La dernière vision du livre est révélée à Daniel, après le retour des Juifs de leur captivité. Comme celle qui précède (9. 24-27), elle est une réponse aux exercices du cœur du prophète, soit en intercession (chapitre 9), soit dans le jeûne (chapitre 10).
Entièrement occupée de l’Orient, cette dernière vision est introduite par un aperçu sur le conflit entre les puissances du bien et du mal dans le monde invisible.
Daniel était arrivé vers la fin de sa longue carrière. Il était encore en Mésopotamie, tandis que le résidu juif était déjà remonté à Jérusalem. Aussi n’est-il plus occupé de la captivité de Babylone, et des circonstances immédiates de son peuple. Son cœur encore rempli de la vision donnée par l’ange Gabriel, il comprend que le temps d’épreuve du peuple serait encore long (verset 1).
Une fois encore, Dieu se sert de Daniel pour révéler l’avenir ; mais le prophète pénètre lui-même de façon intelligente dans la portée de la vision. Aussi, poussé par l’Esprit de Christ, il continue à affliger son âme devant Dieu : ce long jeûne de trois semaines, pour un vieillard comme lui, en est une preuve touchante (verset 3). Cette période semble, d’après le contexte, être la même que celle mentionnée par l’ange plus tard (verset 13).
L’exemple du prophète nous enseigne que nous ne pourrons nous identifier avec les afflictions du peuple de Dieu, que si nous sommes dans une communion intime avec Dieu. Une préparation morale (figurée par l’humiliation et le jeûne) est toujours nécessaire pour nous rendre capables de recevoir les pensées de Dieu et discerner sa volonté.
Là, auprès du fleuve des nations, Daniel contemple une vision glorieuse, celle du Fils de l’homme, Christ (versets 5, 6). Plusieurs de ses caractères ou attributs sont ceux qu’il revêtira devant l’apôtre Jean, dans l’île de PatmosApocalypse 1. 13-16 :
On comprend l’effet produit sur Daniel, et sur ceux qui étaient avec lui, par la vision et par la voix qui s’adresse à lui (versets 7-9) ; frappé de stupeur, il tombe sur sa face contre terre.
Le ministère des anges lève alors un coin du voile qui nous sépare du monde invisible mystérieux. Les anges, esprits administrateurs, sont des serviteurs de Dieu, envoyés pour servir les saintsPsaume 103. 21, 22 ; Hébreux 1. 14.
Un ange1 est envoyé ici pour relever, fortifier et instruire Daniel : “je suis maintenant envoyé vers toi”, dit-il (verset 11). La main de l’ange relève Daniel, pour lui communiquer la puissance divine. Ensuite, il reçoit l’assurance d’être un “homme bien-aimé”. Enfin, fortifié et conscient d’être aimé de Dieu, il est qualifié pour recevoir le message angélique. L’ange avait été envoyé auprès de lui comme conséquence de ses prières et de ses exercices de cœur (verset 12). Quel encouragement pour chacun de nous à persévérer ainsi dans la prière, particulièrement dans les mauvais jours !
Daniel apprend alors de l’ange pourquoi Dieu, qui avait prêté l’oreille aux supplications de son serviteur, “dès le premier jour”, semblait avoir tardé à lui répondre. Un conflit avait surgi dans le monde spirituel invisible entre les puissances du bien et du mal :
L’ange déclare alors à Daniel l’importance de son message (verset 14). La vision sera exposée plus loin dans le détail (chapitres 11 et 12), mais sa portée prophétique est soulignée dès maintenant : elle concerne “ton peuple à la fin des jours”. A travers tous les événements historiques des nations, Dieu poursuit ses voies à l’égard d’Israël2, jusqu’à la fin (la consommation du siècle et l’instauration du royaume de Christ).
Bouleversé à nouveau par l’ampleur des révélations, Daniel devient muet. L’exemple du prophète montre ici combien le corps d’un croyant peut être touché par les préoccupations et les souffrances de son esprit.
Une nouvelle intervention angélique (“la ressemblance des fils des hommes”) lui redonne la parole, bien que toute énergie lui manque encore (versets 16, 17). L’aspect d’un homme (probablement encore un ange) continue le service divin envers le prophète : “Ne crains pas, homme bien-aimé ; paix te soit ! sois fort, oui, sois fort !” (versets 18, 19). Dans la confiance en Dieu, Daniel trouve la paix et la force. Ce dialogue de communion entre Dieu et son bien-aimé serviteur, en face du conflit mystérieux entre les puissances du monde invisible, est d’une grande beauté.
Car, en fait, la lutte continuait entre le bien et le mal. L’ange qui avait déjà parlé à Daniel (versets 10-14) poursuit ses révélations. Avant de retourner combattre le chef de la Perse (cet ange déchu déjà évoqué au verset 13), l’ange (un saint ange de Dieu) devait communiquer à Daniel un message divin (c’est l’objet des chapitres 11 et 12), “consigné dans l’écrit de vérité” (verset 21). Nous retiendrons pour nous que toute la révélation prophétique que Dieu nous destine est contenue dans l’Écriture ; c’est un tout qui s’interprète par lui-même, bien que beaucoup de choses demeurent obscures pour nos esprits finis2 Pierre 1. 20.
Mais lorsque l’ange reprendrait son combat, une autre puissance de mal se présenterait contre lui, le chef de Javan (la Grèce). Il s’agit précisément du royaume qui allait renverser l’empire médo-perse. Poussées par Satan (le dieu de ce monde), la Grèce et la Perse (les deux royaumes étant représentés chacun par leur chef, ces deux anges déchus) feraient la guerre à Daniel et au peuple de Dieu. Le conflit avec les puissances des ténèbres devait donc se poursuivre.
En prenant en main les intérêts du peuple de Daniel, l’ange n’est aidé que par Micaël. Ainsi, à travers toutes les voies de Dieu sur la terre, l’archange veille au bien de la nation élue.