C’est d’abord la destruction de Damas, puis la ruine de la Syrie, qui sont annoncées dans cet oracle. Mais, fait remarquable, Éphraïm (nom qui désigne les dix tribus du royaume d’Israël), qui s’était allié avec Damas dans son inimitié contre Jérusalem, se trouve placé sous le même jugement que la Syrie, car “quiconque voudra être ami du monde, se constitue ennemi de Dieu” Jacques 4. 4. Étant associé au mal qui est dans le monde, Éphraïm est jugé avec lui. La gloire de Jacob sera donc affaiblie (verset 4). Israël est comparé au grappillage misérable qui reste quand on secoue l’olivier. Tel sera le résidu de Jacob, tel aussi le reste de la Syrie.
Ésaïe annonce ensuite la conversion du résidu d’Éphraïm (versets 7-11). Elle aura lieu temporairement sous Joas et plus tard sous Ézéchias2 Chroniques 24. 5 ; 30. 11. La prophétie touchant la Syrie a elle aussi été temporairement accomplie quand Tiglath-Piléser prit Damas2 Rois 16. 9. Toutefois, la destruction mentionnée est encore à venir, au temps désigné à trois reprises par l’expression : “en ce jour-là” (versets 4, 7, 9). C’est “en ce jour-là” précédant l’établissement du règne de Christ, que surviendra encore un jugement dans le pays d’Israël : les villes fortifiées seront désolées comme elles le furent devant les armées du peuple de Dieu, sous Josué (verset 9). Car le résidu d’Israël revenu dans sa terre, l’organisera selon ses propres pensées, à l’image, sans doute, des nations d’où il est revenu : ce sont des “ceps étrangers” (verset 10). Il oubliera le Dieu de son salut, attirant ainsi à nouveau le jugement contre lui. Alors aura lieu le rassemblement de peuples nombreux que nous avons déjà vus et verrons encore, mais alors pour leur anéantissement final (verset 13). Ce sera l’épouvante qui survient au temps du soir, mais précédant le matin de la délivrance. C’est un “jour connu de l’Éternel, – pas jour et pas nuit ; et au temps du soir, il y aura de la lumière” Zacharie 14. 5-7.
Jusque-là, nous n’avons rencontré que des nations hostiles à Israël ; mais maintenant Ésaïe s’adresse à un pays puissant – il fait de l’ombre avec ses ailes – qui lui est favorable. Il s’agit d’une puissance maritime et aérienne1 située au-delà des limites des nations énumérées dans les oracles prononcés dans cette partie du livre. Ce pays apporte son aide au peuple juif qui est un peuple merveilleux, sujet d’étonnement pour le monde, car il a conservé son identité sans se mêler aux nations parmi lesquelles il a habité. Israël est la nation qui attend, attend sous l’oppression tandis que sa terre est ravagée par les étrangers.
Quels espoirs va faire naître cette nation amie ! Mais va-t-elle donner à Israël la délivrance tant désirée ? Certes, de nombreux Juifs sont rentrés en Palestine ; le nouvel État d’Israël est un fait historique contemporain, sans que nous puissions pourtant considérer que cette partie de la prophétie soit accomplie. Mais nous avons déjà remarqué, en étudiant ce livre, que de nombreuses prophéties reçoivent un accomplissement partiel, gage de leur plein accomplissement futur.
Israël est aujourd’hui un peuple incrédule, dont la masse cache le petit noyau fidèle que Dieu connaît. Bientôt, en très peu de temps, les oiseaux de proie et les bêtes de la terre, images des agents du jugement de Dieu, fondront sur le peuple qui sera rentré.
C’est “en ce temps-là”, proche sans doute, que ce peuple sera purifié, affiné, comme nous l’avons déjà vu, par la tribulation qu’il traversera. Alors, la nation d’Israël, peuple aujourd’hui répandu au loin et ravagé, pourra être apportée à l’Éternel comme un présent. Le peuple merveilleux, le résidu fidèle, apportera en offrande à l’Éternel, tous ses frères, d’entre toutes les nations (66. 20). Tous seront amenés au lieu où est le nom de l’Éternel des armées, à la montagne de Sion : tout est grâce.