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Comme au Psaume 140, on peut voir dans les profonds exercices de cœur de David poursuivi par Saül1 Samuel 24 et 26, la raison de cette prière. Le résidu futur traversant les mêmes exercices, sera, lui aussi, poussé à demander à Dieu de le garder, en paroles et en actes, de toute compromission avec les apostats révélés au psaume précédent.
Le fidèle connaît un combat intérieur intense, car il se sent confronté à un sérieux danger. Nous ne savons pas encore quel est ce danger. Mais, avant toutes choses, cet homme pieux se tourne vers Dieu, sa seule ressource, et lui demande : “Hâte-toi vers moi. Prête l’oreille à ma voix”. Ce n’est pas : « Délivre-moi ! » mais plutôt : « Accueille ma requête »,
Ce juste sait bien que le poids de l’épreuve peut conduire à des paroles inconsidérées et à l’explosion de sentiments de révolte. Il redouterait, en agissant ainsi, de s’associer aux ouvriers d’iniquité. Les lèvres expriment les sentiments du cœur : “De l’abondance du cœur, la bouche parle” Matthieu 12. 34 ; elles révèlent bien vite ce qui remplit ce cœurJacques 3. 1-12. C’est pourquoi l’homme pieux demande instamment à Dieu de garder ses lèvres de parler de façon inacceptableJob 1. 22 ; 2. 10 ; 42. 7, 8 et son cœur d’être entraîné dans les voies perverses et les séductions (délices) des méchants.
Dans l’intégrité de son cœur, le psalmiste reconnaît qu’il a pu mériter d’être repris ou même frappé ; l’être par un homme juste est une faveur, voire une bénédiction (une huile excellente) selon que “les blessures faites par un ami sont fidèles” Proverbes 27. 6 ; elles n’entraînent aucune blessure d’amour-propre. David, repris avec sagesse et intelligence par Abigaïl1 Samuel 25. 23-31, fut détourné d’une basse vengeance ; cette noble femme fut pour lui une vraie messagère placée par Dieu sur son chemin.
Après cette expérience formative, le fidèle est enseigné à user de grâce : des membres du peuple de Dieu pourraient être entraînés par des chefs (ou des juges) dans de mauvaises voies1 ; ils pourraient même s’associer à ceux qui persécutent l’homme pieux ; que fera celui-ci ? Il usera de sa seule arme, la prière, pour demander à Dieu d’en avoir pitié à l’heure de leurs calamités. Peut-être reconnaîtront-ils alors les sentiments réels de celui qui a intercédé pour eux. Ainsi agit David à l’égard de Saül1 Samuel 24. 6-8 et plus tard Jésus, en faveur de l’esclave du souverain sacrificateurLuc 22. 50, 51. Mais, ajoute l’homme fidèle, que l’orgueil des responsables soit brisé !
Déjà David et sa petite troupe, poursuivis par Saül, avaient vécu des moments de tourmente ; ces versets nous font entrer plus profondément dans leur angoisse. Que dire de ce que connaîtra le résidu de Juda persécuté, bien souvent jusqu’au martyre, pendant la grande tribulation ? Nous trouvons ici, et au Psaume 79, des expressions si poignantes qu’elles ne peuvent nous laisser indifférents.
Souvenons-nous qu’il en était ainsi pour l’apôtre Paul et ses compagnons quand il écrivait : “Dieu nous a produits… nous les apôtres, comme des gens voués à la mort” 1 Corinthiens 4. 9, ou encore : “nous avions en nous-mêmes la sentence de mort” 2 Corinthiens 1. 9. Tels furent souvent les combats intérieurs de chrétiens persécutés pour leur foi, jusqu’à laisser leur vie.
Ce psaume s’achève par d’instantes supplications :
Un jour, sur une croix, à côté de Jésus, un malfaiteur repentant, saisi par l’amour et la grandeur du divin supplicié, lui demanda : “Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume”. C’était la même expression de foi que celle de ce fidèle.
Quant au sort des méchants, la providence divine s’en chargera (verset 10).
Ce psaume nous a présenté un tableau saisissant d’un homme au cœur intègre plongé dans une détresse humainement insoutenable ; il trouve en Dieu, et en lui seul, les ressources qui lui permettent de tout endurer sans déshonorer celui en qui il se confie entièrement. C’est une leçon encourageante pour ceux qui, dans une grande épreuve, risqueraient de s’abandonner au désespoir.