Le paragraphe précédent nous présente la vie par l’Esprit et l’heureuse liberté des enfants de Dieu ; il s’achève sur la perspective de la gloire avec Christ. De même, le premier paragraphe du chapitre 5 se termine par l’espérance de la gloire de Dieu pour ceux qui ont été justifiés et entrent dans la faveur de Dieu en Christ. On a pu comparer ces chapitres à une chaîne de montagnes tant les bénédictions qui y sont révélées sont grandes et nombreuses. Les passages dont nous parlons en constituent des sommets qui nous comblent de reconnaissance et de joie.
Mais la vie des croyants est faite aussi de beaucoup d’épreuves et de souffrances. Peu de croyants sans doute en ont connu autant que Paul. Nous en trouvons quelques expressions dans des passages comme : 2 Corinthiens 1. 3-10 ; 4. 7-18 ; 6. 4-10 ; 11. 23-33. C’est la perspective de la gloire qui aidait Paul à traverser ses souffrances sans faiblir et le conduisait à se réjouir, et même à se glorifier en elles (5. 3 ; 8. 18).
Ainsi illuminé par la perspective de ce qui ne se voit pas encore2 Corinthiens 4. 17, 18 ; Éphésiens 1. 18, l’apôtre était saisi par le contraste entre notre condition présente et celle qui sera bientôt. Aucune comparaison n’est possible : maintenant les peines, les souffrances ; dans un moment, la gloire avec le Seigneur. Tous les apôtres étaient occupés de cette pensée1 Pierre 4. 13 ; 1 Jean 3. 2 ; Jacques 1. 12 et nous sommes encouragés à nous en laisser pénétrer.
Il n’y a dans cette attitude aucun stoïcisme qui mépriserait la souffrance et endurcirait le cœur. Aucune tendance à exciter la pitié, ni à exalter la souffrance : seulement des yeux ouverts pour considérer les circonstances du temps présent à la lumière de l’éternité. Cette perspective glorieuse n’empêchait pas Paul d’être en même temps très sensible à toute souffrance et capable de la plus profonde sympathie2 Corinthiens 1. 8-10 ; 2. 4 ; Philippiens 2. 26-28.
La révélation de la gloire, pour ceux qui sont les fils de Dieu, n’est pas pour eux seulement, car toute la création attend cette délivrance. Elle n’est pas dans l’état où l’avait placée son créateur, mais elle souffre des conséquences du péché. La création n’a pas de volonté, donc ne peut être désobéissante. Mais la désobéissance de l’homme a eu pour conséquence de la soumettre à la vanité, à ce qui ne correspond pas au dessein du Créateur, spécialement pour tout ce qui est animéGenèse 2. 15, 20 ; 9. 2-4.
La création devra elle aussi être délivrée du joug de la corruption, mais elle ne peut l’être avant que les enfants de Dieu ne soient entrés dans la gloire, dans les pleins résultats de l’œuvre de Christ. Nous jouissons déjà de la liberté de la grâce, mais la création ne peut y avoir part : c’est “un salut d’âmes” 1 Pierre 1. 9. Elle entrera dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Plusieurs passages prophétiques nous en présentent le magnifique tableauÉsaïe 11. 6-10 ; 65. 18-25.
Nous serons ainsi gardés de penser que le monde actuel est le domaine où l’on doit faire tous ses efforts pour en faire un lieu agréable. C’était la pensée de Caïn et de sa descendanceGenèse 4. 20-22, mais “ce n’est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure qui amène la ruine” Michée 2. 10. Toute la création, dont nos corps font partie, attend la délivrance, soupire et souffre (l’expression “est en travail” évoque les souffrances de l’accouchement). Combien plus ceux en qui l’Esprit de Dieu habite ! Leurs corps souffrent encore sous les conséquences du péché alors que leurs âmes en ont été délivrées. Ils attendent en pleine connaissance de cause, et avec désir, les yeux du cœur étant éclairésÉphésiens 1. 18, la délivrance de leur corps, l’héritage, la gloire. L’expression “les prémices de l’Esprit” ne signifie pas que nous l’avons reçu seulement en partie, mais que le don de l’Esprit Saint, pour habiter dans les croyants, est le premier des fruits abondants qui découlent de la glorification de Christ après sa mort et sa résurrection. D’autres conséquences glorieuses suivront, en particulier la résurrection de nos corps, et notre réunion avec Christ en haut pour avoir part avec lui à l’héritage. L’Esprit Saint est aussi appelé : “les arrhes de notre héritage” Éphésiens 1. 14. De plus, après avoir été donné à la Pentecôte, l’Esprit Saint sera de nouveau répandu comme la pluie de la dernière saison pour la bénédiction millénaire.
Nous avons déjà reçu le salut de nos âmes, le pardon de nos péchés, nous avons aussi le Saint Esprit comme arrhes de notre héritage et “nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire” Philippiens 3. 20, 21. Notre condition présente est caractérisée par l’espérance, car nous n’avons pas encore reçu tout ce qui a été promis, mais il n’y a aucune incertitude dans cette attente : nous l’attendons avec patience, la “patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ” 1 Thessaloniciens 1. 3. Notre foi s’attache à lui et repose sur son œuvre accomplie. Christ est en nous l’espérance de la gloireCol 1. 27.
La question posée au verset 24 : “Ce que quelqu’un voit, pourquoi aussi l’espère-t-il ?” sous-entend que l’espérance a une valeur particulière. C’est la part de la foi. “Or la foi est l’assurance des choses qu’on espère et la conviction de celles qu’on ne voit pas” Hébreux 11. 1. Le jour viendra où la foi sera changée en vue : quand Christ régnera, tous les hommes jouiront des heureux effets de la justice et de la paix, mais ils ne le connaîtront pas d’aussi près que ceux qui auront cru en lui pendant son absence. “Bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru” Jean 20. 29.