La condition présente du croyant est provisoire : “Nous avons été sauvés en espérance” (verset 24). Nous avons déjà reçu le salut de l’âme, la paix avec Dieu ; par l’Esprit Saint nous savons que nous sommes enfants de Dieu et nous attendons la délivrance de notre corps. C’est un corps mortel qui porte en lui la trace et les conséquences du péché. De plus, ce corps appartient à la première création et participe à ses souffrances.
Notre ignorance et notre faiblesse sont telles que nous ne savons même pas exposer nos besoins à notre Père – quelle démonstration de notre totale incapacité ! Mais “l’Esprit nous est en aide dans notre faiblesse… l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables”. Le Saint Esprit habite en nous et il agit. D’un côté, il nous aide, il aide notre esprit à discerner et exprimer nos besoins, d’un autre il intercède lui-même sans qu’il soit nécessaire que des paroles soient exprimées. Remarquons l’admirable intimité du lien entre l’Esprit de Dieu en nous et notre esprit : “L’Esprit rend témoignage avec notre esprit” (verset 16) ; ici, Dieu sonde nos cœurs et il ne retient pas le balbutiement de nos paroles, ni l’agitation de nos pensées souvent contradictoires, mais il sait quelle est la pensée de l’Esprit. Et les demandes de l’Esprit sont “selon Dieu”, telles qu’il peut et veut y répondre.
Si nous ne savons pas demander comme il convient, voici quelque chose que nous savons avec une entière certitude. Nous aimons à le répéter parce que tant de croyants y ont de tout temps trouvé un puissant encouragement : “Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos” 1. Toutes choses servent DieuPsaume 119. 91 et nous sommes assurés qu’il veut bénir ses enfants alors qu’il prend connaissance de nos besoins avec tant de sollicitude. Ceux pour qui l’Esprit intercède, ce sont des saints, ceux qui sont tels par l’appel de Dieu (1. 7) ; ils sont devenus enfants de Dieu, objets de sa faveur.
Il a depuis toujours un dessein à leur égard, il s’est proposé de bénir et il le fera sûrementÉsaïe 46. 11. Remarquons qu’il n’est pas dit : « pour le bien de ceux que Dieu aime », bien que ce soit vrai et que l’efficacité soit dans son amour à lui, mais : “de ceux qui aiment Dieu”. Ce sont ses enfants2 ; l’amour de Dieu a été versé dans leurs cœurs par l’Esprit Saint (5. 5) et cela les distingue de tous les hommes que Dieu aime alors qu’ils sont encore dans leurs péchés (5. 8). Non seulement le but de Dieu sera atteint, mais toutes les circonstances présentes opèrent pour amener ce résultat. Alors qu’elles nous paraissent souvent contraires et nous font souffrir, elles travaillent ensemble comme un tout harmonieux dirigé par sa main pour produire le bien qu’il s’est proposé.
On a souvent comparé ce travail divin à une tapisserie d’art sur le métier. Le spectateur ne peut voir qu’un enchevêtrement de fils de toutes couleurs sans que le dessin se distingue nettement, alors que l’artisan voit dans un miroir le dessin qui se forme de l’autre côté. Mais ce n’est que plus tard, lorsque la tapisserie achevée pourra être exposée aux regards, que sa splendeur apparaîtra.
Rappelons encore ces paroles adressées au peuple d’Israël : “Car moi, je connais les pensées que je pense à votre égard, dit l’Éternel, pensées de paix et non de mal, pour vous donner un avenir et une espérance” Jérémie 29. 11. “L’Éternel ton Dieu… t’a fait marcher dans le désert… afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin” Deutéronome 8. 14-16.
L’apôtre a été amené à évoquer le propos de Dieu (verset 28), tout le bien qu’il s’est proposé pour son peuple, et il se trouve conduit à développer ce sujet. En un raccourci saisissant, il déroule devant nous toute l’étendue de ce dessein d’éternité dont il entrevoit déjà l’accomplissement dans la gloire. Pour la foi qui s’appuie avec une entière certitude sur l’amour et la puissance de Dieu, il peut être dit : “Il les a glorifiés” aussi bien que : “Il les a appelés”. Mais considérons de près chacun des maillons de cette merveilleuse chaîne de la grâce toute puissante de Dieu.
“Ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères”. L’apôtre ne parle pas ici de la souveraineté de Dieu dans l’élection, comme il le fait en Éphésiens 1. 4. Il affirme sa parfaite préconnaissance de tous ceux qui auront part à la grâce et veut nous montrer ce que Dieu se proposait pour eux. Il avait un but : les rendre conformes à Christ ; et c’est ce qui s’accomplira. “Quand il sera manifesté, nous lui serons semblables” 1 Jean 3. 2. Mais dès maintenant il travaille pour produire la ressemblance morale2 Corinthiens 3. 18 de tous ses enfants avec le Premier-né. C’est l’école de la terre dont le résultat sera vu en gloire et qui fait partie du dessein divin.
En vérité, les pensées de Dieu sont élevées au-dessus des nôtres comme les cieux le sont au-dessus de la terreÉsaïe 55. 9. Toute la force de l’amour de Dieu apparaît ici. Il se proposait une telle part pour nous (tous les croyants), alors que nous étions encore pécheurs, dans l’état que les premiers chapitres de cette épître nous décrivent. Le moyen de notre salut, c’est la croix de Christ, mais la croix est beaucoup plus que cela. Elle glorifie Dieu d’une telle manière que Dieu peut donner non seulement la grâce, mais aussi la gloirePsaume 84. 12. Et le but de Dieu c’est la gloire de Christ : la grâce fait de nous des êtres qu’il n’a pas honte d’appeler ses frèresHébreux 2. 11 ; sa prééminence brille : il est le premier-né et eux lui sont associés.
“Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés”. Dieu est intervenu dans le temps pour appeler, pour faire sortir de leur condition d’éloignement et d’ignorance de Dieu, ceux qu’il destinait à la gloire avec Christ.
“Ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés” ; nous avons vu de quelle manière cette opération divine s’est réalisée. Il fallait que nous soyons rendus parfaitement propres pour la présence de Dieu. On remarque que, dans cette chaîne divine, tout est présenté comme l’œuvre de Dieu pour nous, sans qu’il soit directement fait mention de la foi ni de son œuvre en nous. C’est que tout repose sur ce que Dieu a opéré selon son dessein.
“Ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés”. L’apôtre peut continuer à s’exprimer au passé, bien que le fait soit encore futur, comme c’est souvent le cas dans le langage prophétique, parce que l’Esprit et l’homme de foi voient la chose comme déjà réalisée : elle l’est puisque sa sûre base a été posée dans la croix de Christ, dans l’œuvre qu’il a achevée.
Quelqu’un dira peut-être : voici en effet une merveilleuse chaîne de bénédictions, mais comment puis-je savoir que j’y ai effectivement part ? Si vous pouvez dire avec le premier verset du chapitre 5 : Ayant donc été justifié sur le principe de la foi, j’ai la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, alors cette place est bien assurée en lui pour le passé, le présent et l’éternité.