La vision de la statue révélait la succession des quatre monarchies dans le cours des temps des nations.
Le Saint Esprit présente maintenant quatre tableaux historiques (dans chacun des chapitres 3 à 6) qui montrent les caractères moraux et la conduite des empires (ou de leur chef).
Le premier tableau présenté est donc celui de la statue d’or et de l’idolâtrie.
Abandonnant rapidement le vrai Dieu qui venait de lui révéler ses pensées par la vision de la statue, Nebucadnetsar se fait maintenant une statue d’or, un dieu pour lui-même. Car qu’elle soit d’or, de bois ou de toute autre matière, l’idole est le dieu de l’homme égaréÉsaïe 44. 15-20. Le roi détourne donc le pouvoir qu’il avait reçu de Dieu pour satisfaire ses ambitions personnelles.
La statue dressée dans la plaine de Dura, d’une hauteur de trente mètres environ, et d’une largeur de trois mètres, représentait un poids d’or considérable : les immenses richesses que détenait le peuple de Dieu du temps de Salomon1 Rois 10. 14, 23, sont maintenant aux mains des nations et de son chef. Les temps des nations commencent donc par un grand déploiement de splendeur idolâtre. Comment se termineront-ils ? Le livre de l’Apocalypse donne la réponse. Un roi puissant (la bête romaine), recevra sa puissance du dragon (Satan), et non plus de DieuApocalypse 13. 2. Soutenu par l’Antichrist, qui placera son image dans le temple de Jérusalem pour y être adorée, ce roi séduira toutes les nations de la terre, à l’exception de quelques fidèles, qui n’accepteront pas sa marque impie.
La dédicace de la statue est l’occasion pour Nebucadnetsar de réunir autour de lui tous les grands de ses royaumes. La liste, donnée deux fois (versets 2, 3) est instructive. On y trouve, dans l’ordre de la hiérarchie croissante : (1) satrapes, (2) préfets, (3) gouverneurs, (4) grands juges, (5) trésoriers, (6) conseillers, (7) légistes, (8) magistrats des provinces. Au sommet de cette pyramide du pouvoir, trône l’empereur de toutes les nations, pour compléter à neuf le nombre des classes de dignitaires présents devant la statue.
Pour assembler maintenant les peuples, peuplades et langues autour de la statue dédicacée, le roi a recours à la musique. Une plénitude d’instruments, à vent ou à cordes, est utilisée à cet effet. Leur liste, répétée intégralement quatre fois (versets 4, 7, 10, 15) comprend : (1) le cor, (2) la flûte, (3) la cithare, (4) la sambuque, (5) le psaltérion, (6) la musette et (7) toute espèce de musique1.
La musique et le chant sont l’expression de la joie du cœur, depuis le cantique de la délivrance chanté au bord de la Mer RougeExode 15. 1, 20, jusqu’au cantique nouveau dans le ciel, accompagné des harpes des saintsApocalypse 5. 8-10.
Toutefois, les premiers instruments de musique (la harpe et la flûte) apparaissent dans la famille de CaïnGenèse 4. 21. Pour rendre plus supportable leur vie misérable sur une terre maudite, ses descendants inventent les arts et les techniques. Dès lors, la musique peut être un instrument dans la main de Satan pour séduire les hommes ; elle touche les sens, sans atteindre les consciences, et peut réveiller dans l’homme les passions les plus viles, et provoquer une hystérie collective. Certains musiciens ne se cachent pas d’être athées, voués à la drogue ou à l’occultisme.
L’appel au ralliement de tous les peuples autour de la statue était assorti d’une menace de châtiment pour les récalcitrants. Apparemment, l’engagement n’était pas grand. Il suffisait de se prosterner devant la statue, à un certain moment, dans la simple soumission au désir du roi.
Mais, en fait, les choses étaient beaucoup plus graves. La statue était une idole, et les démons se cachaient derrière elle. Nebucadnetsar, détenteur du pouvoir civil, se servait en fait des sentiments religieux de l’homme naturel, réveillés par une musique profane, pour asseoir son despotisme ; il entraînait ainsi tout le peuple dans l’idolâtrie.
Les trois Hébreux (Daniel n’était pas avec eux) sont conscients de ce danger, et refusent d’obtempérer à la demande du roi. Trahis et accusés par des hommes chaldéens jaloux de leur position privilégiée à la cour (verset 8), ils comparaissent finalement devant le roi (verset 13).
Perdant tout contrôle de soi, celui-ci manifeste par ses paroles un trait de caractère nouveau. Non seulement, il avait abandonné le vrai Dieu pour s’adonner à l’idolâtrie, mais il se constituait lui-même son propre dieuHabakuk 1. 11. Cet orgueil insensé explique la parole de défi qu’il lance aux trois Hébreux, restés fidèles à leur Dieu, mais apparemment livrés au pouvoir du roi : “Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main” (verset 15). Le conflit était porté maintenant entre le roi impie et Dieu lui-même.
La douceur et la dignité de la réponse de Shadrac, Méshac et Abed-Nego contrastent étrangement avec la violence de l’attaque dont ils sont l’objet. Leur confiance entière en Dieu les conduit à ne pas répondre au roi : “il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet”. Mais, pour autant, la fournaise de feu ne leur sera pas épargnée. Toutefois, Dieu les en délivrera pour manifester sa propre gloire.
A ce moment crucial de l’épreuve, les trois Hébreux manifestent une détermination et une décision de cœur égale à celle de Daniel en face des mets délicats du roi (1. 8). Il est beau de voir la même énergie de la foi devant les séductions de l’adversaire (Daniel) ou devant sa violence meurtrière (les trois Hébreux). La scène montre aussi la vraie position du croyant en face des autorités. L’obéissance leur est due, jusqu’au moment où elles oppriment les consciences. La limite de l’obéissance aux autorités est l’obéissance à Dieu.