Les activités matérielles de la vie (“manger et boire”, au verset 17) ne sont pas vitales, sans être méprisables. Les vrais caractères du
Le royaume de Dieu est ici pris dans son sens moral. Il ne désigne pas une période historique dans le cours des voies de Dieu à l’égard de l’homme (royaume millénaire par exemple). Il ne s’agit pas non plus des conditions de la vie humaine sur la terre. Autrefois, un Israélite pieux et fidèle était, en principe, comblé de biens matériels. Mais déjà la foi entrevoyait les bénédictions spirituelles au-delà des richesses matérielles. Ainsi, David pouvait-il dire : “Tu as mis de la joie dans mon cœur, plus qu’au temps où leur froment et leur moût ont été abondants” Psaume 4. 8.
Pour le chrétien aujourd’hui, les richesses ne sont plus un signe de la bénédiction divine. Il vit par la foi dans le royaume de Dieu, le domaine moral dans lequel les droits de Dieu sont reconnus. Là, il goûte les biens spirituels qu’il possède en Christ, qui sont tous le reflet de la nature et de la gloire de Dieu : justice, paix et joie1.
Dieu est appelé sept fois le Dieu de paix dans les épîtres de Paul2. Le Seigneur Jésus est appelé aussi une fois le Seigneur de paix2 Thessaloniciens 3. 16. Christ est notre justice1 Corinthiens 1. 30 ; nous sommes devenus justice de Dieu en lui2 Corinthiens 5. 21. Christ est notre paixÉphésiens 2. 14, et nous avons la paix avec Dieu par lui (5. 1). Christ est notre joiePhilippiens 3. 1 ; 4. 4, et il nous donne sa propre joieJean 15. 11. La justice, la paix et la joie de Dieu et du Christ sont goûtées dans le cœur du croyant par le Saint Esprit. Dans cet état moral, le chrétien peut alors servir Christ, et marcher devant Dieu et les hommes d’une manière honorable. Cette marche, fruit d’un heureux état intérieur, est agréable à Dieu ; elle est aussi un témoignage devant le monde et une réelle bénédiction pour les hommes (verset 18).
Appliquons-nous donc à vivre pratiquement ce que nous professons, dans la recherche d’une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes, à l’image de l’apôtreActes 24. 16.
Nous avons à poursuivre ce qui contribue à la paix et ce qui édifie les autres (verset 19). La liberté chrétienne est d’abord présentée en rapport avec notre vie personnelle (versets 1-10). Elle est inséparable de notre responsabilité vis-à-vis de Dieu ; la pensée que nous allons comparaître devant son tribunal nous garde de juger ou de mépriser les autres (versets 10-18).
La fin du chapitre (versets 19-23) présente maintenant le troisième aspect de la vérité, celui de la communion pratique entre les frères. Peut-être y a-t-il une corrélation entre les trois aspects de la vie chrétienne présentés ici par l’apôtre (liberté, responsabilité et fraternité) et les trois caractères moraux du royaume de Dieu (justice, paix et joie) : la vraie liberté chrétienne est réalisée dans la justice pratique ; notre responsabilité vis-à-vis de Dieu est liée à notre paix avec lui ; la communion fraternelle entre les croyants produit la joie.
Nous sommes enseignés à user de patience et de support à l’égard de tous nos frères, particulièrement celui qui pourrait nous paraître faible : “le frère pour lequel Christ est mort”. Mais n’oublions jamais que nous aussi nous exerçons la patience de nos frères. Pour eux, alors, nous devenons celui-là, pour lequel Christ est mort.
Dieu désire que nous soyons forts dans la foi pour jouir de la vraie liberté chrétienne en Christ. Il veut que nous fassions ainsi des progrès pour sortir de l’état de faiblesse qui nous astreint encore à des obligations légales. Mais le croyant doit toujours avoir cette foi “par devers lui-même devant Dieu” (verset 22).
“Bienheureux est celui qui ne se juge pas lui-même en ce qu’il approuve” (verset 22). Nous nous tenons toujours devant Dieu qui sonde tout. En même temps, nous marchons devant nos frères et devant le monde. Il ne faut donc rien se permettre dans notre vie que Dieu ne saurait approuver. La position du fort qui s’autoriserait de telles choses ne serait pas meilleure que celle du faible qui hésite et dont la conduite n’est pas par la foi (verset 23). Pour les uns et les autres, la foi est le ressort de la marche chrétienne. Tout ce qui ne procède pas de ce principe de foi est péché. Le laxisme n’est pas meilleur que le légalisme devant Dieu. La liberté chrétienne n’est pas l’indépendance vis-à-vis de Dieu, mais une vie de foi et de confiance en lui.
Dans tout ce chapitre, il ne s’agit jamais du mal (que nous avons à tenir en horreur) ou de péchés caractérisés (que la Parole condamne), mais de la mesure de notre foi pratique dans les circonstances de la vie chrétienne.
En résumé, si nous avons réellement présenté nos corps à Dieu en sacrifice vivant (12. 1), nous accepterons volontiers un petit sacrifice pour le bien de notre frère.