Prophétiquement, nous sommes transportés à l’orient de la terre d’Israël, alors que la scène précédente se déroulait à l’occident.
L’Esprit de Dieu revient sur les deux empires (symbolisés par les deuxième et troisième bêtes du chapitre 7), pour en donner maintenant une histoire plus détaillée.
Symbolisé auparavant par un ours (7. 5), l’empire médo-perse est ici assimilé à un bélier1. Les deux cornes soulignent la dualité du pouvoir (les Mèdes et les Perses). La corne plus haute (historiquement la dernière) confirme la suprématie de la Perse sous Cyrus. L’empire a engagé des conquêtes irrésistibles dans toutes les directions (occident, nord et midi). Après avoir renversé Babylone, il s’est assuré la suprématie, “selon son gré”, sur toutes les autres nations. Mais il doit céder la place à un autre royaume.
La figure du léopard ailé (7. 6) est maintenant changée en celle d’un bouc. Sans toucher terre (à cause de la rapidité de ses conquêtes), le bouc vient de l’occident (la Grèce) pour couvrir toute la terre. C’est la description saisissante des conquêtes grecques sous Alexandre-le-Grand, symbolisé par la corne de grande apparence entre les yeux. Auparavant, il s’était acharné contre la Perse pour la détruire et prendre sa place (versets 6, 7). Les deux empires perse et grec sont mentionnés ici pour introduire les lieux où se dérouleront les événements prophétiques futurs.
A la mort d’Alexandre, en -323 (représentée par la corne brisée), ses quatre généraux (symbolisés par les quatre cornes de grande apparence) lui succèdent ; mais ils se disputent le pouvoir en faisant éclater l’empire grec dans toutes les directions (les quatre vents des cieux). Les quatre royaumes correspondants ont été : la Syrie (le nord), l’Égypte (le midi), la Grèce (l’occident) et la Thrace (l’orient). Les deux derniers ont rapidement succombé à la puissance de Rome. Par contre, les deux premiers (Syrie et Égypte) ont subsisté plus longtemps, pour jouer un rôle important en rapport avec Israël ; ils réapparaîtront (comme les royaumes du nord et du midi) sur la carte prophétique future.
Du royaume de Syrie monte une petite corne (verset 9), dont l’histoire est résumée symboliquement. Elle est bien distincte de la petite corne (de l’occident) du chapitre précédent (7. 8, 20), qui représentait le chef de l’empire romain établi à Rome. Cette nouvelle petite corne (sortie de l’orient), au contraire, s’établit en Syrie, pour devenir une grande puissance ; son pouvoir s’étend (à partir du nord) en direction de l’orient, du midi et de la terre d’Israël2.
Sans nul doute, cette petite corne représente historiquement le roi Antiochus Épiphane, de la branche des Séleucides, descendants de Seleucus, le général d’Alexandre établi en Syrie (le nord). Elle présente aussi prophétiquement le roi du Nord et la puissance de l’Assyrie, qui joueront un rôle essentiel dans les derniers jours. Les prophètes en parlent abondammentÉsaïe 10. 5, 24.
L’activité de la corne est alors décrite en rapport avec la terre d’Israël, le peuple de Dieu, et Dieu lui-même. Elle s’attaque d’abord à l’armée des cieux3, figure ici du peuple d’Israël (ou plutôt de Juda) établi à Jérusalem. Elle écrase une partie de ses autorités dirigeantes (des étoiles). Une parenthèse (versets 11, 12) interrompt la description des persécutions du royaume de Syrie (la corne) contre les Juifs, pour souligner l’activité personnelle de son chef dans la ville de Jérusalem. Il est question maintenant du roi (“il”) et non plus de la corne (“elle”), c’est-à-dire du royaume en général. Le roi s’élève donc jusqu’à Christ (le “chef de l’armée”). Le sacrifice continuel est ôté (à Christ), et le sanctuaire est renversé. Antiochus, en effet, a fait cesser les sacrifices dans le temple d’Esdras à Jérusalem, et a profané le sanctuaire de Dieu. Ces moments terribles étaient permis par Dieu pour châtier son peuple infidèle (c’était bien “pour cause de transgression”). Toutefois, leur durée serait limitée.
L’histoire de la corne reprend (versets 13, 14). Ses actions d’éclat (par la fourberie, la fraude et la flatterie, selon : 11. 20-24) sont un défi à la vérité, qui a “trébuché sur la place publique”, et qui “fait défaut” Ésaïe 59. 14, 15.
Devant l’ampleur et la solennité de la vision, qui touchait de si près le peuple de Dieu, on comprend le désir de Daniel d’en connaître l’interprétation. Dieu lui répond par le service d’un ange, revêtu d’une forme humaine. L’apparence d’un homme se tient auprès du prophète pour l’encourager ; il appelle l’ange Gabriel à descendre pour lui faire comprendre la vision. Cet homme, qui a autorité pour donner de telles instructions aux anges, serait-il une image de Christ, lui le Fils de l’homme ?
La Parole souligne encore la faiblesse humaine du prophète devant l’ampleur des visions, et la touchante miséricorde de Dieu qui encourage son serviteur.
La vision que Gabriel s’apprête à interpréter doit avoir une première application historique (passée pour nous), qui annonce une autre réalisation prophétique (encore future pour nous). Tel est le sens des expressions : “la vision est pour le temps de la fin” (verset 17), et : “ce qui aura lieu à la fin de l’indignation” (verset 19).
La succession des empires médo-perse et grec est confirmée, pour bien montrer l’origine de la petite corne venue de l’orient. Il est ajouté que la puissance des royaumes issus du règne d’Alexandre n’atteindrait pas la sienne.
Au moins vingt-trois siècles s’écoulent et le Saint Esprit nous transporte, sans transition, vers un temps à venir ; l’expression “au dernier temps” le confirme. Alors, le roi du Nord, “un roi au visage audacieux”, sera le chef de l’Assyrie, le dernier ennemi public d’Israël, avant la venue glorieuse de Christ.
Son territoire d’action sera celui du royaume du nord historique (verset 9), et ses méthodes de gouvernement (fraude, tromperie, flatteries, corruption et même occultisme) seront les mêmes que celles de son modèle historique, Antiochus Épiphane.
Sa puissance sera épaulée par celle d’une autre grande nation, très probablement la Russie, associée à l’Assyrien de la finÉzéchiel 38. 1-6.
Aveuglé par son orgueil, il osera s’élever même contre le “prince des princes”, Christ lui-même. Mais, “Il sera brisé sans main” (verset 25), c’est-à-dire détruit par un acte de puissance divine. Cette prophétie est confirmée plus loin (11. 45). Ainsi sera la fin de celui qui avait été un instrument dans la main de Dieu pour châtier son peupleÉsaïe 10. 5. Le jugement et la mort de ce roi marqueront “la fin de l’indignation” (verset 19), c’est-à-dire le terme du juste courroux de Dieu contre Israël.
L’ange Gabriel certifie la vérité de la vision et demande à Daniel de la conserver dans son cœur. Défaillant dans son corps, il ne trouve aucun secours autour de lui pour partager son fardeau. Pourtant, il continue avec fidélité son service à la cour du roi. Combien peuvent être profonds et variés les exercices de cœur d’un serviteur fidèle !