Les enfants que Dieu a donnés à Ésaïe sont proposés aux auditeurs du prophète, comme des signes tangibles que ce qu’il annonce s’accomplira. Leurs noms doivent parler de ce qui va arriver, leur qualité d’enfants les recommande comme objets de l’amour d’Ésaïe, type de ChristHébreux 2. 13. Le prophète et ses fils témoignent que c’est en grâce que Dieu parle à son peuple. Les incrédules seront frappés par des jugements très proches, comme le dit le nom de Maher-Shalal-Hash-Baz (8. 1) ; mais un résidu reviendra, assure le nom de Shéar-Jashub (7. 3). Ce résidu, aussi appelé “disciples” de l’Éternel (verset 15), a gardé sa parole, “la loi et le témoignage” ; aussi, il verra l’aurore qui sera refusée aux incrédules (verset 20). Ceux-ci auront écouté les évocateurs d’esprits, les “morts”, ceux qui ne s’attendent plus à la vérité. (comp. 38. 18). Leur chemin d’égarement les conduit dans l’affliction, la faim et la déception, jusqu’aux épaisses ténèbres où ils sont repoussés (verset 22).
Quand le peuple eut abandonné son Dieu, il tomba progressivement dans la détresse. Zabulon et Nephthali (qui constituent sensiblement la Galilée) ont été d’abord “légèrement” frappés (8. 23), sans doute par les Syriens1 Rois 15. 20, en préfiguration des jugements plus graves qui devaient plus tard atteindre tout le pays. Soudain, le discours prophétique s’interrompt. Ésaïe contemple “une grande lumière” qui brille sur la Galilée méprisée. C’est la description du ministère de Christ qui, à sa première venue, commença par la GaliléeMatthieu 4. 13-16 ; Marc 1. 14 ; Luc 4. 14.
Remarquons, par parenthèse, que le petit noyau de croyants d’alors devint le commencement de l’Église, sujet que ne touche pas Ésaïe, mais qui est pleinement révélé par l’apôtre Paul après que le Seigneur Jésus mort et ressuscité s’est assis à la droite de Dieu dans le ciel.
C’est l’apparition glorieuse du Seigneur, Emmanuel, qui amènera le résidu futur à la lumière et à la joie de la moisson. On partagera le butin de l’Assyrien détruit. L’oppression sera passée, la guerre ne sera plus. Le résidu délivré goûtera les bénédictions qui caractériseront le règne du Fils qui lui aura été donné. Le Seigneur, assis sur le trône de David, commencera son règne de justice et de paix.
Ne vaut-il pas la peine de nous arrêter un moment pour considérer les gloires du Seigneur Jésus énumérées dans notre passage ?
“On appellera son nom Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix” (verset 5).
Merveilleux est proprement un nom de Christ : merveilleux dans l’insondable mystère de sa personne, car “personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père” Matthieu 11. 27. Ce nom n’avait pu être révélé à ManoahJuges 13. 18, ni non plus à Ésaïe, car ce n’est qu’à l’annonce de sa venue comme Sauveur qu’il fut annoncé à Marie : “Tu appelleras son nom Jésus” Luc 1. 31. Ce nom est celui que Dieu lui a donné, au-dessus de tout nomPhilippiens 2. 9, et il rappelle à nos cœurs son amour, son obéissance, ses souffrances et sa mort, mais aussi son prochain retourApocalypse 22. 20.
Il est aussi Conseiller ; Christ, sur toutes choses Dieu béni éternellementRomains 9. 5 ; n’est-il pas seul digne de porter ce nom, lui, la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu1 Corinthiens 1. 24 ? “Que tes œuvres sont nombreuses, ô Éternel ! tu les as toutes faites avec sagesse” Psaume 104. 24.
Mais le conseil et la puissance sont liésProverbes 8. 14, 15. C’est pourquoi il est appelé : Dieu fort, celui qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance et a fait par lui-même la purification des péchésHébreux 1. 3.
Son titre de Père du siècle lui revient de plein droit, car toutes choses ont été créées par lui et pour lui ; et lui est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par luiColossiens 1. 17 et il est aussi celui qui fait toutes choses nouvellesApocalypse 21. 5.
Il est enfin le Prince de paix, titre que seul peut revendiquer celui qui, dès maintenant, est “notre paix” Éphésiens 2. 14 et en qui s’accomplira dans sa plénitude la prophétie de Michée : “et lui sera la paix” Michée 5. 4, car il a “fait la paix par le sang de sa croix” Colossiens 1. 20.
Les titres donnés au Seigneur Jésus, si brièvement que nous ayons pu les examiner, nous font saisir quelque chose des gloires de son règne et du bonheur parfait de la création sous sa domination.
Nous pouvons penser que pour Ésaïe, l’exposé de la misère morale du peuple de Dieu et l’annonce de sa détresse sous le jugement à venir, étaient un grand sujet de tristesse. Mais, dans sa grâce, Dieu se plaît à encourager son serviteur – et nous aussi – en lui faisant partager quelque chose de ses propres délices en la personne du Fils de son amour, qu’il a donné pour le salut des pécheurs.