La “parole de l’Éternel” est le thème principal de ce chapitre. Cette expression s’y rencontre dix fois. L’homme de Dieu de Juda, messager de cette parole, nous apporte aussi un enseignement important, par ses relations :
Nous apprenons alors que, sous ce dernier aspect, le monde, avec les apparences de la piété, est plus dangereux pour le fidèle que dans son opposition ouverte à Dieu.
Jéroboam avait refusé d’écouter l’Éternel (11. 33 ; 12. 16, 27). La parole de l’Éternel lui est adressée une fois de plus, par un “homme de Dieu” venu de Juda. La conduite de ce messager est à l’opposé de celle du roi : il obéit à la parole de l’Éternel et parle de sa part ; il agit avec la puissance et la miséricorde divines ; il est séparé du mal.
À la puissance de l’ennemi va donc s’opposer “la parole de l’Éternel”, vivante et opéranteHébreux 4. 12, 13. Par la parole de Dieu, le Seigneur Jésus a vaincu Satan au désertMatthieu 4. 1-11 ; Luc 4. 1-13. Par elle, l’homme de Dieu aujourd’hui peut accomplir toute bonne œuvre2 Timothée 3. 16, 17. Dans notre chapitre, la parole de l’Éternel juge l’autel de Béthel et ce qu’il représente, c’est-à-dire l’hommage que rend l’homme rebelle aux démons1 Corinthiens 10. 19, 20. Les autels dressés par ceux qui, par la foi, s’approchaient du “seul vrai Dieu” Hébreux 11. 6 préfiguraient la mort de Christ ; c’est pourquoi Dieu agréait les sacrifices qui y étaient offerts. L’autel idolâtre de Jéroboam était donc, pour Dieu, une abominable contrefaçon. Aussi est-ce “contre l’autel” que s’élève le cri de l’homme de Dieu, “par la parole de l’Éternel”.
La destruction de cet autel et le jugement de ses sacrificateurs par Josias, roi de Juda, sont annoncés plus de trois siècles à l’avance : “Les méchants seront retranchés du pays” Proverbes 2. 21 ; 2 Rois 23. 15-18.
Jéroboam pense arrêter le jugement de Dieu en faisant saisir son prophète. En un même moment, la main du roi est rendue impuissante, l’autel se fend, ses cendres se répandent : l’Éternel a parlé. Même alors, la miséricorde de Dieu répond à la prière de son serviteur et Jéroboam est guéri. Seulement, le roi ne manifeste aucun repentir comme Saül1 Samuel 15. 30. Comment répond-il à la grâce de Dieu ? Jéroboam ne revint pas de sa mauvaise voie (verset 33). Il ne voulut pas écouter la parole de l’Éternel, ni lui obéir.
Maintenant encore, la grâce de Dieu s’adresse à tout homme rebelle : “Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur” Hébreux 3. 7, 15.
L’invitation du roi n’avait pu détourner l’homme de Dieu de la parole de l’Éternel. Il n’accepte ni son pain, ni son eau, témoignant ainsi qu’il n’avait aucune communion avec l’iniquité de Jéroboam et de son royaume. Car “quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité” 2 Corinthiens 6. 14-16 ?
Mais il y avait un “vieux prophète, qui habitait Béthel”. Pourquoi l’Éternel ne l’avait-il pas envoyé vers Jéroboam ? Précisément parce qu’il demeurait dans ce lieu souillé par le veau et l’autel idolâtre. Cela le disqualifiait aux yeux de Dieu, même si son âge le rendait respectable. Il aurait dû savoir que sa présence cautionnait ce qui se passait à Béthel. N’ayant pas séparé ce qui est précieux de ce qui est vilJérémie 15. 19, il ne pouvait pas être “la bouche de l’Éternel”. Se retirer de l’iniquité est le devoir de quiconque prononce le nom du Seigneur2 Timothée 2. 19.
Le vieux prophète s’efforça d’attirer l’homme de Dieu chez lui, pour “manger le pain”, espérant montrer autour de lui qu’il partageait quand même les révélations de Dieu. “Je suis prophète comme toi”, dit-il. Oui, sans doute, mais il n’avait pas été fidèle ; il ment pour attirer l’homme de Dieu chez lui. Qu’il est étrange que ce dernier, jusque-là fidèle, ait pu croire que la parole de l’Éternel avait changé ! Les cieux et la terre passeront, mais non ses paroles.
Trompé par le vieux prophète, l’homme de Dieu revient en arrière jusqu’à Béthel, où il mange et boit, désobéissant à l’Éternel.
Par sa désobéissance à la parole de l’Éternel, l’homme de Dieu participe à la fausse position du vieux prophète.
C’est à ce dernier que vient maintenant “la parole de l’Éternel”. Il crie à l’homme de Dieu (comme celui-ci avait crié contre l’autel), pour lui annoncer le jugement de l’Éternel, conséquence de sa désobéissance.
Les circonstances de la mort de l’homme de Dieu sont dirigées par l’Éternel : il l’a livré au lion qui l’a déchiré et l’a tué “selon la parole de l’Éternel”. Mais, chose extraordinaire, “le lion n’avait pas mangé le cadavre, ni déchiré l’âne”. L’âne se tient avec le lion, à côté du prophète mort. Les lois de la nature cèdent devant la volonté de Dieu, car “toutes choses le servent” Psaume 119. 91.
Par sa douleur, le vieux prophète montre qu’il a jugé sa conduite ; en plaçant l’homme de Dieu dans son propre sépulcre, il s’associe à lui et peut confirmer ce qu’il avait crié par la parole de l’Éternel, et même en étendre la portée (verset 32).
Après cela… Ce qui avait touché la conscience et le cœur du vieux prophète laisse Jéroboam indifférent. Pis encore, il aggrave sa mauvaise voie. Il a rejeté la parole de l’Éternel ; il va maintenant connaître ses jugements.