Le roi David est “avancé en âge” (verset 1), refroidi et il se cantonne à sa chambre. Il est âgé d’un peu moins de soixante-dix ans au moment où se place ce récit2 Samuel 5. 4. Il semble que les effets de l’âge se faisaient spécialement sentir sur lui à cause sans doute des dures années de vie de fugitif, des longues campagnes de guerre1 Chroniques 22. 8 ; 2 Samuel 11. 18, et des chagrins traversés.
On amène au roi une jeune et belle Israélite qui s’occupe du roi mais sans devenir sa femme. Israël a du prix aux yeux du roi (David et, en figure, Christ) mais une distance est maintenue. L’application prophétique de ce passage se situe avant l’introduction du millénium alors que la relation de Christ avec Israël n’est pas encore reconnue.
Le trône étant pour ainsi dire vacant, Adonija, fils du roi, né à Hébron2 Samuel 3. 4, cherche à le ravir. Il se procure des signes extérieurs de puissance et de gloire (verset 5) et donne une composante religieuse à son intronisation (verset 9). Avec, en sus, la présence d’Abiathar (verset 7) les apparences de l’appui divin sont là. Mais l’exclusion de Salomon, aimé de l’Éternel2 Samuel 12. 25, seul non invité des fils du roi, et celle du prophète Nathan, montrent assez que Dieu est absent de cette cérémonie. En revanche on trouve, parmi les conjurés traîtres à David, le toujours astucieux et violent Joab qui, image de la chair, révèle enfin complètement son caractère rebelle et ambitieux. La Parole relève que, comme Absalom2 Samuel 14. 25, Adonija était un bel homme et que David avait un cœur faible.
La fidélité inspire l’intelligence du pieux prophète Nathan. Dieu se sert de lui et de Bath-Shéba, la mère de Salomon, pour mettre au courant de la situation le roi David dont l’âge n’a pas affaibli sa connaissance de la pensée de Dieu ni sa confiance en lui. Il confirme ce qu’il avait déjà communiqué à Bath-Shéba et promet d’agir le jour même pour transmettre la royauté à Salomon. Cette promesse est l’occasion d’un rappel émouvant de ce que l’Éternel a été pour David : “L’Éternel… a racheté mon âme de toute détresse”. Gardons le souvenir de ce que Dieu a été pour nous dans les épreuves et rappelons-le avec reconnaissance.
Quand David avait soulevé la question de l’habitation de Dieu, Nathan lui avait spontanément répondu : “Fais tout ce qui est dans ton cœur, car l’Éternel est avec toi”. Mais la nuit suivante, l’Éternel lui avait donné pour David une autre réponse, plus complète : son dessein était de “faire une maison” à David et de mettre sur son trône un fils qui bâtirait la maison de l’Éternel2 Samuel 7. 11-16. Le moment était venu de le réaliser en Salomon. Celui-ci n’est que la première étape annonçant Christ, vrai fils de David, vers lequel Dieu regarde et dont le règne sera sans fin, couronnement du dessein divin de grâce et de gloire envers David.
Nathan est conduit par la connaissance de la pensée divine et par le discernement spirituel. C’est par la Parole que les pensées de Dieu se font connaître ; pour discerner sa volonté dans un cas précis, nous avons aussi besoin d’être proches de lui, dans sa communion, dans sa lumière1 Jean 1. 6, 7. Ne négligeons ni la connaissance de sa Parole, ni la proximité de Dieu. Notons qu’un discernement marqué des personnes, des circonstances et des temps1 Chroniques 12. 33 peut être une opération spéciale de l’Esprit que le Seigneur accorde “en vue de l’utilité” 1 Corinthiens 12. 7-10.
Le roi met immédiatement à exécution la promesse faite à Bath-Shéba. En opposition aux inventions d’Adonija, dont la fête continue de se dérouler à En-Roguel, tout est maintenant disposé par David lui-même pour l’intronisation de son fils Salomon. Le centre de cette cérémonie est l’onction d’huile par le sacrificateur Tsadok, qui se déroule à Guihon.
Deux rois déjà avaient été oints par le prophète Samuel : Saül (10. 1) et David (16. 13). Cette onction signifiait que le sacrificateur qui, selon la loi de Moise, agissait comme médiateur entre Dieu et le peuple, était mis de côté. Ce changement dans les voies de Dieu avait été communiqué par Dieu à Éli défaillant par le moyen d’un homme de Dieu1 Samuel 2. 30-35.
Le sacrificateur était remplacé par le roi, l’oint de l’Éternel responsable de conduire son peuple sur des chemins de piété, de dépendance et d’obéissance à Dieu. Cette responsabilité est le caractère sous lequel la royauté est présentée dans le livre des Rois. Dieu l’accompagne toutefois toujours de sa miséricorde. Il se réserve aussi d’accomplir finalement ses promesses. Tout cela était contenu dans l’annonce faite à David concernant Salomon2 Samuel 7. 12-16 et au-delà de Salomon, Christ, l’Oint, le
Les fidèles de David recueillent ses instructions et les exécutent à la lettre (versets 34, 39). Une beauté morale particulière s’attache à la personne de Benaïa. Serviteur fidèle de David p, il manifeste ici les pensées d’un cœur dépourvu d’ambition, qui se réjouit (versets 36, 37) dans l’élévation de l’élu de Dieu. Plus loin (verset 44), il est accompagné de ceux sur lesquels il avait autorité2 Samuel 20. 23. Dès le chapitre 2 on le voit au service de Salomon, qui fait de lui le chef de son armée (4. 4). Le peuple se joint à ce noyau fidèle et exprime à son tour une grande et sainte joie (verset 40).
La suite des événements nous est rapportée par le récit que vient en faire Jonathan, fils d’Abiathar, à Adonija. “Salomon”, dit-il, “est assis sur le trône du royaume” (verset 46). La conspiration d’Adonija est déjouée et se dissipe dans la peur.
Jonathan n’a pas suivi son père Abiathar dans la trahison. Quand il vient à En-Roguel, c’est porté par la joie des nouvelles de Jérusalem qui, pour lui, sont de bonnes nouvelles (verset 43).
La continuité de la royauté est maintenant assurée : elle passe sans rupture des mains de l’élu du cœur de Dieu, souffrant et pourchassé, puis établissant progressivement son royaume par la victoire sur ses ennemis, à celles de cet autre élu dont le royaume sera justice et paix. La première phase de la vie de David nous parle du rejet de Christ par Israël ; la seconde phase, du moment où Christ soumettra ses ennemis jusqu’à en faire “le marchepied de ses pieds” Psaume 110. 1 ; Hébreux 1. 13. Le règne de Salomon préfigure celui de Christ. Il faut donc ces deux hommes pour représenter le rejet, puis la réception de Christ, roi sur Israël et dominateur des nations. L’Esprit conduit les serviteurs du roi qui bénissent David et Salomon (verset 47) – et David lui-même, qui bénit l’Éternel – à une joie et des actions de grâces à la hauteur de la beauté morale de ce moment.
Les bonnes nouvelles de Jonathan sont pour les rebelles un sujet de terreur. Adonija cherche une assurance pour sa vie auprès de l’autel, symbole de la grâce. En fait, c’est à la patience de Salomon qu’il doit, temporairement, son salut. Son cœur n’est pas changé et lorsque, mis à l’épreuve, il se manifestera de nouveau, le jugement ne pourra plus être détourné (2. 13-25).