Dans ce chapitre, l’Assyrie est prise comme illustration du sort qui attendait l’Égypte (verset 2) : cette nation fut longtemps le pouvoir dominant du monde antique (versets 3-9). Mais cette grandeur fut en piège pour les Assyriens et les conduisit à devenir orgueilleux (verset 10). “C’est pourquoi” Dieu les livra dans la main des Babyloniens (le “puissant des nations”) qui s’étaient coalisés avec les Mèdes et les Scythes (versets 11-14). Vers 612 av. J.-C., Ninive, la capitale, tomba1 et trois ans plus tard, l’Assyrie fut complètement conquise. Ces événements dramatiques amenèrent la consternation dans les nations (versets 15-17) : comment une chute pouvait-elle être aussi rapide ? D’autres, qui avaient autrefois prospéré grâce à l’Assyrie (verset 6), profitèrent de sa débâcle (verset 13).
Plus haute est la position, plus retentissante sera la chute ; et un homme (ou un pouvoir) n’a bien souvent rien à attendre de ceux qu’il a pu aider dans une période prospère : quand la calamité survient, ils sont prompts à en tirer tout le profit possible. Le croyant, lui, est invité à agir tout différemmentProverbes 17. 17.
Le dernier verset fait écho au verset 2 : le sort de l’Égypte serait aussi celui de l’Assyrie, car, aveuglés par leur orgueil, les Égyptiens n’avaient pas appris la leçon de l’Assyrie ; l’exemple de la fin des Assyriens aurait dû les mettre en garde pour qu’ils n’agissent pas comme eux. En fait, au lieu de partager sa grandeur, ils partageraient sa chute. Malheureusement, il n’est que trop vrai que les leçons de l’histoire ne nous servent souvent à rien.
La forme de la parabole2 nous rappelle le récit de la chute de l’homme, au début de la Genèse. Mais l’histoire humaine n’est-elle pas le récit toujours renouvelé d’un orgueil prêt à renaître, que Dieu doit ensuite briser ? Oui, “Dieu résiste aux orgueilleux” Jacques 4. 6. Recevons l’avertissement, nous qui avons et l’exemple de l’Assyrie et celui de l’Égypte.
En mars 585 (c’est-à-dire un an et demi après la chute de la capitale juive), Dieu demanda à Ézéchiel de se lamenter sur le sort de l’Égypte (verset 2), comme il l’avait fait sur Tyr (27. 3 ; 28. 12). Voilà quel doit être le comportement d’un vrai prophète selon Dieu : il pleure sur ceux qu’il devait avertir, même si la punition qu’ils subissent est méritée puisqu’ils n’ont pas écouté la voix de Dieu. Le Seigneur Jésus aussi a pleuré sur le sort de la ville coupable de JérusalemLuc 19. 41. Sommes-nous animés du même esprit ?
Cette complainte reprend le thème de la parabole du chapitre 29 : le Pharaon est à nouveau comparé à un “monstre” que Dieu pêchera hors du Nil (versets 2-6). Ce jugement amènera du trouble sur beaucoup de nations (versets 7-15). En particulier, les “rois” craindraient pour eux-mêmes (verset 10) : les jugements de Dieu ont aussi pour but de sensibiliser à leur responsabilité tous ceux qui ont reçu une position d’autorité.
Deux semaines plus tard (verset 17), Ézéchiel dut encore se lamenter. Il se dégage de cette prophétie, connue sous l’appellation de “chant des morts”, une monotonie et une tristesse indicibles. Le peuple d’Égypte, tant admiré par les autres nations, devrait partager, au-delà de la mort, la même humiliation que les empires passés. Cinq exemples sont cités :
Le peuple égyptien attachait une grande importance à la mort et cherchait à la rendre particulièrement glorieuse, comme en témoigne la disproportion entre leurs palais et leurs sépulcres (pyramides, mastabas, etc.). Aussi quelle honte pour eux de se trouver en compagnie des autres peuplesÉsaïe 14. 9-11 : tous sont des “incirconcis” (versets 19, 21, 24, 26, 27, 28, 29, 30, 32), c’est-à-dire des personnes sans relation avec Dieu.
Cette galerie impressionnante nous montre que tous sont égaux devant la mortEcclésiaste 9. 3, ce chemin ultime de l’égalité3. Un jour, “les morts, les grands et les petits” se tiendront devant le grand trône blanc ; le seul critère en ce jour-là sera d’avoir son nom écrit ou non dans le livre de vieApocalypse 20. 11-15. Réjouissons-nous d’être associés à celui qui est la résurrection et la vieJean 11. 25, 26 et remettons à leur juste mesure les gloires éphémères de ce monde.
La même pensée se dégage de chacun de ces chapitres : le jugement des prétentions de l’homme en général. Celles du peuple de Dieu, privilégié et donc d’autant plus responsable, ont été jugées dans les chapitres 12 à 24. Mais tout homme devra rendre compte un jour à Dieu et le Créateur remontera aux causes profondes du péché de l’homme, en premier lieu cet orgueil insensé, tapi au fond de chaque cœur et bien souvent manifesté par la conduite extérieure. Quelque forme qu’il prenne, qu’il soit lié aux richesses ou à la sagesse comme pour Tyr, au pouvoir ou à la civilisation comme pour l’Égypte, Dieu lui résistera1 Pierre 5. 5 et le jugeraProverbes 16. 18. Que l’étude attentive de ces chapitres nous conduise à prendre notre vraie place devant Dieu, dans une humilité, non seulement de paroles, mais surtout de cœur et de pensée !