Le pire orgueil de Tyr était concentré dans le cœur de son prince1. Il se prenait pour un dieu (versets 2, 6). Sa sagesse était stupéfiante : elle était plus grande que celle de Daniel qui à cette époque surpassait celle de tous les intellectuels de l’empire babylonienDaniel 1. 20 ; 5. 11, 12, 14. Mais, contrairement à Daniel, le prince de Tyr n’utilisait pas ses capacités exceptionnelles pour les mettre humblement au service du Tout-puissant. Il les utilisait pour ses propres intérêts, afin de devenir toujours plus riche (versets 3-5). L’argent l’avait complètement corrompu et rempli d’orgueil (verset 5b, 6). Alors Dieu lui prédit une mort violente, qui lui prouverait qu’il n’était qu’un homme (versets 7-10) Actes 12. 21-23.
Ce roi ne ressemble-t-il pas aux personnes de nos pays qui utilisent toutes les ressources de leur sagesse et de leur intelligence pour accroître leur bien-être matériel ? Et combien, influencés par les religions orientales, croient pouvoir trouver en eux le divin ; de fait, il ne s’agit que d’une forme actuelle et subtile du vieux mensonge du serpent : “Vous serez comme Dieu” Genèse 3. 5.
Soudain, l’Éternel se mit à parler du monarque de Tyr comme d’un “chérubin” (versets 14, 16). Derrière le souverain terrestre, se cachait un roi surnaturel qui remplissait le cœur du roi de Tyr d’orgueil et de confiance en lui-même et qui le conduisait à défier Dieu en tant que Créateur et Maître de l’univers (verset 2). Si des rois comme David ou Salomon, sont des figures de Christ, le roi de Tyr est ici une image du diable, le “chef de ce monde” 2.
Le voile est entrouvert sur une des plus grandes énigmes des voies de Dieu : la chute de Satan. Il avait été créé parfait (versets 12-15a), ce qui démontre très clairement que Satan n’est qu’une créature et que Dieu n’a jamais créé le mal. Il vivait autrefois dans la gloire du paradis céleste (verset 13 a) 3 où il avait un rôle de premier plan, comme musicien (verset 13 b) et gardien du trône de Dieu (versets 14, 16) 4. Mais un jour cet ange glorieux se révolta contre son Créateur et fut déchu de sa position (versets 15b-17a). Alors qu’il avait reçu de Dieu tous ses dons et sa haute position, il voulut être comme Dieu et s’arroger une place et un honneur que Dieu ne lui avait pas donnés. Il tomba par orgueil, ce péché suprême, que Paul qualifie de “faute du diable” 1 Timothée 3. 6. Quel contraste avec Jésus Christ qui s’est abaissé lui-même et que Dieu a ensuite élevéPhilippiens 2. 6-9 !
Le monarque de Tyr était possédé par le diable, aussi est-il complètement identifié dans ce passage avec Satan5. La fin du paragraphe (verset 17b-19) se réfère de nouveau clairement à la chute du roi terrestre (comp. versets 7-10) ; mais ce jugement préfigure ce qui attend Satan lui-même lorsqu’il sera jeté dans l’étang de feu (verset 18) Apocalypse 20. 10. Dès ce moment-là, le diable ne cessera pas d’exister, mais il n’aura plus ni influence ni pouvoir sur quiconque (“Tu ne seras plus, à jamais”, verset 19).
Ces versets éclairent la lutte dans les lieux célestes dont parle PaulÉphésiens 6. 10-18 : nous sommes engagés dans un combat spirituel et derrière les puissances terrestres qui s’opposent au peuple de Dieu et qui cherchent à contrecarrer ses plans, il y a des puissances spirituelles contrôlées par SatanDaniel 10. 12-146.
Par ailleurs, ce sont les avantages dont jouissait ce chérubin qui provoquèrent sa chute ; les privilèges dont Dieu nous a comblés ne sont-ils pas bien souvent pour nous des occasions de montrer un orgueil que Dieu devra ensuite juger, parfois sévèrementApocalypse 3. 17-19 ?
