C’est le dernier psaume alphabétique1. David ne fait ici que tenir la plume, car derrière son nom nous discernons le Messie au matin de son règne.
Ce très beau cantique est le seul, avec le Psaume 72, à nous transporter prophétiquement dans l’activité, la joie et la gloire du règne lui-même. Épreuves et combats ont pris fin ; désormais les psaumes qui suivront nous maintiendront dans cette atmosphère de louanges. Le cantique est ici chanté par Christ homme, chef du royaume ; il est adressé à Dieu, le “roi” suprême (verset 1), puis repris par les saints (le résidu juif, verset 10) qui l’enseignent à tous les peuples (verset 12) et même à toute chair (verset 21). Les œuvres de création s’associent également à cette louange (verset 10). On retrouve là les cercles d’adoration des versets 22 à 31 du Psaume 22.
Trois sujets de louange donnent la structure du psaume : Exaltation du Dieu souverain (versets 1-7), du Dieu de grâce et de bonté (versets 8-12), du Dieu de compassion (versets 13-21).
Le premier chant de louange célèbre la grandeur de Dieu dans sa personne et dans ses œuvres. Sous le règne du Messie, cette louange est continuelle (chaque jour) et n’aura pas de fin (à perpétuité). Une génération célèbre cette grandeur devant celle qui la suit, pour l’enseigner et l’encourager à joindre sa propre voix à ce concert.
Le psalmiste avait déjà annoncé : “Ils viendront et raconteront sa justice à un peuple qui naîtra… qu’il a fait ces choses” Psaume 22. 32, mais la plus grande œuvre de Dieu est celle de la rédemptionPsaume 22. 2-22. Moment inoubliable quand, devant leurs enfants, les parents “feront jaillir la mémoire de ta grande bonté” (verset 7) ! Ce sera la réponse à la question du prophète : “Et sa génération, qui la racontera ?” Ésaïe 53. 8 Générations spirituelles, fruits de l’œuvre du Calvaire, elles se lèveront ensemble pour chanter, depuis la terre, la valeur infinie du don du Dieu sauveur et sa justice (verset 7) dans l’exaltation du Messie.
Chrétiens, pensons aussi à la joie du Seigneur quand, dimanche après dimanche, frères et sœurs, parents et enfants, réunis en assemblée autour de Christ, chantent tous ensemble l’œuvre de la croix.
Voilà un second thème de louange : “L’Éternel, plein de grâce et miséricordieux, lent à la colère, et grand en bonté” (verset 8). Il s’était déjà révélé tel dans plusieurs périodes de la vie d’Israël : à Moïse, un conducteur du peupleExode 34. 6, à un résidu rétabliNéhémie 9. 17 dans son héritage, à des prophètesJoël 2. 13 ; Jonas 4. 2. David, lui aussi, s’était plu aussi à rappeler ces caractères de DieuPsaume 86. 15 ; 103. 8, ayant éprouvé lui-même que souvent, lorsqu’un châtiment divin paraissait mérité et inexorable, un rayon de grâce avait brillé : après la confession du péché commis, le jugement avait été suspendu.
Maintenant que les calamités sont passées, Israël célèbre les sentiments invariables du cœur de Dieu envers un peuple qu’il a mis à part et qu’il a aimé, malgré toutes ses chutes. Les hommes pieux (les saints, verset 10) bénissent l’Éternel pour avoir eu tant de patience et tant de bonté envers chacun (verset 9). Ils révèlent à tous les hommes (verset 12) le Dieu qui a pris son peuple en charge avec puissance et bonté.
Comme aux versets 1 à 6 du Psaume 19, les œuvres de création s’associent à cette louange (verset 10). Pour elles a pris fin le temps des soupirs, quand la création était “assujettie à la vanité”, dans “la servitude de la corruption” Romains 8. 20-22 ; même sans paroles, “leur voix est entendue” sur toute la terre.
C’est un troisième thème de louange. Le règne de justice et de paix (déjà goûté pour un petit moment au temps de Salomon), laisse entrevoir désormais une ère de bonheur et de repos, chacun sous sa vigne et sous son figuier1 Rois 4. 25 ; Michée 4. 4.
Mais le cantique que l’on y chante entretient le souvenir de multiples circonstances du passé où l’Éternel s’est montré un Dieu bon, juste, plein de compassion ; sa sollicitude à l’égard de chacun ne change pas pendant le règne de Christ, pour que la joie demeure :
De tels soins pastoraux s’étaient déjà déployés quand Jésus avait nourri des foules, guéri des malades, annoncé l’évangile aux pauvresMatthieu 11. 5. Israël ayant rejeté son Messie, le royaume de Dieu avait dû être remis à plus tard.
Ces thèmes infiniment variés de louange et de reconnaissance envers Dieu alimenteront la joie du royaume terrestre. Ils monteront dans un cantique toujours nouveau, de la terre vers le sanctuaire céleste de Dieu. Sans se lasser, chaque fidèle chantera, comme ici David : “Ma bouche dira la louange de l’Éternel ; et que toute chair bénisse son saint nom, à toujours et à perpétuité” (verset 21).
Et ce cantique, chanté depuis la terre, se joindra à celui que chanteront les rachetés dans la sphère céleste du royaume ; les deux se fondront dans une même harmonie et une même adoration, à la gloire de notre grand Dieu sauveur.