Quatre chapitres sont consacrés aux jugements sur l’Égypte. Cette nation, autrefois dominatrice de tout le Proche-Orient, fut la rivale permanente de l’Assyrie, puis de Babylone. Trois raisons principales motivaient ces jugements :
Le jugement sur l’Égypte se subdivise en sept oracles, chaque fois introduits par l’expression : “la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,…” et souvent conclus par le refrain “et ils sauront que je suis l’Éternel” (29. 16, 21 ; 30. 19, 26 ; 32. 15).
Le jugement commence par une parabole : le Pharaon2 est dépeint sous la forme d’un “grand monstre” (litt. un dragon ou un crocodile) (verset 3). Les habitants de l’Égypte sont figurés par des poissons sortis du Nil pour être mangés par les animaux sauvages.
Le terme “dragon” indique que Satan lui-même était derrière le Pharaon et le manipulaitApocalypse 12. 9 ; Luc 4. 5, 6. C’est lui qui l’incitait à se prendre pour Dieu. Il en est de même aujourd’hui : les théories funestes du “nouvel âge” conduisent leurs adeptes à se croire Dieu. D’autres sont aveuglés par les progrès scientifiques remarquables de ces dernières décennies et croient pouvoir se passer d’un Créateur, tant comme origine que comme soutien de toutes choses. Or la vraie sagesse est de rejeter fermement ces illusions diaboliques et de prendre avec humilité sa vraie place de créature devant le Dieu qui va juger tant de folie. Les versets 8 à 12 détaillent le jugement qui allait tomber sur l’Égypte : guerre et massacres (verset 8), dévastation du pays pendant 40 ans (versets 9-12 a) 3 et dispersion des Égyptiens (verset 12 b).
Mais la grâce de Dieu ne se limite pas à son peuple élu ; elle s’étend aussi aux nations et Ézéchiel annonça que les Égyptiens reviendraient d’exil (verset 14). Cependant, ils ne retrouveraient pas leur gloire antérieure (verset 15), afin qu’Israël cesse de mettre sa confiance dans l’Égypte, au lieu de la mettre en l’Éternel (verset 16). Dieu agit de même envers nous : il permet que nos appuis humains ou terrestres disparaissent pour nous apprendre à ne dépendre que de luiJérémie 17. 5-8.
La guerre contre Tyr s’était soldée pour les Babyloniens par une victoire peu fructueuse. Mais Dieu est juste ; aussi permit-il à Nebucadnetsar de remporter en Égypte une victoire facile et d’en retirer un grand butin (versets 17-20). Ainsi, les Babyloniens furent les premiers exécuteurs du jugement sur l’Égypte : vers 569, ils envahirent ce pays, entre autres pour se venger des Juifs qui s’y étaient réfugiés contre la volonté de DieuJérémie 42. 15-19 ; 44. 13, 14. Leur conquête fut sanglante : Nebucadnetsar tua le Pharaon Hophra et étendit son empire jusqu’aux frontières de l’Éthiopie (verset 10) Jérémie 46. 13-264. Si, comme le roi de Babylone, ceux qui servent Dieu à leur insu et pour des buts égoïstes, sont récompensés, combien plus le seront ceux qui le servent consciemment et par amour !
“Le jour de l’Éternel” (verset 3) est un terme technique très important dans la prophétie biblique. Il désigne le temps qui commence par des jugements catastrophiques sur le monde entier, avant l’introduction du royaume universel de paix et de justice du Messie5. Nebucadnetsar a été le premier exécuteur des jugements contre l’Égypte dans le livre d’Ézéchiel (30. 10, 11, 22-26). Mais il ne s’agissait alors que d’un jugement partiel : il anticipait le jugement total de la fin, qui culminera juste avant le retour de Christ (versets 1-3). La dernière invasion sera effectuée par une immense armée sous la direction du “roi du nord” 6Daniel 11. 40-45. Finalement Dieu lui-même exécutera un dernier jugement sur l’ÉgypteÉsaïe 11. 15 ; 19. 1.
Ainsi, les versets 4 à 19 vont au-delà du jugement exécuté par les Babyloniens7 ; ils s’étendent sur plusieurs phases de l’histoire du pays d’Égypte, qui s’étalent sur des centaines d’années. Successivement, toutes les villes célèbres de ce pays8 sont tombées en poussière et leurs temples idolâtres, devenus des sites archéologiques vides de tout culte, nous montrent que Dieu ne prend jamais l’idolâtrie à la légère. Prenons-y garde1 Jean 2. 15-17 ; 5. 21.
Ces versets s’appliquent directement au jugement par les Babyloniens sous Nebucadnetsar. En 605 av. J.-C., lors de la bataille de Carkémich en Syrie, les Égyptiens furent vaincus par les Chaldéens. Cette défaite marqua la fin de la prédominance égyptienne sur le Proche-OrientJérémie 46. 2-12 : Dieu avait déjà cassé “un bras du Pharaon” (verset 21). Les invasions successives lui briseraient ensuite les deux bras (verset 22).
Comp., entre autres, Ésaïe 13. 6, 9 ; Joël 1. 15 ; 2. 1, 2, 11, 31 ; 3. 14 ; Amos 5. 18, 20 ; Abdias 15 ; Sophonie 1. 7, 14-18 ; Malachie 3. 23.
Dans le N.T., ce jour est appelé “le jour du Seigneur” : Actes 2. 20 ; 1 Thessaloniciens 5. 2 ; 2 Thessaloniciens 2. 2 ; 2 Pierre 3. 10. Ce “jour” est en fait une période comprenant les 3 ans et demi de la grande tribulation (Matthieu 24. 15-22) avant la venue en gloire du Seigneur Jésus Christ. D’après 2 Pierre 3. 10-13, “le jour du Seigneur” englobera aussi toute la période du millénium, puisque la destruction de la terre aura lieu après le règne de mille ans.
Le “temps des nations” (30. 3) est un autre terme technique très important pour comprendre la prophétie (Luc 21. 24).
Quelques parallèles géographiques :
Noph (versets 13, 16) = Memphis,
Pathros (verset 14) = la Haute Égypte,
Tsoan (verset 14) = vieille ville en Basse Égypte,
No (verset 14, 15, 16) = Thèbes, la capitale de la Haute Égypte,
Sin (versets 15, 16) = Pelusium,
Aven (verset 17) = Héliopolis (près du Caire),
Pi-Béseth (verset 17) = Bubastis,
Takhpanès (verset 18) = Daphné, forteresse à la frontière est du delta.