Sidon était une autre ville phénicienne, à 40 km environ au nord de Tyr, sur la côte méditerranéenne. Son jugement serait différent de sa voisine : elle devrait subir la guerre et la peste (versets 22, 23), mais elle ne disparaîtrait pas. En effet, si l’ancienne Tyr n’existe plus, Sidon est aujourd’hui encore une ville du Liban, appelée aussi Saïda.
Le motif du jugement de Sidon était les souffrances qu’elle avait infligées au peuple de Dieu, comme les autres nations voisines d’Israël (verset 24). Au moment où Ézéchiel prophétisait contre Sidon, les Babyloniens avaient déjà conquis cette ville dont la moitié des habitants étaient morts par la peste (vers 606 av. J.-C.). La prophétie concernait le futur : sous la protection perse, Sidon élargit son pouvoir sur une partie du pays promis à Israël (dans la plaine de Saron, de Carmel à Japho) ; mais vers 352 av. J.-C., elle se révolta contre les Perses sous Artaxerxès III ; la répression fut terrible et 40 000 Sidoniens périrent. Dès lors, l’histoire de Sidon fut marquée par la souffrance7.
Les versets 25 et 26 sont au cœur de cette partie consacrée aux prophéties sur les nations ; au milieu de ces huit chapitres, l’Éternel donne une merveilleuse promesse à Israël : il reviendra d’exil au pays des ancêtres. Déjà, aujourd’hui, une partie de cette prophétie s’est accomplie : des cinq continents, plusieurs millions de Juifs sont revenus en Palestine. Ils y ont bâti des maisons et planté des vignes (verset 26a), mais ils n’y sont pas encore “en sécurité” (verset 26b). Notons que le retour d’Israël est lié à des jugements sur toutes les nations voisines (verset 26) : cette prophétie s’est déjà partiellement accomplie lors des deux guerres mondiales et lors des cinq guerres que l’état d’Israël a menées pour sauvegarder son existence depuis 1948. Au 20e siècle, tous ses voisins ont bien été un “aiguillon qui blesse” et “une épine qui cause de la douleur”, sans parler de leur mépris pour le peuple juif (verset 24). Mais le jour vient où les jugements de Dieu mettront fin aux malheurs de son peuple (verset 24).
Par ces jugements (déjà réalisés ou encore futurs) et par le retour du peuple d’Israël, l’homme peut apprendre à connaître le vrai Dieu, qui agit tout au long de l’histoire et d’une façon plus impressionnante encore dans les jours où nous vivons : “Ils sauront que je suis l’Éternel”.
Les termes “prince” et “roi” sont à peu près synonymes, bien que celui de “roi” exprime un pouvoir plus absolu. Il est remarquable que le monarque de Tyr soit appelé “prince” au verset 2, tandis que lorsqu’il s’agit clairement de Satan, il est parlé du “roi de Tyr”. Extérieurement, c’était un homme qui dominait le commerce mondial, mais en réalité il y avait un pouvoir plus grand derrière lui : Satan, le roi de Tyr, le prince du monde (Luc 4. 5, 6 ; Jean 12. 31 ; 14. 30 ; 16. 11 ; 2 Corinthiens 4. 4 ; Éphésiens 6. 12). Aujourd’hui encore, Satan tient les hommes dans l’esclavage en leur faisant miroiter des richesses terrestres.
Le roi Sédécias est aussi appelé “prince” (12. 12 ; 21. 30), en hébreu “nasi”. Le mot employé au verset 2, “nagid”, signifie également “prince”.
Quelques grandes dates :
198 av. J.-C. : conquête par les Séleucides syriens
64 av. J.-C. : conquête par les Romains
637/38 ap. J. C. : conquête par les Arabes
1108 : conquête par les Croisés
1111 : conquête par Baudoin ler, roi de Jérusalem
1197 : conquête par les Sarrasins
1197 : conquête par les Croisés
1840 : bombardements par les Anglais, les Français et les Turcs
1918 : conquête par les Français
1975-1993 : souffrances terribles pendant la guerre civile au Liban
1996 : bombardements israéliens sur le sud-Liban.