Pour les habitants d’une vallée, la perspective est limitée à une courte distance. Le nom symbolique de “vallée de la vision”, donné à Jérusalem, fait allusion à l’aveuglement spirituel de ses habitants : ils n’ont pas regardé vers celui qui a fait cela (verset 11), c’est-à-dire l’Éternel.
C’est sous l’empire d’une grande frayeur, que toute la population jusqu’alors joyeuse et bruyante de Jérusalem monte sur ses toits. Est-ce pour tenter de fuir, ou pour voir ce qui arrive ? C’est, en tout cas, une scène terrible de mort et de défaite, que le prophète Ésaïe contemple, si bien qu’il souhaiterait être seul pour pleurer, sans accepter la consolation (verset 4). Car c’est la fille de son peuple, Jérusalem, si chère à son cœur, qui est ainsi ruinée.
Que ce premier paragraphe fasse allusion au siège de Jérusalem par Nebucadnetsar2 Rois 25. 4, 5 et le suivant à l’intervention de Sankhérib2 Rois 18. 17-371, ne constitue, comme nous l’avons vu si souvent, qu’une confirmation de l’accomplissement futur de la prophétie.
L’état moral du peuple est mis en évidence dans les efforts, les sacrifices matériels qu’il fait pour sa défense, mais il oublie de regarder vers l’Éternel, de qui pourtant tout dépend (versets 9-11) ! Pis encore ! Au moment où il est appelé à mener deuil, ce peuple se réjouit, inconscient du jugement proche (versets 12, 13). Quel avertissement pour tant de nos contemporains qui ne pensent qu’à se réjouir de toutes sortes de manières : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! Le
Le dernier paragraphe introduit l’Antichrist, vu symboliquement dans la personne de Shebna, qui pensait s’établir “ici”, à Jérusalem où il n’a aucun droit. L’Éternel va le jeter au loin, c’est-à-dire loin de lui-même, avec force ; il va être renversé définitivement de sa position. Eliakim est appelé à sa place. Il portera fidèlement les emblèmes de l’autorité et prendra soin de Jérusalem et de Juda.
La clef de la maison de David est confiée à Eliakim pour qu’il serve en faveur du peuple : elle est sur son épauleExode 28. 12, symbole de la force que donne l’intelligence de la pensée de Dieu, pour bénir et pour protéger. Eliakim est bien ici un type de Christ qui soutient la gloire de la maison de Dieu, il est la forceZacharie 10. 4 (le clou : verset 23), de tous ses serviteurs, petits et grands (les petits vases et les amphores : verset 24).
Le tiret qui sépare le verset 25 du paragraphe précédent, annonce un changement du sujet de la prophétie. Au verset 23, le “clou” fixé par l’Éternel dans un lieu sûr – le lieu saint – est par conséquent une figure de Christ. Mais le “clou” du verset 25, bien que fixé aussi dans un lieu sûr – le lieu saintMatthieu 24. 15 – est une figure de l’usurpateur, l’Antichrist.
La conclusion de cet oracle est le retranchement final, la destruction de l’Antichrist (verset 25) : en ce jour-là, la puissance de mensonge de l’usurpateur sera brisée et il tombera, entraînant avec lui ceux qu’il aura séduits.
Choisissant selon son propos les choses qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant lui1 Corinthiens 1. 28, Dieu suscite du pays des Chaldéens un peuple qui n’existait pas, alors que Tyr était déjà ancienne et célèbre, pour en amener la ruine (verset 13). La destruction des forteresses de Tyr, qui perturba fortement les relations commerciales en Méditerranée, fut accomplie historiquement par NébucadnetsarÉzéchiel 26. 7-14 après un siège de plus de dix ansÉzéchiel 29. 17-21. Nous comprenons ainsi le désarroi des marchands et de la cité voisine de Sidon, angoissés à l’ouïe des nouvelles de Tyr (verset 5). Il convenait de poser la question : “Qui a pris ce conseil à l’égard de Tyr ?” et surtout de prêter attention à la réponse : “L’Éternel des armées a pris ce conseil pour profaner l’orgueil de toute gloire, pour réduire à néant tous les nobles de la terre” (versets 8, 9). Nous apprenons ainsi que Dieu a la haute main sur l’histoire des nations et qu’il les emploie à son gré pour accomplir ses desseins et établir bientôt le règne de Christ. La prophétie, comme d’habitude, envisage ce temps et ce but, même si un accomplissement partiel a lieu. Ainsi, après soixante-dix ans d’oubli, Tyr a repris ses activités, dans le même esprit de corruption qu’avant sa chute (versets 15-17). Tyr, distributrice de couronnes, puissante par ses richesses, correspond au caractère de son roi, l’Antichrist que nous avons vu assimilé à Satan dans ses efforts pour s’assurer la domination du monde (chapitre 14).
Tyr est encore, de nos jours, inhabitée et ruinée. Les deux derniers versets de l’oracle montrent bien qu’ils s’appliquent à une cité à venir. Ils présentent un contraste remarquable l’un avec l’autre : au verset 17, Tyr se livre à un trafic corrompu ; au verset 18, sa marchandise et ses présents sont saints, consacrés à l’Éternel. Il nous faut bien nous transporter au temps à venir où la prophétie sera accomplie. C’est ce que nous trouvons au Psaume 45 : Le roi, Christ, se montrera dans sa gloire avec la reine, type de Jérusalem. En ce temps-là, Tyr aura été réédifiée symboliquement, sinon de fait. La fille de TyrPsaume 45. 10-13 est sans doute une image de la prospérité des nations, qui apporteront leurs richesses à Jérusalem, pour le service du peuple de Dieu.
Nous venons de voir dans ces dix oracles, le jugement de Dieu sur toutes les formes du mal, chez les nations et aussi à Jérusalem. L’épreuve de l’homme est ainsi complète, comme l’exprime le nombre de ces oracles (dix étant employé en rapport avec la responsabilité de l’homme : les dix plaies d’Égypte, les dix commandements de la loi). Nous pourrions maintenant conclure en témoignant avec l’Écriture qu’il n’y a pas de juste, non, pas même un seulRomains 3. 10. Et pourtant, nous avons vu briller bien souvent la grâce de Dieu, au milieu de ces tristes scènes : son but final est la bénédiction de la terre entière, sous le règne de son Oint, le Seigneur Jésus.