Les six premières plaies avaient leur origine sur la terre ; elles ont atteint les Égyptiens dans leur corps. Les trois suivantes descendent du ciel, pour témoigner de leur ruine morale ; elles sont envoyées dans le cœur du Pharaon et de ses serviteurs (9. 14), afin qu’ils sachent que nul n’est comme Dieu sur toute la terre. Elles vont agir sur l’être moral, comme le montrent les chapitres 9. 27 à 10. 16. Le moment arrivait où Dieu ne pourrait plus supporter le vase de colère qu’était le Pharaon ; mais en même temps, il allait faire connaître “les richesses de sa gloire dans des vases de miséricorde, préparés à l’avance pour la gloire” Romains 9. 17-24.
Dieu “met en réserve la grêle pour le temps de la détresse, pour le jour du combat et de la guerre” Job 38. 22, 23. Cette plaie (9. 17-35) est donc un combat de l’Éternel contre les ennemis de son peuple. Toutefois, avant d’envoyer la destruction sur ces hommes misérables, Dieu les avertit avec miséricorde. Ceux qui écoutent sa voix sont épargnés (9. 19, 20). De plus, Dieu restreint son jugement car le froment et l’épeautre ne sont pas frappés.
Néanmoins, cette plaie fut assez effrayante pour que le Pharaon dise : “J’ai péché cette fois, l’Éternel est juste” (verset 27) … Cependant, sitôt que la grêle eut cessé, il “continua de pécher” (verset 34), car son cœur n’était pas touché.
La huitième plaie (10. 1-20) d’ailleurs, sanctionne le refus du Pharaon de s’humilier devant l’Éternel. Car, lorsque Moïse l’avertit de la venue des sauterelles, il conteste encore avec lui, si bien que le fléau s’abat sur l’Égypte et détruit ce que la grêle avait laissé (verset 15). Le Pharaon dit alors : “J’ai péché contre l’Éternel votre Dieu et contre vous” (verset 16). Mais cette confession n’est pas plus sincère que la précédente, car il recherche seulement la délivrance de la plaie qui frappe son peuple.
La neuvième plaie est la conclusion de toutes les autres : Moïse étend sa main vers les cieux et l’Égypte est couverte de ténèbres. Les avertissements de l’Éternel, d’une sévérité croissante, manifestent à la fin les ténèbres morales dans lesquelles se trouvent les Égyptiens, et les incrédules de tous les temps et de tous les lieux. “Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises” Jean 3. 19.
Trois triples épreuves ont donc établi l’incrédulité et l’endurcissement du Pharaon ; Dieu va maintenant exécuter un jugement définitif sur l’Égypte.
Nous avions laissé de côté les objections du Pharaon à la sortie d’Israël : elles constituent un sujet à part, car elles montrent les ruses et les efforts de Satan pour retenir le peuple de Dieu sous son pouvoir. Après la ruine occasionnée par la mouche venimeuse (8. 20, 21), le Pharaon dit à Moïse et à Aaron : “Allez, sacrifiez à votre Dieu dans le pays”. Il refusait ainsi de comprendre que, parce qu’Israël était le peuple de Dieu, il était de ce fait séparé des peuples incrédules. “Voici, c’est un peuple qui habitera seul, il ne sera pas compté parmi les nations” Nombres 23. 9.
Ce grand principe divin de la séparation court dans l’Écriture depuis le livre de la Genèse (1. 4), jusqu’à l’Apocalypse (22. 13, 14). Le croyant n’a pas sa part avec l’incrédule, sa responsabilité est de s’en séparer2 Corinthiens 6. 14-18 ; 7. 1. C’est pourquoi Moïse répondit : “il n’est pas convenable de faire ainsi” (8. 22). D’ailleurs, servir Dieu dans le pays aurait été une inacceptable confusion, faisant du culte de l’Éternel une religion parmi celles de l’Égypte. De plus, comment Israël aurait-il pu sacrifier “l’abomination des Égyptiens”, c’est-à-dire les animaux objets de leur culte idolâtre, sans que ceux-ci ne les lapident ? Non : “Nous irons le chemin de trois jours dans le désert”, dit Moïse (verset 27). Le Pharaon lui propose alors une concession : vous irez dans le désert mais “ne vous éloignez pas trop en vous en allant” (verset 28). Quel piège que celui-là ! Rester à proximité de l’Égypte, c’est s’exposer à y revenir tôt ou tard, et c’est surtout désobéir à l’Éternel, car il avait fixé la distance nécessaire entre son peuple et l’Égypte. Seule la mort de Christ, figurée par “le chemin de trois jours”, nous sépare du monde.
Sitôt les mouches disparues, le Pharaon endurcit son cœur, car Satan ne renonce pas à tenter de retenir le peuple de Dieu dans le monde, dont l’Égypte est la figure. Devant la menace des sauterelles (10. 4-6), le Pharaon essaie une nouvelle ruse : que seuls les hommes faits aillent servir l’Éternel (10. 11). Il savait bien qu’en retenant les femmes et les enfants en Égypte, il obligeait les hommes à y revenir. Pour sortir réellement et définitivement du monde, nos affections ne doivent pas être partagées.
La dernière proposition du Pharaon fut : “Allez, servez l’Éternel, seulement que votre menu et votre gros bétail restent” (10. 24). Nous avons vu, avec la cinquième plaie, que les hommes sont responsables d’administrer premièrement pour la gloire de Dieu, les biens qu’il leur confie. Moïse rappelle au Pharaon que les offrandes pour l’Éternel seront prises dans les troupeaux d’Israël, selon ce qui leur serait montré, là où ils devaient aller. Israël devait-il aller sans sacrifice devant l’Éternel ? A trois reprises, Dieu dit aux siens : “on ne paraîtra pas à vide devant ma face” Exode 23. 15 ; 34. 20 ; Deutéronome 16. 16, montrant par cette répétition l’importance de cette parole. Et si les enfants de Dieu, aujourd’hui, laissent les soucis de ce monde étouffer les richesses spirituelles, c’est-à-dire la connaissance de Christ, ce que Dieu leur donne, comment pourraient-ils être des adorateurs ?
Nous avons vu que tous les arguments du Pharaon tendent à conduire Israël à un culte mélangé, à mêler “ce qui est précieux et ce qui est vil” Jérémie 15. 19, et à en ôter la substance. Les réponses de Moïse établissent fermement qu’il n’y a pas “d’accord de Christ avec Béliar…” pas de convenance entre le temple de Dieu et les idoles2 Corinthiens 6. 15, 16. “Soyez purs, vous qui portez les vases de l’Éternel !” Ésaïe 52. 11