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Le livre du prophète Daniel
Sondez les Écritures - 3e année

Daniel 10

Préparation morale de Daniel aux communications divines

La dernière vision du livre est révélée à Daniel, après le retour des Juifs de leur captivité. Comme celle qui précède (9. 24-27), elle est une réponse aux exercices du cœur du prophète, soit en intercession (chapitre 9), soit dans le jeûne (chapitre 10).

Entièrement occupée de l’Orient, cette dernière vision est introduite par un aperçu sur le conflit entre les puissances du bien et du mal dans le monde invisible.

1. La préparation morale du prophète : versets 1-3

Daniel était arrivé vers la fin de sa longue carrière. Il était encore en Mésopotamie, tandis que le résidu juif était déjà remonté à Jérusalem. Aussi n’est-il plus occupé de la captivité de Babylone, et des circonstances immédiates de son peuple. Son cœur encore rempli de la vision donnée par l’ange Gabriel, il comprend que le temps d’épreuve du peuple serait encore long (verset 1).

Une fois encore, Dieu se sert de Daniel pour révéler l’avenir ; mais le prophète pénètre lui-même de façon intelligente dans la portée de la vision. Aussi, poussé par l’Esprit de Christ, il continue à affliger son âme devant Dieu : ce long jeûne de trois semaines, pour un vieillard comme lui, en est une preuve touchante (verset 3). Cette période semble, d’après le contexte, être la même que celle mentionnée par l’ange plus tard (verset 13).

L’exemple du prophète nous enseigne que nous ne pourrons nous identifier avec les afflictions du peuple de Dieu, que si nous sommes dans une communion intime avec Dieu. Une préparation morale (figurée par l’humiliation et le jeûne) est toujours nécessaire pour nous rendre capables de recevoir les pensées de Dieu et discerner sa volonté.

2. La vision de Christ au bord du Tigre : versets 4-9

Là, auprès du fleuve des nations, Daniel contemple une vision glorieuse, celle du Fils de l’homme, Christ (versets 5, 6). Plusieurs de ses caractères ou attributs sont ceux qu’il revêtira devant l’apôtre Jean, dans l’île de PatmosApocalypse 1. 13-16 :

  • 1. Le vêtement de lin : C’est le symbole de la pureté, en rapport avec le jugement (12. 6, 7) Ézéchiel 9. 2.
  • 2. La ceinture d’or sur les reins : La gloire de Dieu (l’or) s’exprime en justice dans le Messie, le RoiÉsaïe 11. 5.
  • 3. Le visage comme un éclair : Sur la sainte montagne, le visage du Messie resplendit comme le soleilMatthieu 17. 2 ; 2 Pierre 1. 17, 18. Plus tard, le soleil de justice apportera la guérison dans ses ailesMalachie 3. 20.
  • 4. Les yeux comme des flammes de feu : “Les yeux de l’Éternel qui parcourent toute la terre” Zacharie 4. 10 scrutent toutes choses, comme la parole de Dieu.
  • 5. Les bras comme l’airain poli : ses actes sont selon le juste jugement divin.
  • 6. Les pieds aussi semblables à l’airain : la stabilité et la marche glorieuse sont aussi basées sur le jugementÉzéchiel 1. 27 ; Psaume 89. 14.
  • 7. La voix puissante : toute la terre doit faire silence devant luiHabakuk 2. 20.

On comprend l’effet produit sur Daniel, et sur ceux qui étaient avec lui, par la vision et par la voix qui s’adresse à lui (versets 7-9) ; frappé de stupeur, il tombe sur sa face contre terre.

3. Le conflit des puissances spirituelles dans le monde invisible : versets 10-14

Le ministère des anges lève alors un coin du voile qui nous sépare du monde invisible mystérieux. Les anges, esprits administrateurs, sont des serviteurs de Dieu, envoyés pour servir les saintsPsaume 103. 21, 22 ; Hébreux 1. 14.

