Le premier paragraphe du chapitre 15 poursuit et conclut le sujet de la liberté chrétienne. L’apôtre élève maintenant nos yeux vers Christ, le parfait modèle.
Les forts doivent porter les infirmités des faibles, sans chercher leur propre intérêt (verset 1). Les faibles ne marchaient pas encore dans la pleine liberté chrétienne et donnaient une importance excessive à certains détails de la vie. Ceux qui étaient plus avancés dans la grâce – les forts – avaient le devoir de supporter leurs frères plus faibles dans un esprit de douceur.
Porter les charges les uns des autres, c’est ainsi accomplir “la loi du Christ” Galates 6. 2. Notre marche individuelle doit contribuer au bien de nos frères, à leur édification. Christ l’a réalisé en perfection. Dans notre faible mesure, nous devons nous appliquer à l’imiter, car : “Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché” 1 Jean 2. 6.
Sans chercher sa propre satisfaction, Christ a supporté avec douceur tous les outrages qui tombaient sur lui ; sans menacer, il s’en remettait à celui qui juge justement1 Pierre 2. 23. Il a si parfaitement manifesté Dieu dans sa vie sur la terre que les insultes des hommes contre Dieu tombaient sur lui. C’est ce que rappelle la citation du Psaume 69, l’un des psaumes messianiques1 qui présentent les souffrances de Christ. Il portait lui-même, tout seul et sans consolateurs, l’opprobre à cause de Dieu, et cet opprobre lui brisait le cœurPsaume 69. 8, 20, 20.
L’apôtre s’appuie sur cette citation des Écritures pour établir le principe important que tout ce qui a été écrit auparavant (c’est-à-dire l’A.T.) l’a été pour notre instruction. Si nous marchons dans la patience, et même dans l’opprobre (si nous sommes fidèles à Christ), nos cœurs sont consolés de la consolation des Écritures. En même temps, celles-ci maintiennent nos consciences en éveil. Tout ce qui est arrivé à Israël et qu’elles nous rapportent a été écrit “pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints” 1 Corinthiens 10. 11.
Le sentier de la foi pour le chrétien fidèle est jalonné d’épreuves diverses, en particulier l’opposition du monde. Christ est avec nous dans ces épreuves ; il veut qu’en lui nous ayons confiance et espérance, dans l’assurance de son amour. Le chemin de l’amour nous conduit alors à servir les autres par amour pour Christ.
Dieu est un Dieu de patience (verset 5). Combien l’homme (et chacun de nous) n’a-t-il pas souvent lassé sa patience, à l’image d’AchazÉsaïe 7. 13 ! Mais Dieu est patient envers tous et envers nous2 Pierre 3. 9. Il est aussi le Dieu de consolation (verset 5), de toute consolation2 Corinthiens 1. 3, qui console les siens dans toutes leurs afflictions.
Objets de la patience de Dieu et des soins de sa grâce consolante, nous devons avoir entre nous un même sentiment selon le Christ Jésus. Dieu seul peut nous donner la capacité d’avoir la même pensée que Christ, le parfait modèle de la patience et de la consolation dans un monde d’injustices et de misères. Des opinions différentes sur des points de marche pratique ne doivent pas empêcher de réaliser “un même sentiment” (verset 5) Philippiens 2. 2. Les croyants cherchent ensemble à imiter le Seigneur dans la patience, l’humilité et l’oubli de soi-même.
Si nous sommes réellement remplis de Christ, nous pourrons alors ensemble glorifier notre Dieu et Père d’un même cœur. La vie collective des rachetés du Seigneur accomplit ainsi ce “service intelligent” (12. 1) pour la gloire de Dieu (verset 6).
Christ nous a reçus, dans sa grâce, à la gloire de Dieu :
Ayant devant nous un tel exemple, nous sommes appelés à nous recevoir maintenant les uns les autres, avec grâce et justice.
Si nous avons à cœur la gloire de Dieu, nous serons gardés de tout esprit sectaire ou de toute tendance laxiste. L’amour selon Dieu est miséricordieux, mais il reste toujours lucide. La miséricorde nous invite à recevoir un croyant faible et ignorant, c’est-à-dire à lui manifester la communion selon les caractères du royaume de Dieu : justice, paix et joie dans l’Esprit Saint (14. 17). La mesure de connaissance d’un frère n’est pas un critère pour le recevoir. Le Seigneur nous invite à faire de même pour les évangélistes : ceux qui “sont sortis pour le nom… nous devons recevoir de tels hommes, afin que nous coopérions avec la vérité” 3 Jean 7, 8. La fidélité à Dieu nous impose, par contre, de ne pas recevoir celui qui n’apporte pas “la doctrine du Christ” 2 Jean 9, 10.
L’apôtre a présenté l’étendue et les limites de la liberté chrétienne, dans laquelle Christ nous a placésGalates 5. 1.
Trois vérités nous ont donc été présentées dans cette partie de l’épître (14. 1 à 15. 7), pour nous guider dans notre vie individuelle ou collective :
En mettant ces vérités en pratique, nous manifesterons déjà sur la terre les vrais caractères moraux du royaume de Dieu : justice, paix et joie, par la puissance du Saint Esprit.
L’apôtre a fondé ses exhortations sur les circonstances de la vie matérielle (les jours, la nourriture, les habitudes de la vie). Les principes moraux importants qu’il développe s’appliquent aussi évidemment à la vie spirituelle des croyants dans ce monde. Par exemple, les moyens employés pour la prédication de la parole de Dieu (l’évangile en particulier) doivent être examinés sous le triple aspect rappelé ci-dessus.
Si nous abandonnons tout esprit de critique ou de mépris les uns à l’égard des autres, nos cœurs et nos bouches seront remplis de louanges envers le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. Nous nous recevrons les uns les autres pour sa gloire, avec amour et dans la lumière. Cette unité pratique des saints sera réalisée si nous jouissons ensemble de la “grâce qui nous a été donnée dans le christ Jésus avant les temps des siècles” 2 Timothée 1. 9.