Les chapitres 24 à 27 de 1 Samuel aident à comprendre les circonstances qui ont poussé David à écrire ce psaume. Ce roi, choisi par Dieu lui-même, est traqué par Saül, abandonné par son ami Jonathan, trahi par d’autres. Il ne cherche pas à se faire justice ou à se venger lui-même, mais s’attend à l’Éternel qui seul peut le délivrer. A deux reprises, il épargne même la vie de Saül, dans la conviction que “l’Éternel jugera entre moi et toi, et l’Éternel me vengera de toi” 1 Samuel 24. 13.
Ce psaume rapporte donc les sentiments de David dans cette terrible épreuve. On y trouve trois prières successives qui s’achèvent chacune par un chant de reconnaissance à Dieu.
À la lecture de maints versets, on pense aux circonstances vécues par Christ ; on a même pu écrire qu’on trouve dans ce psaume une méditation silencieuse de Jésus quand il comparaissait devant Pilate.
Ce juste est persécuté par des ennemis impitoyables et perfides. Il sent qu’il va être englouti, c’est pourquoi il crie à son Dieu pour qu’il le libère d’une oppression injustifiée.
Il ne veut pas se faire justice lui-même, mais il supplie l’Éternel d’envoyer son ange pour chasser et poursuivre les méchants qui l’assaillent (versets 5, 6). Les fidèles des temps anciens (tel David) et des temps à venir (tel le résidu) savent que la coexistence des justes et des méchants n’est pas pour toujours. Il en est de même aujourd’hui des enfants de Dieu confrontés aux incrédules. Mais en attendant l’heure de Dieu en délivrance, tous ces croyants sont invités à endurer l’épreuve avec patienceJacques 5. 11.
Cette première prière s’achève par la joie du salut que l’âme entrevoit déjà. Au Psaume 34. 21 “les os” du juste (ce qui le maintient debout) avaient été gardés dans de semblables épreuves ; ici, après la délivrance, ces “os” louent le Dieu qui les a sauvés (verset 10).
Ce juste avait usé de beaucoup de grâce et d’amour envers ceux qui sont devenus ses ennemis. Il avait compati à leurs peines comme un frère (versets 13, 14). Il avait montré une patience infatigable. Et le voilà payé d’ingratitude.
Si David l’a ressenti douloureusement, combien plus notre Seigneur !
Une remarque encore :
Cette troisième prière se fait très ardente, car les ennemis se montrent cruels, implacables et pervers. Ils se réjouissent de voir souffrir le juste. À leur “Ha ha ! notre œil l’a vu… ha ha ! … nous l’avons englouti” (versets 21 et 25) répond le cri de cet innocent s’adressant à son Dieu : “Tu l’as vu, Éternel ! ne garde pas le silence…” (verset 22). L’Éternel voit aussi ce déchaînement d’une haine injustifiée. Il fera droit à l’opprimé.
Le Seigneur éprouvera les mêmes sentiments quand il dira : “Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père. Mais c’est afin que fût accomplie la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause.” (cit. du verset 19) Jean 15. 24, 25.
Plus tard, comme son propre Maître, l’apôtre Paul ne sera pas épargné : “sous les coups excessivement, dans les prisons surabondamment, dans les morts souvent… lapidé… dans les périls…” 2 Corinthiens 11. 23-26. Il pourra affirmer : “J’ai appris a être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. Je sais être abaissé… Je puis toutes choses en celui qui me fortifie” Philippiens 4. 11-13. Aussi, à la fin d’exercices aussi éprouvants (comme pour notre Seigneur, qui a méprisé la honte à cause de la joie qui était devant lui), tout s’achève-t-il par la louange : “Ma langue redira ta justice, ta louange, tout le jour” (verset 28). “Je me suis grandement réjoui dans le Seigneur” ajoutera encore Paul à ses frères de Philippes qu’il aime tantPhilippiens 4. 10.