Ici la prophétie est adressée à Achaz, roi impie et idolâtre, au moment où Retsin, roi de Syrie, et Pékakh, roi d’Israël, montèrent faire la guerre à Jérusalem. L’Éternel envoie alors Ésaïe et son fils (dont le nom Shéar-Jashub signifie : un résidu reviendra, témoin de la fidélité de Dieu) à la rencontre d’Achaz, avec un message d’encouragement. L’Éternel permettrait-il que Pékakh et Retsin détruisent la lignée de David, avec qui il avait fait une alliancePsaume 89. 20-38 et que soit établi à sa place le fils de Tabeël (verset 6) ? Le royaume d’Israël, Éphraïm, dont la capitale était Samarie, pouvait bien être allié à la Syrie contre Juda : ces deux rois étaient comparables à deux tisons près de s’éteindre. Mais la fin prochaine d’Éphraïm est annoncée à Achaz (verset 8), pour l’avertir que Juda ne pourra subsister que par la foi.
Le signe qu’Achaz est invité à demander va révéler son état : va-t-il se confier en Dieu ou dans le roi d’Assyrie ? Préférant ses propres pensées à celles de Dieu2 Rois 16. 7, Achaz refuse son offre, lassant ainsi sa patience (verset 13). Pourtant, le Seigneur va donner à la maison de David, le signe merveilleux de sa fidélité (car ses promesses sont sans repentir). Emmanuel, le vrai fils de David, fils de la vierge, est annoncé, Dieu manifesté dans un homme vivant au milieu des hommes. Sur la base de cette promesse, le retour d’un résidu est annoncé pour un temps futur. Sans transition, en effet, le prophète revient (verset 16) à “l’enfant”. Notons qu’il n’est pas dit ici “fils”, mais “enfant”. Le titre de fils est réservé à Emmanuel ; le nom d’enfant s’applique à Shéar-Jashub (un résidu reviendra). Ce que cet enfant était pour Ésaïe, préfigure ce que le résidu sera pour l’Éternel : un peupleLévitique 26. 11, 12 ; des fils et des filles, selon la citation en 2 Corinthiens 6. 18.
Quant au pays des deux rois dont Achaz avait peur (verset 16), il serait abandonné tandis que l’Assyrien sur lequel il comptait pour être délivré allait dévaster entièrement son pays.
Toutes choses servent l’Éternel, pour l’accomplissement de ses desseins. À son appel (il sifflera), la mouche et l’abeille accourront (verset 18). La mouche symbolise ici l’Égypte, et rappelle à Israël que l’incrédulité du Pharaon avait attiré cette plaie désastreuse sur son paysExode 8. 16-20. La désobéissance d’Israël le mettait à la merci des plaies de l’ÉgypteExode 15. 26 et de sa puissance2 Rois 23. 31-35. Les abeilles, en grand nombre, poursuiventDeutéronome 1. 44 et environnentPsaume 118. 12 ceux qu’elles attaquent. L’abeille représente ici l’Assyrie qui s’acharnera sur Israël. L’image du rasoir de louage pris au-delà du fleuve, exprime à la fois l’étendue des ravages annoncés et la honte du peuple, car “il enlèvera aussi la barbe”, causant deuil et humiliation pour Israël (15. 2) 2 Samuel 10. 4, 5 ; Jérémie 41. 5. La fin du chapitre décrit la désolation du pays après le passage des Assyriens. La réponse de l’Éternel à l’incrédulité d’Achaz nous rappelle sa réponse à la désobéissance d’Adam : à trois reprises, en effet, le prophète annonce que les ronces et les épines, fruits d’un sol placé sous la malédictionGenèse 3. 18, vont remplacer les vignes et les cultures, illustrant l’avertissement toujours actuel : “Celui qui sème pour sa propre chair, moissonnera de la chair la corruption” Galates 6. 8.
Au chapitre 8, l’imminence du jugement de Samarie et de Damas est confirmée par deux avertissements : une grande plaque sur laquelle est écrit “Maher-Shalal-Hash-Baz”, et la naissance d’un fils du prophète qui porte le même nom, signifiant : qu’on se dépêche de butiner. Mais que Juda prenne garde ! Il rejette les eaux paisibles de Siloé, figure du message de paix envoyé par Dieu ; alors les fortes et grosses eaux du fleuve, le roi d’Assyrie, déborderont, atteignant Juda aussi bien qu’Israël. Cela nous mène aux jours de la fin, car déjà l’envoyé de Dieu (Siloé) 1, le Messie, a été rejeté, méprisé, crucifié. Le temps est maintenant proche où le déploiement des ailes du roi d’Assyrie remplira la largeur du pays d’Emmanuel (verset 8). Le pays d’Emmanuel… Ce nom n’annonce-t-il pas sa délivrance finale ? Pourtant le peuple, aveugle, incrédule, ne pense qu’à s’appuyer sur les hommes. Que d’associations et d’alliances, que d’efforts en commun, que de discussions, de conférences, dans l’oubli et le mépris de Dieu ! Aussi l’Éternel répond-il : Vous serez brisés (verset 9), votre conseil n’aboutira à rien, votre parole n’aura pas d’effet. Ne voyons-nous pas ces choses se préparer sous nos yeux ? Mais le résidu, dans la personne d’Ésaïe, est gardé par la présence d’Emmanuel, averti de ne pas marcher dans le chemin d’Achaz et du peuple rebelle. Ce ne sont pas les conjurations qui sont à redouter ; les fidèles n’ont pas à les craindre, mais ils doivent bien plutôt craindre l’Éternel. Il sera pour “pierre d’achoppement et rocher de trébuchement aux deux maisons d’Israël” (Juda et Israël), pour piège et pour lacet aux habitants de Jérusalem.
Nous savons que cela a eu lieu quand Jésus fut rejeté et crucifié par son peuple. Beaucoup ont trébuché ; les désobéissants ont alors trouvé, par le rejet de Christ, une pierre d’achoppement1 Pierre 2. 8.
Le prophète passe enfin (verset 9) aux temps de la fin, pour nous entretenir des disciples du Seigneur à ce moment-là. Leur attachement au témoignage (la parole de Dieu) et à la loi placée comme un sceau sur leurs cœurs, distinguera les disciples au milieu de l’incrédulité. Leur sanctuaire sera l’Éternel des armées (verset 13) ; c’est la part des disciples et cette vision réconforte Ésaïe qui peut alors conclure : “Je m’attendrai à l’Éternel qui cache sa face de la maison de Jacob, et je l’attendrai” (verset 17). Sa confiance et son espérance sont en lui.