L’Écriture constitue un ensemble. Nous en avons ici une preuve dans le fait que l’explication du texte d’Ésaïe se trouve dans l’épître aux Romains (10. 19-21). L’apôtre Paul y rapproche une citation du livre du Deutéronome (32. 21) des premiers versets du chapitre 65 d’Ésaïe, pour montrer qu’il s’agit ici de l’appel des Gentils, “une nation qui n’était pas appelée de mon nom” (verset 1). Dieu dit à son peuple : puisque vous m’êtes infidèles, je vous mets de côté pour me révéler à d’autres.
Il avait tendu la main vers son peuple, mais Israël s’était montré désobéissant, provoquant Dieu par son idolâtrie (verset 3), sa corruption (verset 4) et son hypocrisie (verset 5). Ces iniquités, écrites devant l’Éternel, ne peuvent être effacées : elles doivent recevoir leur rétribution (verset 7).
Nous dirons donc avec l’apôtre Paul : “Dieu a-t-il rejeté son peuple ?” Romains 11. 1 Au contraire, nous voyons maintenant qu’il se réserve un résidu, une descendance, qui sortira de Jacob et de Juda, pour posséder le pays (verset 9) et ses richesses (verset 10). Ces bénédictions sont réservées à ceux que l’Éternel nomme “mon peuple” : ce sont ceux qui l’auront “cherché” (verset 10) Jérémie 29. 13. La masse incrédule est appelée “vous” ; ce sont des étrangers pour l’Éternel, car ils l’ont oublié pour rendre un culte aux idoles (Gad et Meni). Un terrible jugement (un carnage) leur est réservé (verset 12).
Dans les versets 13 à 16, le contraste entre le résidu et le peuple idolâtre est accentué.
L’Éternel nomme les fidèles “mes serviteurs”. Cela signifie qu’il les estime dignes de porter ce titre que seul, jusqu’alors, Christ avait mérité, à la gloire de Dieu. Mais n’est-ce pas aussi leur rappeler que les bénédictions qui leur sont promises, sont un fruit de l’œuvre accomplie par le parfait Serviteur ?
Une quadruple bénédiction est promise à ceux que l’Éternel reconnaît donc désormais comme ses serviteurs, tandis qu’un quadruple malheur atteint ceux dont le nom même demeurera comme une “imprécation”, c’est-à-dire une expression d’horreur, dans la bouche des élus.
“Mes serviteurs mangeront… mes serviteurs boiront… mes serviteurs se réjouiront… mes serviteurs chanteront de joie à cause du bonheur de leur cœur”. Quel contraste avec la sentence prononcée contre les infidèles, scandée par ces mots : “et vous… et vous”.
Mais ne sentons-nous pas que ces malheurs, cette condamnation annoncée, sont l’œuvre inaccoutumée de Dieu (28. 21) ? Car ce temps de jugement va introduire une époque de bonheur incomparable sur la terre : c’est la fin d’un système, d’un état de choses ; c’est l’aube d’un temps nouveau, où “les détresses précédentes seront oubliées, et elles seront cachées de devant les yeux” du Seigneur (verset 16).
La création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (verset 17) est annoncée en relation avec les bénédictions promises au résidu dans le pays. L’Éternel allait introduire un ordre de choses tout nouveau, où la vérité de ses promesses serait reconnue et les anciennes choses même complètement oubliées. Il y aurait de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; non pas qu’un changement physique doive s’accomplir ; mais un ordre moral entièrement nouveau serait établi. Ce ne serait pas seulement sur la terre que ce nouvel ordre de choses serait érigé, susceptible d’être altéré comme par le passé par la puissance du mal dans les cieux ; l’état des cieux lui-même serait nouveau.
Au verset 18, nous revenons au commencement du millénium et à l’accomplissement de toutes les promesses faites par l’Éternel à Jérusalem : elle sera une “jubilation” car chacun retournera dans sa possessionLévitique 25. 10, non plus en figure ou passagèrement, mais en réalité et pour toujours. Et son peuple sera “une joie”. L’Éternel se réjouira en Jérusalem et en son peuple, car tous ses plans de grâce envers lui seront accomplis. Ainsi est introduite la description de la vie humaine, pendant cette heureuse période de mille ans. Ce n’est pas encore l’état éternel où la mort ne sera plus : elle demeure ici, en rétribution du péché (verset 20). Enfin, toute la création qui aujourd’hui “soupire et est en travail” Romains 8. 22, sera en paix et en repos. Ainsi, celui qui sera âgé de cent ans, sera encore un jeune homme, et s’il meurt à cet âge-là, ce sera uniquement la conséquence d’un péché, d’une rébellion contre l’Éternel (11. 4) Psaume 101. 8. Mais pour les fidèles, la durée de la vie sera comme celle des arbres qui peuvent atteindre l’âge de mille ans. Pour le serpent toutefois, la sentence prononcée après la chute de l’homme demeure inchangée et trouvera son accomplissement littéralGenèse 3. 14, car il demeure une figure de Satan (verset 25). Nous avions déjà lu une description de l’époque milléniale, au chapitre 11, où elle était plus particulièrement rattachée au règne de Christ. Au chapitre 65, la deuxième moitié du verset 25 reprend en partie le verset 9 du chapitre 11, où il est ajouté que la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel. En sa montagne, vraie montagne de Sion, c’est bien en grâce qu’il sera connu, pour la paix et le repos de sa création.
Rappelons ici que le millénium est la période de mille années pendant laquelle le royaume de Christ sera établi sur la terre. Après l’enlèvement de l’Église, Dieu reprendra ses voies envers Israël ; il jugera la nation apostate et ses ennemis. Ce sont les temps décrits par les prophètes ; Ésaïe en parle souvent. Après la victoire de Christ, Satan sera lié et jeté dans l’abîme pour mille ansApocalypse 19. 11-21 ; 20. 1-3. Christ et l’Église qui lui sera associée, régneront sur la scène rachetée. Israël sera la première des nations, centre de bénédictions sur la terre (chapitre 60), ces bénédictions s’étendront à toute la terre. La création aussi, délivrée de ses souffrances, connaîtra le repos et la paix.
À l’issue de cette période, Satan, délié pour un temps, assemblera les peuples contre Dieu. Cette coalition sera détruite par le feu ; le diable sera jeté dans l’étang de feu pour l’éternitéApocalypse 20. 7-10.
Après cela viendra le jugement des morts devant le grand trône blanc ; la mort et le hadès seront jetés dans l’étang de feu. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront enfin établisApocalypse 20. 11-15 ; 21. 1.