Publiquement, Salomon s’adresse maintenant expressément à l’Éternel par “toutes sortes de prières” Éphésiens 6. 18 : il le loue et lui rend grâces par la déclaration de sa grandeur, de sa bonté et de sa fidélité (v. 23, 24, 27) ; il le prie de poursuivre l’accomplissement de ses promesses (versets 25, 26). En s’appuyant sur ce que Dieu a promis – “mon nom sera là” (verset 29) – Salomon crie vers lui et le supplie (versets 28, 29) de veiller désormais constamment sur cette maison et d’agréer toute prière qu’il lui ferait en se tournant vers ce lieu ; il fait la même demande pour les éventuelles supplications du peuple, envisageant le cas où il y aurait péché et besoin de pardon (verset 30) ; il lui demande d’intervenir en justice (versets 31, 32) au cas où une parole de serment serait prononcée devant l’autel de cette maison. Enfin il implore la réponse divine dans divers cas où Israël, dans ses fautes (versets 33, 34 ; 35-40 ; 46-51) ou dans le besoin (versets 44, 45), ou bien un étranger craignant le vrai Dieu (versets 41-43), s’adresserait à Dieu dans cette maison ou en se tournant vers cette maison : interventions instantes pour autrui, la prière de Salomon devient une intercession.
Au début de cette prière, il y a continuité avec le thème de l’invocation qui a précédé : Salomon établit la fidélité du Dieu qui a accompli sa double promesse à David, qu’un fils lui serait suscité pour s’asseoir sur son trône et que ce fils construirait la maison. Toutefois il se souvient que la jouissance de ces promesses est sous condition d’obéissance2 Samuel 7. 14 (verset 25 ; 2. 4) ; il comprend que cela requiert une grâce spéciale de la part de Dieu, grâce qu’il demande (verset 25a, 26). Malheureusement, négligeant de s’appuyer sur cette grâce, il a, plus tard, été lui-même désobéissant ; il a “manqué de la grâce de Dieu” Hébreux 12. 15, amenant le jugement sur sa maison (11. 9-13).
Ensuite, Salomon agit comme intercesseur. C’est le rôle du médiateur qui intervient auprès de Dieu, pour le bien des autres. Dieu apprécie cette démarche à laquelle il a répondu, même dans des cas graves ; Moïse et Samuel sont cités comme ayant été spécialement fidèles dans ce serviceExode 32. 11-14 ; 30-35 ; 1 Samuel 14. 23 ; Psaume 99. 6 ; Jérémie 15. 1. Dans cette position, on n’excuse pas le mal mais on plaide pour les coupables, en arguant du grand nom de Dieu qui se doit d’être fidèle à lui-même, et se glorifie plus par la grâce que par le jugementJacques 2. 13. Salomon suppose chez celui pour lequel il prie la conviction de péché, le repentir senti de ses fautes précises, et leur abandon (versets 33, 35, 38, 47, 48) ; la mention de la sainteté de notre Dieu conclut aussi le Psaume 99 cité plus haut. L’intercession est la fonction même du sacrificateur. Le Seigneur Jésus remplit maintenant pour nous devant Dieu cette fonction de sacrificateurHébreux 7. 27, “selon l’ordre de Melchisédec”, titre sous lequel Dieu l’a “salué” Hébreux 5. 10. Il n’a plus d’offrandes à présenter et son action, surtout préventive, nous maintient dans la lumière à laquelle nous avons accès par la foi ; il sympathise à nos infirmitésHébreux 4. 15, 16.
Sous le régime de l’ancienne alliance, la sacrificature et la royauté étaient séparées2 Chroniques 26. 16 ; elles tiraient leur origine de deux tribus différentes. En Christ, sorti de Juda, cette différence disparaît ; il est dès maintenant sacrificateur dans les cieux ; plus tard, dans le règne terrestre, il sera sacrificateurZacharie 3. 8, 9 et roiZacharie 4. 6, 7. Conduisant la louange et la bénédiction de son peuple, intercédant pour lui et par là le sanctifiantProverbes 16. 6, Salomon est ici un type magnifique de celui qui sera “sacrificateur sur son trône” Zacharie 6. 13.
Salomon a exprimé sa prière à genoux (verset 54) ; le peuple quant à lui était debout (verset 14) ; ayant achevé sa supplication, Salomon se tient debout pour dire une action de grâces, sorte d’amen1 à sa longue prière.
Ces trois invocations successives nous offrent un exemple pour les prières en public : le contenu est fait de rappels des promesses divines et de demandes précises, le ton est pressant, mais l’attitude est révérencieuse. Salomon demande encore que la grâce de Dieu agisse pour incliner les cœurs du peuple vers lui (verset 57) et que les relations de bénédiction et de communion entre le peuple et Dieu soient maintenues jour après jour (verset 59). À propos des promesses, Salomon remonte à Moïse non comme législateur, mais comme conducteur hors d’Égypte vers l’héritage promis. Dieu n’avait pas varié et nous avons vu plus haut que l’annonce prophétique s’accomplissaitExode 15.
En offrant avec le roi des sacrifices à l’Éternel, tout le peuple est associé à la dédicace. Outre les sacrifices obligatoires propres à la fête qui allait suivreNombres 29. 12-38, Salomon et le peuple présentent volontairementNombres 29. 39, en grand nombre, des holocaustes et des sacrifices de prospérités, qui expriment principalement la communion avec Dieu et la joie en sa présence. Cette joie va se développer encore, car la date de la dédicace avait été intelligemment choisie pour coïncider avec la fête des tabernacles (versets 2, 65) Lévitique 23. 34. En effet, après l’amertume du jour des propitiations (au dixième jour du septième moisLévitique 23. 27), cette fête, commençant le quinzième jour et durant huit jours, était l’occasion de se ressouvenir des soins de l’ÉternelLévitique 23. 43 pendant le voyage, tout en goûtant la joieLévitique 23. 40 d’être arrivé dans le pays et d’y être béniDeutéronome 16. 15. Le temps des travaux agricoles était passéDeutéronome 16. 13 et l’on pouvait goûter le repos. Il s’agissait donc d’une préfiguration de la joie millénaire, qui convenait au moment où l’arche prenait son repos (voir plus haut) et où tout annonçait ce grand règne. Habituellement prolongée jusqu’au huitième jour, ce qui suggère l’éternité, au-delà de l’accomplissement des temps, la fête est cette fois prolongée à sept autres jours ! Sous la conduite du roi, la joie s’étend à tout le pays (Hamath était à la frontière nord du paysNombres 34. 8) et à tout le peuple.