Le livre des Lamentations de Jérémie se déroule au moment de la destruction de Jérusalem par l’armée de Nebucadnetsar, roi de Babylone. Il ne décrit pas les ruines de la ville pillée, il dépeint la douleur intense des habitants de Jérusalem terrassés par la violence de l’envahisseur, frappés dans leurs affections les plus profondes. Il nous fait assister au travail de cœur et de conscience par lequel doivent passer ceux qui, à travers une détresse sans précédent, seront conduits vers l’espérance du relèvement. La restauration finale de Jérusalem n’y est pas promise, comme elle l’est dans d’autres passages prophétiquesPsaume 147. 2 ; Zacharie 2. 4. On y entend l’ardent plaidoyer de ceux qui ont appris à connaître et à partager l’affection du Dieu d’Israël pour la ville où il a mis pour toujours la mémoire de son nom.
Dans les deux premiers chapitres et une partie du chapitre 4, c’est Jérusalem qui parle, ou dont on parle, personnifiée par une femme en détresse, qui expose la profondeur de son affliction. Au chapitre 3, dès les premiers mots, se présente l’homme qui est entré jusqu’au fond de cette affliction : c’est le prophète Jérémie. Pendant 40 ans, il avait averti le peuple rebelle et l’avait pressé de revenir vers l’Éternel avant qu’il ne soit trop tard pour que le jugement soit écarté. Jérusalem et ses habitants ressentaient profondément les douleurs infligées par l’ennemi, tout en reconnaissant que cela venait de l’Éternel. Lui a porté seul toute cette douleur comme un châtiment pénétrant son âme, directement infligé par un Dieu justement courroucé contre son peuple rebelle. En cela Jérémie est un type de Christ qui a traversé ces souffrances d’une façon parfaite et beaucoup plus complète :
Le livre des Lamentations n’est pas le texte des « Lamentations sur Josias » que Jérémie a composé après la mort de ce roi2 Chroniques 35. 25. C’est la destruction de Jérusalem par les Chaldéens qui en est le sujet. Les jugements de l’Éternel avaient frappé les dix tribus tombées dans l’idolâtrie, puis Juda et ses rois, mais ils avaient maintenant atteint Jérusalem et son temple, le centre même du culte du vrai Dieu et de l’existence d’Israël. Puisque l’Éternel détruisait ce qu’il avait lui-même établi, on comprend la détresse sans borne de ceux qui s’attachaient de tout leur cœur à ses promesses de bénédictions pour son peuple. Cette détresse les poussait à la repentance pour implorer les compassions de l’Éternel et espérer en lui contre toute espérance. Même si Dieu se tait, il ne peut pas rester indifférent aux souffrances des siens : “Son âme fut en peine de la misère d’Israël” Juges 10. 16. Si, d’une part, Jérémie est un type de Christ, d’autre part, il représente personnellement le résidu juif de la fin, qui, en intégrité de cœur, confessera les péchés du peuple et, au travers de la grande tribulation finale, attendra la délivrance d’en haut.
La forme littéraire des Lamentations appelle quelques remarques supplémentaires. Elles sont composées de cinq complaintes distinctes qui forment les cinq chapitres. Les chapitres 1, 2 et 4 comportent chacun 22 versets dont la lettre hébraïque initiale suit l’ordre alphabétique. Le chapitre 3, au centre du livre, a une disposition analogue, mais se compose de 22 groupes de 3 versets, chacun de ces 3 versets commençant par la même lettre hébraïque, dans l’ordre alphabétique. Cependant, aux chapitres 2, 3 et 4, les lettres qui occupent les rangs 16 et 17 sont permutées. Le chapitre 5 a aussi 22 versets, mais ne suit pas l’ordre alphabétique.