Ce n’est pas une contrition superficielle et passagère qui pourrait arrêter le châtiment déjà annoncé. Il faut une vraie repentance, un vrai retour du cœur vers Dieu.
Bien des motifs peuvent engager ceux qui se sont éloignés à revenir, peut-être même les y contraindre : le regret des bénédictions passées, l’affliction, la dureté des nouveaux maîtres… Dieu s’en sert pour arrêter, mais ce n’est pas suffisant. “Si tu reviens, reviens à moi”. Dans la parabole du fils prodigue en Luc 15, celui-ci a été arrêté par son extrême pénurie : “Je péris ici de faim”, mais le travail de cœur ne s’est pas limité à cela et a produit la repentance : “Je m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi”. Combien de fois, en constatant avec amertume que son chemin est sans issue, quelqu’un cherche à changer de direction plutôt qu’à revenir vraiment vers Dieu. C’est ce que Juda avait souvent fait en cherchant du secours auprès d’une nation contre une autre. Déjà il lui a été dit : “Pourquoi te donnes-tu tant de mouvement pour changer de chemin ? Tu auras honte aussi de l’Égypte, comme tu as eu honte de l’Assyrie” (2. 36).
Maintenant le chemin est clairement tracé : “Défrichez pour vous un terrain neuf, et ne semez pas au milieu des épines” (verset 3). Le labourage est nécessaireOsée 10. 12. Il faut que le cœur soit mis à nu devant Dieu et que, désormais, les tendances naturelles qui l’ont égaré soient reconnues, jugées et tenues dans la mort. C’est la vraie
Le destructeur s’est mis en route… “ses chars sont comme un tourbillon” (verset 13). L’endurcissement du peuple est tel que, sans attendre la réponse au dernier appel, l’Éternel annonce la venue imminente du destructeur et invite à se lamenter en se ceignant de sacs. Sera-t-il temps encore pour détourner l’ardeur de la colère de l’Éternel ? L’heure n’est plus celle des châtiments “pour vanner et pour purifier” ; c’est la destruction qui va atteindre Jérusalem.
Peut-être y a-t-il encore un espoir ? Jérusalem entendra-t-elle ce dernier appel : “Lave ton cœur de l’iniquité, Jérusalem, afin que tu sois sauvée !” (verset 14). Mais déjà les assaillants sont prêts à envahir les villes de Juda (verset 16) !
Le destructeur vient du nord (verset 6). Il n’est pas encore nommé, il le sera plus tard quand le refus des appels à la repentance aura rendu inévitable et imminente l’exécution du jugement. C’est le roi de Babylone (20. 4).
En présence de la folie du peuple qui refuse jusqu’au bout de prêter l’oreille aux avertissements, la douleur du prophète éclate en termes pathétiques. L’Éternel se sert de la sensibilité du cœur de Jérémie, profondément attaché à son peuple, pour faire comprendre un peu la douleur qui est la sienne lorsqu’il est obligé de le frapper ainsi. Pour décrire le spectacle de désolation qui résulte de l’intervention de l’ennemi pour balayer le peuple de dessus sa terre, l’Esprit de Dieu emploie l’expression qui décrit l’état de la terre en Genèse 1. 2 : “désolation et vide”, en hébreu “tohu bohu”. Ésaïe nous dit que l’Éternel “ne l’a pas créée pour être vide” Ésaïe 45. 18, pas plus qu’il n’avait introduit Israël en Canaan pour qu’il en soit chassé. Pourtant, tel est le résultat de la folle rébellion de la créature.
Devant ce désastre, et tout en confirmant qu’il ne reviendra pas sur sa décision, l’Éternel annonce qu’il ne détruira pas entièrement le pays. Cette mention laisse la porte ouverte à l’espérance, pour la foi, en face de la dévastation prochaine. Ce n’est pas en vain que tant d’avertissements sont répétés puisque quelques-uns y seront attentifs.
Sous la discipline de Dieu, nous courons le danger de la mépriser ou de nous laisser décourager. Mais elle porte du fruit pour “ceux qui sont exercés par elle” Hébreux 12. 5, 6, 11.