Un ange1 est envoyé ici pour relever, fortifier et instruire Daniel : “je suis maintenant envoyé vers toi”, dit-il (verset 11). La main de l’ange relève Daniel, pour lui communiquer la puissance divine. Ensuite, il reçoit l’assurance d’être un “homme bien-aimé”. Enfin, fortifié et conscient d’être aimé de Dieu, il est qualifié pour recevoir le message angélique. L’ange avait été envoyé auprès de lui comme conséquence de ses prières et de ses exercices de cœur (verset 12). Quel encouragement pour chacun de nous à persévérer ainsi dans la prière, particulièrement dans les mauvais jours !

Daniel apprend alors de l’ange pourquoi Dieu, qui avait prêté l’oreille aux supplications de son serviteur, “dès le premier jour”, semblait avoir tardé à lui répondre. Un conflit avait surgi dans le monde spirituel invisible entre les puissances du bien et du mal :

  • D’un côté, “Micaël” (c’est-à-dire Michel, l’archange), venu au secours de l’ange qui parlait maintenant à Daniel. Micaël, “un des premiers chefs”, sera même appelé “le grand chef” (12. 1). Il était désigné par Dieu pour veiller sur les intérêts d’Israël sur la terre.
  • De l’autre côté, “le chef du royaume de Perse”, un ange déchu, envoyé par Satan pour dresser le pouvoir politique, détenu par la Perse, contre les activités de Dieu. Ce solennel combat entre les puissances du bien et du mal a duré trois semaines, précisément la période pendant laquelle Daniel était dans le jeûne.

L’ange déclare alors à Daniel l’importance de son message (verset 14). La vision sera exposée plus loin dans le détail (chapitres 11 et 12), mais sa portée prophétique est soulignée dès maintenant : elle concerne “ton peuple à la fin des jours”. A travers tous les événements historiques des nations, Dieu poursuit ses voies à l’égard d’Israël2, jusqu’à la fin (la consommation du siècle et l’instauration du royaume de Christ).

4. Consolations et promesses divines : versets 15-19

Bouleversé à nouveau par l’ampleur des révélations, Daniel devient muet. L’exemple du prophète montre ici combien le corps d’un croyant peut être touché par les préoccupations et les souffrances de son esprit.

Une nouvelle intervention angélique (“la ressemblance des fils des hommes”) lui redonne la parole, bien que toute énergie lui manque encore (versets 16, 17). L’aspect d’un homme (probablement encore un ange) continue le service divin envers le prophète : “Ne crains pas, homme bien-aimé ; paix te soit ! sois fort, oui, sois fort !” (versets 18, 19). Dans la confiance en Dieu, Daniel trouve la paix et la force. Ce dialogue de communion entre Dieu et son bien-aimé serviteur, en face du conflit mystérieux entre les puissances du monde invisible, est d’une grande beauté.

5. Introduction aux révélations à venir : versets 20, 21

Car, en fait, la lutte continuait entre le bien et le mal. L’ange qui avait déjà parlé à Daniel (versets 10-14) poursuit ses révélations. Avant de retourner combattre le chef de la Perse (cet ange déchu déjà évoqué au verset 13), l’ange (un saint ange de Dieu) devait communiquer à Daniel un message divin (c’est l’objet des chapitres 11 et 12), “consigné dans l’écrit de vérité” (verset 21). Nous retiendrons pour nous que toute la révélation prophétique que Dieu nous destine est contenue dans l’Écriture ; c’est un tout qui s’interprète par lui-même, bien que beaucoup de choses demeurent obscures pour nos esprits finis2 Pierre 1. 20.

Mais lorsque l’ange reprendrait son combat, une autre puissance de mal se présenterait contre lui, le chef de Javan (la Grèce). Il s’agit précisément du royaume qui allait renverser l’empire médo-perse. Poussées par Satan (le dieu de ce monde), la Grèce et la Perse (les deux royaumes étant représentés chacun par leur chef, ces deux anges déchus) feraient la guerre à Daniel et au peuple de Dieu. Le conflit avec les puissances des ténèbres devait donc se poursuivre.

En prenant en main les intérêts du peuple de Daniel, l’ange n’est aidé que par Micaël. Ainsi, à travers toutes les voies de Dieu sur la terre, l’archange veille au bien de la nation élue.

