Le fidèle de ce psaume est sous le châtiment que méritait son péché. Il l’a confessé devant Dieu, mais en subit la juste peine. Ses ennemis se font ses accusateurs malgré sa recherche du bien depuis la confession de sa faute. Devant eux, il se tait, et remet sa cause à Dieu qui juge justement1.
La gravité des péchés commis par ce fidèle l’accable et produit en lui deux types de souffrances :
Tout cela constitue un pesant fardeau.
Mais il y a quelqu’un qui comprend cette souffrance : “Seigneur ! tout mon désir est devant toi, et mon gémissement ne t’est point caché.” (verset 10). Voilà un puissant réconfort ; Dieu écoute, Dieu comprend. Il reproche même le silence d’un homme éprouvé : “Ils n’ont pas crié à moi dans leur cœur, quand ils ont hurlé sur leur lit” Osée 7. 14. Les gémissements, les soupirs sont souvent ce qu’il y a de plus vrai et Dieu ne les laisse pas sans réponseExode 2. 24 ; Jean 11. 33-35 ; Romains 8. 26 ; 2 Corinthiens 5. 4.
À l’épreuve personnelle, acceptée comme un juste châtiment de Dieu, vient s’ajouter l’amertume d’être haï sans cause par des adversaires remplis d’orgueil. Mais devant eux, cet affligé reste muet : l’Éternel répondra pour lui2.
Ce psaume est d’une grande instruction : ce fidèle a péché ; il est placé sous le châtiment de Dieu ; mais son cœur est intègre : il confesse le mal et l’abandonne ; désormais, il poursuit le bien et se confie dans la grâce de Dieu qui le restaurera entièrement et s’occupera lui-même des adversaires.
Quand les rapports entre l’âme et Dieu sont en ordre, l’épreuve devient source de sanctification. De plus, la relation de Père à enfant que Dieu a établie avec le chrétien donne un sentiment plus profond des compassions et de la tendresse divines.
Les circonstances extérieures sont encore celles du psaume précédent. David se tait devant ses adversaires malgré l’effort intérieur que cela lui demande. Il accepte la main divine qui pèse sur lui, dans la confiance que l’épreuve prendra fin. Il demande enfin à son Dieu de lui accorder secours, force et fidélité jusqu’au terme de son chemin.
Le fidèle ressent un feu intérieur dans son cœur ; malgré cela, pour ne pas pécher, il refuse d’accuser ses adversaires ou de murmurer. Il s’en remet à Dieu qui seul peut lui faire prendre conscience de la brièveté de ses jours et de la vanité de l’agitation de l’homme.
Le croyant se tient maintenant devant Dieu ; son attente est dans le “Seigneur” : lui peut le délivrer de tout mal, le sauver des mains de l’insensé ; lui guérira la plaie qui le ronge (comme une teigne qui parasite tout le corps) et consume ses forces, sa santé, sa beauté.
Quel travail de conscience et de cœur pour en arriver à dire : “je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait” (verset 10) ! Hébreux 12. 6 précisera que c’est celui que le Seigneur aime qu’il discipline. Tel est le rôle de la discipline formative du Père vis-à-vis de ses fils.
La prière se fait ardente, elle s’accompagne de cris et de larmes ; mais, d’une manière très belle, le psalmiste justifie sa requête : son nom n’est-il pas inscrit dans la lignée des pères qui ont été des hommes de foi ? Comme Abraham autrefois, il sait qu’il n’est qu’un “étranger” ici-bas, mais “un hôte” chez Dieu. Comme Moïse, il a aussi conscience que le Seigneur reste la demeure des siens “de génération en génération” Psaume 90. 1.
Sans doute la demande du psalmiste est-elle liée à une délivrance terrestre (verset 14), mais nous ne pouvons douter que la force que ce croyant voudrait retrouver “avant que je m’en aille” serait consacrée à proclamer la fidélité de Dieu en qui il met toute sa confiance.