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Le livre du prophète Daniel
Sondez les Écritures - 3e année

Daniel 3. 31 - 4. 15

Le chef de l’empire devient une bête

Nebucadnetsar avait publiquement reconnu Dieu comme le Dieu de Daniel après l’interprétation de la vision de la statue (chapitre 2). C’était là un premier avertissement divin à renoncer à son orgueil.

Ensuite, l’épisode de sa statue d’or dans la plaine de Dura et la délivrance des trois martyrs Hébreux hors de la fournaise avaient tourné à la confusion du roi et l’avaient obligé à accepter la souveraineté et la puissance du vrai Dieu. Tel était le deuxième avertissement.

Dans quelle mesure la conscience de Nebucadnetsar avait-elle été touchée par ces deux épisodes ? Le récit du chapitre 4 répond à cette question et montre que l’empereur du monde avait encore de plus profondes leçons à apprendre.

1. Dieu avertit le roi dans une vision : versets 3. 31 – 4. 5

Une proclamation rétrospective : versets 31-33

Nebucadnetsar fait une proclamation à toutes les nations de la terre, pour raconter rétrospectivement l’extraordinaire expérience qu’il avait vécue. Lui, le souverain universel, a été réduit pendant sept ans1 à l’état d’une bête des champs. Après avoir perdu toute conscience de sa relation avec Dieu, il a retrouvé son intelligence, contraint à déclarer devant tous, à la fin, les signes et prodiges du Dieu Très-Haut.

Mais, avant tout jugement, Dieu avertit un homme, une nation ou l’humanité tout entière. Aux jours de Noé, prédicateur de justice, Dieu, dans sa patience, avait longtemps attendu avant de détruire le monde par le déluge1 Pierre 3. 20 ; 2 Pierre 2. 5. Plus tard, le Pharaon a été averti abondamment, mais en vain, avant que les jugements ne fondent sur l’ÉgypteJérémie 46. 17. Jérémie et les prophètes ont annoncé par avance, à Juda et Jérusalem, l’arrivée des Chaldéens. Et maintenant, Dieu avertit encore le monde de la colère qui vient1 Thessaloniciens 1. 10.

L’avertissement divin : versets 1-5

Par une nouvelle vision, Nebucadnetsar est averti pour la troisième fois. “Car Dieu parle une fois, et deux fois – et l’on n’y prend pas garde – Dans un songe, dans une vision de nuit”. “Voilà, Dieu opère toutes ces choses deux fois, trois fois, avec l’homme, pour détourner son âme de la fosse” Job 33. 14, 29.

Un songe terrifiant trouble et effraye le roi. Comme pour le premier songe, il fait appel à tous les sages de Babylone, pour en avoir l’interprétation. Il ne s’agissait plus de retrouver le songe, dont le roi gardait encore un souvenir précis, mais seulement de l’expliquer. Les sages de ce siècle en sont incapables, comme la première fois. On peut s’étonner que Nebucadnetsar n’ait pas consulté Daniel immédiatement. Mais l’homme naturel pense à la terre, et n’a aucune affinité avec ce qui est spirituel. Ce n’est qu’à la fin que Daniel, appelé Belteshatsar, entre devant le roi (verset 5).

2. La révélation de la vision à Daniel : versets 6-15

Le plan de la vision

L’exposé détaillé du songe par le roi à Daniel se divise en trois parties :

  • 1. L’objet du songe : l’arbre, et sa croissance : versets 7-9 ;
  • 2. Le jugement sur l’arbre annoncé par un prophète : versets 10-13 ;
  • 3. Le but et les résultats du jugement : versets 14, 15.

Le début et la fin du récit du roi signalent Daniel comme ayant “l’esprit des dieux saints” (versets 5, 6, 18). Nebucadnetsar ne connaissait pas encore le seul vrai Dieu, le Dieu des cieux, le Dieu Très-Haut. Ce même témoignage à l’esprit des dieux avait déjà été rendu par le Pharaon à Joseph, qui avait interprété son songeGenèse 41. 38.

Nebucadnetsar rapporte alors les “visions de ma tête” (versets 7, 10), expression remarquable, qu’il faut rapprocher de celle employée par Daniel à l’occasion de révélations prophétiques futures (7. 15). C’est la seule fois où un homme de Dieu se réfère à sa tête, siège de l’intelligence. Habituellement, la source de la connaissance est reconnue comme étant en Dieu et en Christ seulsColossiens 2. 3 ; les prophètes ne sont qu’un canal pour la révéler aux hommes.

L’arbre et sa croissance : versets 7-9

Un grand arbre est le symbole d’une puissance terrestre humaine, employé souvent dans l’Écriture pour désigner son opposition à DieuÉsaïe 2. 12, 13. Le prophète Ézéchiel décrit ainsi la puissance de l’AssyrienÉzéchiel 31. 3-9. Christ, dans la gloire de son royaume, sera, plus tard, “un cèdre magnifique” Ézéchiel 17. 23, 24, qui remplacera cette vigne de peu de hauteur, image de Sédécias, dernier roi infidèle en Juda.

L’image de l’arbre est reprise par le Seigneur pour décrire le développement extérieur du royaume des cieux (et de la profession chrétienne) devenu une puissance protectrice qui abrite les oiseaux du cielMatthieu 13. 32. Toutes sortes de personnes y cherchent refuge et protection. L’arbre, dans la vision du roi, est “au milieu de la terre” ; il est de grande hauteur et projette son image sur la terre entière. Il abrite, protège et nourrit les bêtes et les oiseaux2. Le symbole est donc en rapport avec la terre (par opposition à la mer) pour désigner le système organisé par l’homme loin de Dieu (et non la masse confuse des peuples). C’est de la terre que surgira aussi la seconde bête de l’Apocalypse, l’AntichristApocalypse 13. 11, qui exercera sur les fidèles de la fin la même oppression religieuse que Nebucadnetsar dans la Babylone historique idolâtre.

