Après s’être adressé aux ennemis d’Israël au sud, Ézéchiel se tourna vers le nord où se trouvait la ville phénicienne de Tyr. Elle contrôlait la majeure partie du commerce international du monde antique et étendait sa sphère d’influence sur tout le bassin méditerranéen.
L’oracle touchant Tyr se divise en trois sections, correspondant aux trois chapitres 26 à 28 et chacune d’elles se termine par le refrain : “et tu ne seras plus, à jamais” (26. 21 ; 27. 36 ; 28. 19). Dieu juge successivement trois prétentions de Tyr, toutes basées sur un orgueil insensé :
Cette prophétie est datée de l’année de la destruction de Jérusalem1. Or Tyr se réjouissait de la destruction de la capitale des Juifs (verset 2). Jérusalem, “la porte des peuples” (verset 2), contrôlait les routes commerciales de l’Égypte et de l’Arabie menant vers Tyr. La chute de Jérusalem éliminait des concurrents et les commerçants de Tyr espéraient augmenter encore leurs affaires.
Ainsi “l’amour de l’argent” qui est “une racine de toutes sortes de maux” 1 Timothée 6. 10, détruisit l’amitié qui existait autrefois entre ces deux villes1 Rois 5. 15. Or rompre une ancienne amitié est une faute grave aux yeux de DieuProverbes 27. 10, qui envoya son jugement contre Tyr (verset 3).
Les quatre oracles de ce chapitre (versets 3-6, 7-14, 15-18, 19-21) abondent en annonces précises :
Au commencement, la ville de Tyr se situait sur la côte de la Méditerranée. Pour les navigateurs phéniciens, cette situation n’était pas des plus favorables, en raison des bas-fonds côtiers. Mais à 800 m de là, il y avait une petite île rocheuse autour de laquelle les fonds descendaient directement à une profondeur de 200 m, ce qui était une situation idéale pour les grands navires marchands. Ainsi la Tyr d’Ézéchiel était composée de deux parties : une ville continentale, avec des entrepôts et des fortifications, et une ville insulaire.
Nebucadnetsar2 fit la guerre contre Tyr, et elle dura pendant 13 ans, de 585 à 572 av. J.-C. ! Finalement il put la conquérir et la détruire. Mais une grande partie des habitants de Tyr s’étaient échappés sur l’île avec leurs richesses. Et cette ville était trop éloignée de la côte, même pour l’artillerie développée des Babyloniens. Nebucadnetsar avait gagné, mais il n’avait pas été récompensé du long travail de sa grande armée par un butin à la hauteur3. Depuis ce moment, la Tyr continentale, objet de la prophétie de ce chapitre, resta en ruine. Les Tyriens ne voulaient plus se fier à des murailles ; ils préféraient une défense maritime et ils habitèrent désormais uniquement dans la “nouvelle Tyr”.
Dans la foulée de leur victoire sur l’empire babylonien, vers 539 av. J.-C., les Perses conquirent la vieille Tyr continentale. Vers 370 av. J.-C., un roi de Chypre s’empara de la nouvelle Tyr, contre laquelle Alexandre le Grand fit la guerre vers 332 av. J.-C. Pour l’atteindre, ses soldats construisirent depuis le continent une digue d’une longueur de 800 m et d’une largeur de 60 m au sommet. Les Grecs4 utilisèrent toutes les ruines, le bois et la poussière de l’ancienne Tyr pour mener à bien ce projet phénoménal : l’ancienne Tyr devint ainsi un “rocher nu”, conformément à cette prophétie donnée 250 ans avant (versets 4, 14) 5. Alexandre contraignit beaucoup de villes et de peuples à l’aider dans son combat. Finalement l’armée macédonienne fut capable de faire approcher sur la digue des tours roulantes de vingt étages, d’une hauteur de 50 m (plus hautes que les murs de la ville), équipées de machines de guerre et d’archers. Après sept mois, la nouvelle Tyr tomba. Alexandre se vengea cruellement de sa résistance : 30 000 enfants, femmes et vieillards furent vendus en esclavage ; 2 000 hommes furent crucifiés au long de la côte. Au total, 8 000 Tyriens furent tués. La nouvelle de la victoire grecque se répandit vite au Proche-Orient. Les autres villes furent terrifiées, ce qui permit à Alexandre de conquérir de grandes régions sans aucune résistance. Plus tard, Alexandre alla avec son armée vers Jérusalem. Il fut reçu par une délégation solennelle menée par le souverain sacrificateur habillé de tous ses ornements. Alexandre se prosterna devant l’Éternel, le Dieu d’Israël, et confessa devant tous ses soldats que sa mission militaire était dirigée par l’Éternel.
Aujourd’hui, après plus de 2300 ans, la ville libanaise de Tyr se trouve exactement à la place de la nouvelle Tyr d’autrefois. Elle n’est plus une île : des alluvions de sable se sont déposées le long de la digue d’Alexandre au cours des siècles, la transformant en presqu’île. L’ancienne Tyr n’a plus jamais été rebâtie. De nos jours encore, les pêcheurs de cette région utilisent cet endroit pour faire sécher leur filets au soleil. Les archéologues sont incapables de trouver la moindre trace de l’ancienne Tyr. Son emplacement n’est connu que par des calculs de distances fondés sur la littérature ancienne et par le signe biblique des “filets sur le rocher nu” (verset 14).
Nous sommes émerveillés par la précision de la parole de Dieu. Les contemporains d’Ézéchiel auraient pu croire qu’il s’était trompé sur plusieurs détails. Mais il fallait attendre et patienter jusqu’à ce que chaque prédiction s’accomplisse avec exactitude. Ayons toujours plus confiance dans toutes les déclarations divines de la Bible ; même si nous croyons y voir des difficultés pour notre intelligence, celles-ci ne sont qu’apparentes. Soyons aussi patients pour attendre la réalisation en leur temps de toutes les promesses de Dieu2 Corinthiens 1. 20. Ézéchiel 26 nous le montre : la parole de Dieu est parfaite et Dieu l’accomplira dans ses moindres détailsJérémie 1. 12 ; Matthieu 5. 18 ; 24. 35.