Nous arrivons à la conclusion de la prophétie si étendue et si variée d’Ésaïe. Nous y distinguerons deux parties.
Au moment d’intercéder en faveur d’Israël, Ésaïe, qui représente le résidu, commence par rappeler les bontés de l’Éternel pour son peuple. C’est donc à un Dieu dont il connaît la grâce qu’il va s’adresser, c’est à une grâce déjà éprouvée qu’il va faire appel. Dans la multitude de ses bontés, Dieu avait choisi ce peupleDeutéronome 7. 6-8 ; il pensait qu’il ne mentirait pas et ne le décevrait pas. Il l’a sauvé, le faisant sortir d’Égypte. Le verset 9 semble, en effet, faire allusion à la détresse du peuple sous l’oppression du Pharaon, et à la compassion de l’Éternel qui entendit son cri et descendit pour le délivrerExode 3. 7, 8. Le Seigneur lui-même les sauva, les rachetaExode 15. 13, les porta, prenant soin d’eux “comme une mère” Actes 13. 18.
Mais, comme nous le montre l’histoire du peuple, notamment, à partir du livre des Juges, “ils se rebellèrent et contristèrent l’Esprit de sa sainteté” (verset 10) et “la colère de l’Éternel s’embrasa contre son peuple” Psaume 106. 40. Ce psaume 106 résume l’histoire des infidélités d’Israël.
Toutefois, les promesses de Dieu sont sûres ; il se souvient de la délivrance donnée à son peuple aux jours de Moïse, pour les délivrer encore (verset 11). Mais qui est celui qui les fit monter de la mer, sinon l’Ange de sa face, Christ, agissant par l’intermédiaire de Moïse (verset 12) ? Le chapitre 15 de l’Exode nous montre, en effet, l’Éternel conduisant son peuple par le ministère de Moïse en qui il avait mis l’Esprit de sa sainteté (verset 11). Comme le chemin du peuple avait alors été facile ! Ils obéissaient, ils avançaient au milieu de la mer aussi facilement qu’un cheval dans le désert, aussi paisiblement que le bétail qui descend dans la vallée pour se reposer.
Ayant rappelé les bontés de l’Éternel et les délivrances opérées jadis en faveur de son peuple, Ésaïe fait appel aux compassions de Dieu. Déjà, nous avons vu que si même une mère peut oublier son enfant, l’Éternel ne peut oublier Sion (49. 14-16). Dans cette certitude, Ésaïe peut dire maintenant que si les pères de la nation, Abraham et Israël (Jacob) ne le reconnaissaient plus, le résidu pourrait encore s’écrier : “Toi, Éternel, tu es notre PèrePsaume 27. 10 ; ton nom est : Notre rédempteur de tout temps”. Et s’il a endurci leurs cœurs à cause de leurs infidélitésRomains 11. 7-10, ils n’ont pas cessé d’être “les tribus de son héritage” (verset 17), car lui les a choisisPsaume 33. 12. L’Éternel avait aussi donné le pays en héritage à IsraëlDeutéronome 4. 21 ; le peuple doit reconnaître qu’il n’a pas su le garder longtemps. “Ils méprisèrent le pays désirable” Psaume 106. 24 et maintenant, ils sont comme une nation étrangère qui n’est pas appelée du nom de l’Éternel (verset 19).
Pourtant, l’espérance des fidèles n’est qu’en Dieu, et ils s’écrient : “Oh ! si tu fendais les cieux !” (63. 19). Tout à l’heure, ils suppliaient que Dieu regarde des cieux (63. 15) ; maintenant, ils désirent que Christ apparaisse. Le résidu est ici comme le peuple autrefois, quand le grand sacrificateur était caché derrière le voile, dans le saint lieuLévitique 16. Tant qu’il n’est pas sorti, ils ne peuvent avoir l’assurance d’être agréés et bénis de Dieu ; ils n’ont pas encore entendu ni vu “ce que Dieu a préparé pour celui qui s’attend à lui” (verset 3).
Quelle ressource reste-t-il donc au résidu qui vient de reconnaître son état (et celui du peuple) devant l’Éternel ?
La foi la lui donne : “Éternel, tu es notre père : nous sommes l’argile, tu es celui qui nous a formés” …
C’est dire encore à l’Éternel : « Nous ne sommes rien, mais tu es le Tout-Puissant ; c’est à ta seule grâce que nous faisons appel. Nous sommes ton peuple. Sion est un désert, Jérusalem une désolation : c’est le résultat de notre désobéissance. »
Mais, si Dieu a permis cela, s’il a “renfermé tous, Juifs et nations, dans la désobéissance”, c’est “afin de faire miséricorde à tous” Romains 11. 32. “O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies introuvables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? ou qui lui a donné le premier et il lui sera rendu ? Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! A lui soit la gloire éternellement ! Amen” Romains 11. 33-36.