Le jugement de l’arbre : versets 10-14

Le jugement est annoncé par un messager venu du ciel : “un veillant, un saint”. La Parole indique clairement que les exécuteurs du jugement divin sont des angesPsaume 104. 4 ; Hébreux 1. 7, 14. Mais le jugement procède du trône de Dieu, qui “veille sur sa parole pour l’exécuter” Jérémie 1. 12.

L’arbre, symbole d’un homme puissant, doit être abattu : branches, feuillage et fruit. Il cesse désormais d’offrir sa protection et sa nourriture aux hommes. Toutefois, les racines en terre et le tronc subsistent, car le jugement ne doit pas détruire la personne elle-même. Mais celle-ci doit être réduite pour une certaine période (sept temps, probablement sept années) au niveau d’une bête. L’être humain est animé d’une intelligence (l’esprit) par laquelle il peut être en relation avec Dieu, s’il regarde vers lui. Le jugement annoncé annihile cette capacité morale, de sorte que l’homme est ramené au niveau d’un animal des champs, tirant sa nourriture de la terre. Devant Dieu, l’homme pécheur n’est encore aujourd’hui qu’un homme animal1 Corinthiens 2. 14 ; Jude 193.

Le but et les résultats du jugement : versets 14, 15

La sentence de jugement est solennellement attestée par Dieu devant “les vivants” (c’est-à-dire tous les hommes). Le Très-Haut doit être reconnu par eux comme le dominateur suprême. On notera avec intérêt que toute cette scène est commentée par le prophète Habakuk, qui déclare en particulier : “L’Éternel est dans le palais de sa sainteté… que toute la terre fasse silence devant lui !” Habakuk 2. 20

Nebucadnetsar, au terme de la description de son rêve, en appelle à Daniel, seul capable de lui en donner l’interprétation.

Notes

1Les “temps” sont ici des années, comme pour la durée de l’épreuve finale des Juifs (12. 7).
2Les bêtes des champs et les oiseaux du ciel (à l’exception des poissons de la mer) sont mentionnés ici, parce qu’ils avaient été placés sous l’autorité de Nebucadnetsar (2. 38).
3L’homme animal est l’homme animé seulement par son âme créée, sans l’enseignement et la puissance du Saint Esprit.

Daniel 3

31Nebucadnetsar, le roi, à tous les peuples, peuplades et langues, qui habitent sur toute la terre : Que votre paix soit multipliée ! 32Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu Très-haut a opérés à mon égard. 33Ses signes, combien ils sont grands ! Et ses prodiges, combien ils sont puissants ! Son royaume est un royaume éternel, et sa domination est de génération en génération.

Daniel 4

1Moi, Nebucadnetsar, j’étais en paix dans ma maison, et florissant dans mon palais. 2Je vis un songe, et il m’effraya, et les pensées que j’avais sur mon lit, et les visions de ma tête, me troublèrent. 3Et de par moi fut donné un ordre qu’on amène devant moi tous les sages de Babylone pour qu’ils me fassent connaître l’interprétation du songe. 4Alors vinrent les devins, les enchanteurs, les Chaldéens, et les augures ; et je dis le songe devant eux, mais ils ne m’en firent pas connaître l’interprétation ; 5mais, à la fin, entra devant moi Daniel, dont le nom est Belteshatsar, selon le nom de mon dieu, et en qui est l’esprit des dieux saints ; et je dis le songe devant lui.

6Belteshatsar, chef des devins, puisque je sais que l’esprit des dieux saints est en toi, et qu’aucun secret ne t’embarrasse, dis-moi les visions du songe que j’ai vu, et son interprétation. 7Or les visions de ma tête, sur mon lit, [étaient celles-ci] : je voyais, et voici, un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était grande. 8L’arbre crût et devint fort, et sa hauteur atteignit jusqu’aux cieux, et on le voyait jusqu’au bout de toute la terre. 9Son feuillage était beau et son fruit abondant, et en lui il y avait de la nourriture pour tous ; sous son ombre se tenaient les bêtes des champs, et dans ses branches habitaient les oiseaux des cieux ; et de lui toute chair se nourrissait. 10Je voyais, dans les visions de ma tête, sur mon lit, et voici un veillant, un saint, descendit des cieux. 11Il cria avec force, et dit ainsi : Abattez l’arbre et coupez ses branches, faites tomber son feuillage et dispersez son fruit ; que les bêtes s’enfuient de dessous lui, et les oiseaux, de ses branches. 12Toutefois, laissez dans la terre le tronc de ses racines, avec un lien de fer et d’airain [autour de lui], dans l’herbe des champs ; et qu’il soit baigné de la rosée des cieux, et qu’il ait, avec les bêtes, sa part à l’herbe de la terre ; 13que son cœur d’homme soit changé, et qu’un cœur de bête lui soit donné ; et que sept temps passent sur lui. 14Cette sentence est par le décret des veillants, et la chose, par la parole des saints, afin que les vivants sachent que le Très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut, et y élève le plus vil des hommes. 15Ce songe, moi, le roi Nebucadnetsar, je l’ai vu ; et toi, Belteshatsar, dis-en l’interprétation, puisque tous les sages de mon royaume n’ont pas pu me faire connaître l’interprétation ; mais toi, tu le peux, car l’esprit des dieux saints est en toi.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)