“Retournons en Égypte !” C’était le cri du peuple chaque fois qu’il se trouvait en difficultéNombres 14. 3, 4 ; Actes 7. 39. Ici, ceux qui étaient de reste après les terribles événements rapportés dans le chapitre précédent viennent, avec Jokhanan et Jezania à leur tête, lui demander de prier pour eux : “Que l’Éternel, ton Dieu, nous montre le chemin par lequel nous devons marcher, et ce que nous devons faire” (verset 3). Tout cela semble porter la marque de la piétéMatthieu 15. 7-9. Ils semblent interroger la bouche de l’ÉternelÉsaïe 30. 2. Mais ils ont déjà pris leur décision (41. 17). Que nos cœurs sont trompeurs par-dessus tout, et incurables ! (17. 9). Avons-nous, parfois, essayé de tromper des serviteurs de Dieu, par des prières pieuses et des promesses ?
Dans sa réponse, Jérémie leur rappelle que son Dieu était aussi le leur. Il promet de chercher la volonté divine : “Je prierai l’Éternel, votre Dieu, selon vos paroles ; et il arrivera que, tout ce que l’Éternel vous répondra, je vous le déclarerai : je ne vous cacherai rien” (verset 4) 1 Samuel 3. 18 ; Actes 20. 20.
Ils s’engagent, méconnaissant la perversité de leurs cœurs : “L’Éternel soit entre nous un témoin véritable et fidèle… Soit bien, soit mal, nous écouterons la voix de l’Éternel notre Dieu… afin qu’il nous arrive du bien” (versets 5, 6). Mais cette confiance présomptueuse trahit le fait que, déjà ici, leur propre volonté est en action ! N’entendons-nous pas parfois : « Citez-nous un verset indiscutable et nous nous soumettrons » ?
Elle est donnée à Jérémie, dix jours plus tard. Pourquoi cette attente ? Dieu met à l’épreuve notre confiance en lui. Si notre prière n’est pas celle de la foi, nous ne tarderons pas à chercher par nous-mêmes, une solution à nos difficultés. Ce délai aurait pu leur être utile pour qu’ils se rendent compte de l’hypocrisie de leur démarche !
Jérémie attend, sans donner son opinion, jusqu’à ce qu’il reçoive le message de Dieu : “Si vous continuez à habiter dans ce pays, je vous bâtirai, et je ne vous renverserai pas, et je vous planterai” (verset 10). Mais s’ils se rendent en Égypte, en n’écoutant pas sa voix, sa colère demeurera sur eux et son jugement les frappera (versets 13-16).
Ils pensaient devoir se protéger des Chaldéens en s’abritant dans la lointaine et puissante Égypte. Mais Dieu dirige tout et connaît tout à l’avance. Il vaut mieux se fier à lui que de juger d’après les apparences. Marcher par la foi est plus difficile, mais c’est le seul chemin réellement sûr.
Au verset 18, une parole sérieuse nous frappe : “Vous ne verrez plus ce lieu”. Combien il est difficile (et rare…), après avoir délibérément quitté le lieu de la bénédiction, d’y revenir par la suite !
Et Jérémie va jusqu’à leur dire : “Vous vous êtes séduits vous-mêmes” (verset 20 ; 17. 9). N’avaient-ils pas dit : “Tout ce que l’Éternel, notre Dieu, dira, ainsi déclare-nous, et nous le ferons” (verset 20) Exode 24. 3 ? Un serviteur de Dieu a écrit : « Rien n’aveugle et n’empêche de recevoir la vérité comme la volonté propre. Elle ne voit pas ce qu’elle ne veut pas voir. »
Ils n’étaient pas disposés à écouter. Aussi, Dieu leur fait dire : “Et maintenant, sachez certainement que vous mourrez par l’épée, par la famine, et par la peste, dans le lieu où vous avez désiré d’aller pour y séjourner”. Osée nous donne la tragique conclusion de cette désobéissance : “Ils s’en sont allés à cause de la dévastation : l’Égypte les rassemblera, Moph les enterrera” Osée 9. 6. On a pu écrire : « Faire un pas dans la mauvaise direction pour essayer d’échapper aux difficultés est la manière la plus sûre de nous les faire rencontrer ! »
A peine le prophète a-t-il achevé de dire à tout le peuple toutes les paroles de l’Éternel, que les chefs et tous les hommes orgueilleux lui font des reproches injustifiés. “C’est un mensonge”, déclarent-ils, et ils affirment que c’est Baruc, fils de Nérija, qui l’incite contre eux (verset 3). Pire encore, ils disent : “L’Éternel, notre Dieu, ne t’a pas envoyé pour nous dire” … Ils disaient pourtant que l’Éternel l’enverrait vers eux, et qu’eux l’envoyaient vers l’Éternel (42. 5, 6) !
La seule place de sûreté, c’est l’obéissance à la parole de Dieu. Or, ils refusent d’écouter sa voix et de rester dans le pays.
Prenant avec eux le reste du peuple1, sans oublier Jérémie et Baruc, ils les emmènent vers l’Égypte et s’arrêtent à Takhpanès, qui se trouve au nord-est sur la route qui mène de la Palestine vers l’Égypte. Ils y resteront jusqu’à ce qu’ils obtiennent la permission de séjourner en Égypte. Quelle désobéissance de la part de Jokhanan au commandement de Deutéronome 17. 16 ! Et la désobéissance d’un chef a de sévères conséquences pour ceux qu’il conduit.
Jérémie reçoit de Dieu l’ordre de prendre de grosses pierres et de les cacher dans l’argile, dans le four à briques qui est à l’entrée de la maison du Pharaon à Takhpanès, sous les yeux des Juifs. C’était un acte symbolique. C’est à cet endroit que Nebucadnetsar placera son trône, lors de son invasion2, ce qui amènera la mort et la destruction pour l’Égypte (verset 11). Il brûlera aussi les temples d’idoles. Il brisera les stèles de Beth-Shémesh, nom qui signifie : “la maison du soleil”. Jérémie compare toute cette action destructrice de Nebucadnetsar à l’aisance avec laquelle un berger se revêt de son vêtement (verset 12). Rien ne pourra lui faire obstacle puisque l’Éternel l’a envoyé pour exécuter ce jugement (verset 10).