’Antioche en est un bel exemple. La lettre y était bien visibleActes 11. 26 !
Retenons tous cette précieuse vérité : contempler par la foi la gloire de Celui qui est plus beau que les fils des hommes remplira nos cœurs et les fera bouillonner d’une bonne parolePsaume 45. 2, 3. Le Saint Esprit, après avoir rendu en nous un témoignage intérieur (1. 21, 22), nous donnera la puissance d’un témoignage extérieur par notre vie, nos actes et nos paroles.
Ce témoignage présente quatre caractéristiques :
L’apôtre va maintenant développer ces pensées.
Auparavant, il nous donne une leçon d’humilité et de dépendance. Il se reconnaît par lui-même incapable de tout. En revanche, il peut tout en celui qui le fortifiePhilippiens 4. 13. Ce qu’il vient d’écrire et ce qu’il va développer sur le ministère de la nouvelle alliance, il en a reçu la capacité de Dieu. Nous retrouverons cette juste estimation de lui-même lorsqu’il se comparera à un vase de terre (4. 7) et surtout quand il évoquera son infirmité et son écharde (12. 1-11).