L’homme ne pouvait s’approcher librement de Dieu que sur une nouvelle base, puisque le judaïsme avait prouvé son inefficacité (7. 18, 19). Il fallait un nouveau souverain sacrificateur (chapitre 5-7), une nouvelle et meilleure alliance (chapitre 8), un meilleur sanctuaire (chapitre 9), une nouvelle et meilleure offrande (chapitre 10). Déjà, la perfection du sacrifice de Christ avait été mise en évidence au chapitre 9, mais l’auteur en développe le thème pour exalter la gloire de celui qui s’est présenté comme le sacrifice parfait, dans sa nature et dans ses résultats pour ses bénéficiaires.
Le péché empêche l’homme de s’approcher de Dieu. Et aucune religion ne peut résoudre ce problème. L’homme est pécheur par nature. Par ses choix, il démontre sa nature pécheresse. Quelqu’un a dit : « Nous ne sommes pas pécheurs parce que nous péchons. Nous péchons parce que nous sommes pécheurs ». Pour que l’homme ait une conscience parfaite et pure, qui ne puisse plus être sous la condamnation de Dieu, il doit être purifié par un sacrifice parfait, accompli une fois pour toutes. Au chapitre 10 nous sommes entrés dans la gloire de la présence de Dieu.
Le verset 1 est un constat d’échec et la démonstration que la loi1, base de l’ancienne alliance, ne peut donner accès à Dieu. La loi n’était que “l’ombre des biens à venir”, car, par elle, les hommes ne pouvaient avoir qu’une perception limitée de la volonté de Dieu qui veut que tous les hommes s’approchent de lui. Sous l’ancienne alliance, seuls quelques sacrificateurs le pouvaient. La loi n’était donc pas une image fidèle de la nouvelle période, celle de la vie de la foi. Une photo représente, point par point, la réalité. Lorsqu’il s’agit de similitudes entre les deux époques, l’auteur parle de figures ou d’images. Quand il s’agit de contrastes, ce qui est le cas ici, quand brillent la personne et l’œuvre de Christ, il parle d’ombres.
Les sacrifices d’animaux n’ont pu “rendre parfaits ceux qui s’approchent”. Leur répétition, jour après jour, année après année, ne réglait pas la question. C’est la nature de ces sacrifices qui les rendaient inférieurs, et d’une efficacité réduite.
Le verset 2 établit que lorsque le but recherché est atteint, il n’est plus besoin d’autres moyens pour l’atteindre. Ceux qui rendaient culte ont continué de se sentir coupables et n’ont jamais eu le témoignage intérieur d’un pardon total de Dieu.
Ainsi, au “jour des expiations”, quand le souverain sacrificateur faisait aspersion du sang sur le propitiatoire dans le lieu très saint, les péchés étaient couverts pour une année de plus. Cet acte rappelait au peuple ses péchés dont on ne pouvait obtenir le pardon définitif (verset 3). Il se faisait donc sentir le besoin impérieux d’un meilleur sacrifice qui effaçait éternellement les péchés. Seul le sacrifice du Fils de Dieu l’a fait mais “il est impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte les péchés” (verset 4).
L’affirmation “il lui sera pardonné”, retrouvée à plusieurs reprises en Lévitique 4, 5 et 16 semble contredire ce que nous venons de dire, à savoir que les sacrifices d’animaux ne peuvent apporter le pardon de Dieu et la purification des péchés. La pensée que Dieu a été patient envers les péchés commis pendant la période de l’A.T. Romains 3. 24-26 est un élément de réponse à cette question. Comparons le pardon à une dette à payerMat. 18. 21-35. S’il m’est impossible de régler immédiatement une dette, étant à court d’argent, mais si dans trois mois une rentrée de fonds assurée peut répondre à cette échéance, je peux produire une traite à mon créancier du montant de la dette, en lui demandant de ne la présenter qu’à cette date. Il attend patiemment. Au jour où la traite est émise ce n’est qu’un papier sans aucune valeur marchande, mais à la date d’échéance, elle a la valeur de la dette à rembourser. Ainsi les sacrifices d’animaux n’avaient pas de valeur en eux-mêmes, mais ils étaient comme des doigts pointés vers le calvaire, ils annonçaient la venue et le sacrifice de Christ. Ils pouvaient apporter un pardon qui n’aurait son plein résultat qu’après la mort, la résurrection et l’exaltation de Christ. Oui, sa venue était donc indispensable.
Dans ces versets, nous est révélé un dialogue entre le Père et le Fils de Dieu, avant son incarnation. Dieu a voulu que son Fils s’offre en sacrifice. Pour cela il lui a formé un corpsLuc 1. 35. Le Fils est venu pour accomplir le plan de Dieu, par amour pour lui et pour sa gloire, et pour faire sa volonté en mettant à part une compagnie de sacrificateurs capables de lui rendre culte (verset 14). Dans ce corps, il a glorifié son Père ; par sa mort, il a glorifié DieuJean 17. 4 ; 13. 31. La citation des versets 7 à 9 du Psaume 40, appliquée à Jésus Christ, est l’accomplissement de tous les sacrifices de l’A.T. Et pour les Juifs, il doit s’imposer comme le Messie promis.
Quand il entre dans le monde, il exprime ce que Dieu ne voulait pas : une sacrificature dont les sacrifices, sacrifice de prospérité, offrande de gâteau (verset 5), holocauste ou sacrifice pour le péché (verset 6), ne peuvent apporter une pleine libération à l’adorateur. Jésus exprime aussi ce que Dieu voulait : le vrai sacrifice de son Fils. Dieu avait consigné cette volonté “dans le rouleau du livre” (verset 7), le livre des conseils de Dieu.
Quand ce fut le momentGalates 4. 4, Dieu a formé un corps d’homme au Seigneur Jésus Christ2. Il s’avance alors pour obéir parfaitement, jusqu’à la mort de la croix (5. 8). Il se livre lui-même, et par son sacrifice unique, il donne toute la valeur de sa personne aux quatre sacrifices lévitiques énumérés précédemment auxquels Dieu n’avait pas pris plaisir. Sa vie parfaite est une offrande de gâteau, une consécration, à laquelle Dieu a pris plaisir. Il a offert sa vie comme un holocauste agréable à Dieu. Il est le vrai sacrifice de prospérité qui établit le fondement d’une communion parfaite avec Dieu et des croyants entre eux. Enfin, comme sacrifice pour le péché, il nous a, par son sang, entièrement purifiés de nos péchés.
Au verset 9, en accomplissant ce que Dieu voulait (le second), il met de côté ce que Dieu ne voulait pas (le premier).
“Par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes”, les croyants sont sanctifiés3, consacrés sacrificateurs pour toujours, afin de servir dans le sanctuaire. C’est la volonté de Dieu que nous soyons consacrés pour lui rendre culte. Cette sanctification est une conséquence de l’œuvre de Christ. Elle est faite, définitive et ne dépend pas de nous.