Notes

1Il semble que cet être, introduit mystérieusement ici dans le récit (verset 10) soit bien un ange, distinct de l’homme vêtu de lin (verset 5). Certains pensent qu’il peut s’agir de la même créature (céleste). S’il en est bien ainsi, la vision apparue à Daniel ne se rapporterait pas à Christ lui-même ; l’ange présenterait certains de ses attributs. Dans l’Apocalypse, Christ apparaît quelquefois sous le caractère d’un ange (par exemple en Apocalypse 10. 1).
2

Il ne s’agit donc pas, comme quelques-uns l’ont pensé :

  • soit de l’histoire de la chrétienté ou de la papauté ;
  • soit de la conduite de grands stratèges humains, comme Napoléon.

Daniel 10

1La troisième année de Cyrus, roi de Perse, une chose fut révélée à Daniel qui est appelé du nom de Belteshatsar ; et la chose est vraie, mais le temps d’épreuve déterminé est long. Et il comprit la chose et eut l’intelligence de la vision.

2En ces jours-là, moi, Daniel, je menai deuil trois semaines entières ; 3je ne mangeai pas de pain agréable, et la chair et le vin n’entrèrent pas dans ma bouche ; et je ne m’oignis point, jusqu’à ce que trois semaines entières soient accomplies.

4Et le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais au bord du grand fleuve qui est le Hiddékel ; 5et je levai les yeux, et je vis ; et voici un homme vêtu de lin, et ses reins étaient ceints d’or d’Uphaz ; 6et son corps était comme une chrysolithe, et son visage comme l’aspect de l’éclair, et ses yeux comme des flammes de feu, et ses bras et ses pieds comme l’apparence de l’airain poli, et la voix de ses paroles comme la voix d’une multitude. 7Et moi, Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne virent pas la vision, mais un grand tremblement tomba sur eux, et ils coururent pour se cacher. 8Et moi je fus laissé seul, et je vis cette grande vision ; et il ne resta aucune force en moi, et mon teint fraisa fut changé en corruption, et je ne conservai aucune force. 9Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, comme j’entendais la voix de ses paroles, je tombaib dans une profonde stupeur sur ma face, et ma face contre terre. 10Et voici, une main me toucha et me secoua, [et me mit] sur mes genoux et sur les paumes de mes mains. 11Et il me dit : Daniel, homme bien-aimé, comprends les paroles que je te dis, et tiens-toi debout à la place où tu es ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et comme il parlait avec moi, [disant] cette parole, je me tins debout, tremblant. 12Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et moi, je suis venu à cause de tes paroles ; 13mais le chef du royaume de Perse m’a résisté 21 jours, et voici, Micaël, un des premiers chefs, vint à mon secours : et je restaic là, auprès des rois de Perse. 14Et je suis venu pour te faire comprendre ce qui arrivera à ton peuple à la fin des jours ; car la vision est encore pour [beaucoup de] d jours. 15Et comme il parlait avec moi selon ces paroles, je tournai ma face vers la terre, et je devins muet. 16Et voici, comme la ressemblance des fils des hommes toucha mes lèvres. Et j’ouvris ma bouche et je parlai, et je dis à celui qui se tenait devant moi : Mon seigneur, par la vision les douleurs m’ont saisi, et je n’ai conservé aucune force. 17Et comment le serviteur de mon seigneur, que voici, parlerait-il avec mon seigneur, que voici ? Car pour moi, dès maintenant, aucune force ne subsiste en moi, et il ne reste plus en moi de souffle. 18Et comme l’aspect d’un homme me toucha de nouveau, et me fortifia, 19et il dit : Ne crains pas, homme bien-aimé ; paix te soit ! sois fort, oui, sois fort ! Et comme il parlait avec moi, je pris des forces, et je dis : Que mon seigneur parle, car tu m’as fortifié.

20Et il dit : Sais-tu pourquoi je suis venu vers toi ? Et maintenant, je m’en retournerai pour combattre contre le chef de la Perse ; et quand je sortirai, voici, le chef de Javane viendra. 21Cependant je te déclarerai ce qui est consigné dans l’écrit de vérité ; et pas un seul ne tient ferme avec moi contre ceux-làf, sinon Micaël, votre chef.

Notes

aou : ma beauté.
blitt. : je fus.
cd’autres : je prévalus.
dou : pour ces.
ela Grèce.
fou : pour ces choses.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)