Le principe fondamental posé ici est que Dieu n’a pas changé : il est toujours puissant pour délivrer, attentif à l’appel des siens. Seuls, les péchés et les iniquités du peuple font obstacle à son intervention en sa faveur. “Dieu n’écoute pas les pécheurs, mais si quelqu’un est pieux envers Dieu et fait sa volonté, celui-là il l’écoute” Jean 9. 31.
Les versets 3 et 4 décrivent les péchés du peuple : violence, corruption, mensonge, choses qui se sont pleinement manifestées dans les accusations portées contre le Seigneur.
Les versets 5 et 6 dépeignent symboliquement l’état moral du peuple. Au lieu de détruire les œufs des serpents, c’est-à-dire ce qui, en figure, vient du diable, ils les font éclore, à leur propre péril. Pour se vêtir, ils prennent des toiles d’araignées, vains efforts pour couvrir leur nudité morale et leurs actions (verset 6).
Nous comprendrons facilement ce langage symbolique, si nous regardons ce qui se passe autour de nous aujourd’hui. Tout ce qui contribue à détruire la crainte de Dieu et l’ordre moral établi par lui, forme la base des philosophies d’aujourd’hui. Les dérèglements, les débauches de toutes sortes sont comme les serpents que l’on fait éclore. Et pour justifier, pour couvrir, pour excuser tout cela, on parle de liberté, des droits de chacun à vivre comme il lui plaît : ce sont là des “toiles d’araignées”.
Pourrait-il en être autrement, quand personne ne recherche Dieu ?
Le résidu fidèle a entendu ce réquisitoire et il en reconnaît le bien-fondé. Mais, bien que fidèle dans sa marche, il s’identifie au péché de la nation tout entière. C’est ce qui caractérise une vraie confession devant Dieu, laquelle ne consiste pas à juger que les autres sont seuls pécheurs, mais à reconnaître que la racine du mal est en nous et capable de porter toutes sortes de mauvais fruits. C’est la leçon que les douze tribus d’Israël apprirent après leur échec devant AïJosué 7, où, tandis que seul Acan avait “pris de l’anathème”, l’Éternel dit à Josué : “Israël a péché” Josué 7. 11.
C’est ce qu’avaient compris et réalisé Esdras, Néhémie et DanielEsdras 9. 5-15 ; Néhémie 9. 32-38 ; Daniel 9. 4-19 ; c’est aussi une des leçons du chapitre 5 de la première épître aux Corinthiens.
Ainsi, les fidèles mènent deuil quand ils entendent les paroles de l’Éternel, faisant leurs les transgressions et les paroles de mensonge du peuple tout entier (verset 12). L’aboutissement de la révolte du peuple (verset 13) a été la condamnation et le rejet du Messie, au mépris de toute droiture et de toute vérité (verset 14) Matthieu 27. 11-26.
Car le motif final de la colère de Dieu est le rejet de Christ (verset 16). “Il s’étonna de ce qu’il n’y eût pas d’intercesseur”. En effet, le seul intercesseur ayant été crucifié, “il n’y a personne” (63. 5 ; 66. 4), mais la main du Puissant de Jacob a fortifié celui qui avait été rejetéGenèse 49. 24 et l’a délivré. Christ se présente alors, d’une part comme juge de ses adversaires (verset 18) et d’autre part, comme sauveur de ceux qui se repentent (verset 20). C’est pour cela que nous le voyons revêtir la justice comme une cuirasse (verset 17) ; il est éternellement “le saint et le juste” Actes 3. 14 et son activité en jugement reflète cet invariable caractère. Il met sur sa tête le casque du salut (verset 17), image de la fermeté de sa pensée en vue de la délivrance des siens. Enfin, il revêt les vêtements de la vengeance et de la jalousie (c’est-à-dire le souci des droits de Dieu) comme un manteau, car il doit briser les ennemis de son peuple et les soumettre avant d’entrer dans son règne.
Le chapitre s’achève par la mention de l’alliance que l’Éternel établira avec le résidu (chapitre 55). C’est une alliance éternelle, fondée sur la puissance du sang de ChristHébreux 13. 20.