Ce paragraphe (verset 29 à 34) continue la démonstration arrêtée au verset 19 au sujet des conséquences terribles de la négation de la résurrection.
La première question : “Que feront ceux qui sont baptisés pour les (ou à la place des) morts, si les morts ne ressuscitent absolument pas” ? (verset 29) répond à la déclaration du verset 18. La seconde : “Pourquoi… bravons-nous le péril à toute heure ?” (verset 30), répond à l’affirmation du verset 19.
Le baptême est le signe de la mort, suivie de la résurrectionRomains 6. 3, 4. Si les morts ne ressuscitent pas, le baptême n’a donc plus de sens ni de valeur. De plus, les terribles persécutions, dont un grand nombre des premiers chrétiens furent les victimes, rendaient cet acte d’autant plus solennel. Les nouveaux convertis, en étant baptisés, prenaient place dans les rangs de ceux qui, avant eux, avaient subi le martyre. Ils devenaient une nouvelle cible pour l’adversaire. Se lever comme témoin de Christ en risquant sa vie chaque jour a-t-il un sens si notre espérance n’est que pour la terre et que les morts ne ressuscitent pas ? Cette signification du baptême à la place des morts est confirmée par la vie de Paul et de ses compagnons qui bravaient le péril à toute heure (verset 30). Paul, par ces paroles, ne faisait pas une hypothèse ou un développement théorique, mais parlait de son expérience journalière. Peu de temps avant, il avait affronté la terrible émeute du théâtre d’ÉphèseActes 19. 29-31, quand les hommes combattaient contre lui comme des bêtes sauvages. Sa vie était en danger chaque jour. S’il n’y a pas de résurrection, il ne reste donc qu’à jouir du moment présent, en adoptant la devise d’un monde sans Dieu : “Mangeons et buvons car demain nous mourrons” (verset 32). Non seulement nous sommes les plus misérables des hommes, mais nous n’avons rien de mieux à faire que de satisfaire nos instincts ! Mais, comme le dit cette citation du prophète Ésaïe, une telle conduite a pour conséquence le jugement de Dieu.
Alors Paul s’adresse sévèrement à la conscience des Corinthiens, qui avaient été séduits (versets 33-34). De mauvais enseignements ont souvent de déplorables conséquences morales. Avec des pensées fausses, on ne peut agir d’une façon juste. Mettant en doute la résurrection des corps, certains Corinthiens étaient tombés dans l’immoralité, dénoncée aux chapitres 5 et 6, péché qui implique l’abus du corps. Ils devaient se réveiller spirituellement, se purifier du mal pour vivre justement et grandir dans la connaissance de Dieu. Cette connaissance aura, entre autres, pour conséquence : l’humilité, le jugement de soi-même, la vraie séparation du mal et nous gardera dans la saine doctrine (8. 2, 3) Jean 17. 3.
Poser des questions sur la Parole peut être le signe d’un bon état spirituel et manifester le désir de s’instruire pour plaire à Dieu. Ainsi le prophète Zacharie s’était enquis auprès de l’ange du sens de ses visionsZacharie 1. 9 ; 2. 2, 21 et avait reçu de Dieu des réponses de consolationZacharie 1. 13.
Ici au contraire, les questions sont le fruit de l’incrédulité ou d’une simple curiosité intellectuelle : “Comment ressuscitent les morts et avec quel corps viennent-ils ?” (verset 35). La raison humaine éprouve toujours des difficultés, mais non la foi. En reconnaissant la puissance de Dieu, toutes les impossibilités disparaissent. L’intellectualisme est un grand piège pour le croyant, qui court le danger de s’appuyer sur son intelligence naturelle, sans se laisser sonder par la Parole de Dieu pour être amené dans sa présence. Ainsi, comme les Corinthiens, nous pouvons être dans l’ignorance de Dieu (verset 34), oubliant que “la sagesse du monde est folie devant Dieu” (1. 20) et que les choses profondes de Dieu nous sont librement données à connaître par l’Esprit de Dieu (2. 12). Paul dénonce donc les vaines spéculations de l’esprit humain : “Insensé”, dit-ilPsaume 14. 1.
Puis il répond aux deux questions posées par des illustrations prises dans la nature. Il insiste sur les différences fondamentales qui existent entre le corps actuel terrestre et le corps céleste ressuscité, mettant en contraste le premier homme, Adam, et Christ, le second homme, le dernier Adam, auquel nous sommes liés.
Le Seigneur avait déjà pris dans la nature la similitude du grain de blé semé en terre pour parler de sa mort et de sa résurrectionJean 12. 24. Paul utilise la même analogie, mais en fait une application différente. Une graine semée, tout en gardant son identité, sort de terre avec un corps complètement différent : d’un gland pousse un chêne, un grain de blé donne un épi. Ces exemples de transformation, simples à comprendre, démontrent la souveraineté de Dieu : “Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu” (verset 38). La création, dans sa diversité, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, est la marque du doigt de Dieu. Serait-ce différent pour la résurrection du croyant ? Non ! Le corps d’un croyant déposé en terre, sortira à la résurrection entièrement changé, mais en conservant son identité propreRomains 8. 11.
Un corps mortel est corruptible, méprisable, faible, “animal” c’est-à-dire adapté à la vie terrestre. Le corps du croyant ressuscitera incorruptible, glorieux, puissant, spirituel. “Il est semé… Il ressuscite…” (verset 42). C’est le même corps, mais sa nature est changée.
Le corps actuel du croyant, adapté à la vie terrestre, sera transformé en la conformité du corps glorieux du Seigneur JésusPhilippiens 3. 21. Nous lui serons semblables1 Jean 3. 2. Ce qui est spirituel est ce qui tire sa vie de la puissance de l’Esprit. Le Seigneur ressuscité possédait ce corps spirituel. Il pouvait manger, être touché ; aucun obstacle matériel ne l’arrêtait, et il n’était plus lié aux lois physiques de la nature. C’est avec ce corps qu’il est monté au cielMarc 16. 19 ; Actes 1. 9. Ainsi sera le corps ressuscité des croyants.
Le premier homme, Adam, est caractérisé par le mot poussière, quatre fois mentionné. Le second homme ou dernier Adam, le Seigneur Jésus, est céleste, mot quatre fois mentionné (versets 47, 48), ce qui met en évidence une différence de vie et d’origine.
Adam, tiré de la poussière, est devenu une âme vivante quand Dieu a soufflé en lui une respiration de vieGenèse 2. 7. Christ, vrai homme, est Dieu, un Esprit vivifiant. Le jour de sa résurrection, il a soufflé dans ses disciples son Esprit de vieJean 20. 22, les préparant à recevoir le Saint Esprit, qui est descendu sur l’assemblée à la Pentecôte.
Christ est venu du cielJean 3. 13, le second homme (il n’y en aura pas de troisième), le chef de file d’une nouvelle race (la lignée des croyants), le dernier Adam, à qui jamais personne ne succédera, car en lui habite toute la plénitude de Dieu, pour le temps et l’éternité, dans la première, comme dans la nouvelle créationColossiens 1. 19 ; 2. 9. A lui soit la gloire !
Caïn n’était pas le second homme (ni même Abel par sa nature humaine), mais un autre Adam reproduit à la première génération, et à sa suite tous les hommes. Quand Christ est venu, il n’était pas une reproduction d’Adam. Il est né du Saint EspritLuc 1. 35, un homme (Adam) d’une nouvelle origine, digne d’être appelé “le second homme”.
Quant à nous croyants, nous sommes enfants d’Adam par notre naissance ; mais après avoir été amenés à Christ, nous sommes passés du domaine terrestre au céleste. Dans la résurrection “nous porterons l’image du céleste” ; mais dès maintenant tel qu’il est, lui, nous sommes, nous aussi (verset 48) 1 Jean 4. 17. Acceptons donc cette réalité merveilleuse, avec toutes ses implications et ses exigences. Prenons garde de ne pas amoindrir cette vérité essentielle. Une conduite charnelle, mondaine ne convient pas à ceux qui sont célestes.
L’homme, tel qu’il est ici-bas, ne peut pas hériter du royaume de Dieu. Il ne s’agit pas du règne millénaire terrestre dont Israël et les nations converties seront un jour les sujets, mais du royaume céleste, auquel la chair et le sang1 – notre condition humaine – n’ont pas accès.