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Le livre du prophète Daniel
Sondez les Écritures - 3e année

Daniel 3. 1-18

La statue d’or et l’idolâtrie. La fournaise de feu

La vision de la statue révélait la succession des quatre monarchies dans le cours des temps des nations.

Le Saint Esprit présente maintenant quatre tableaux historiques (dans chacun des chapitres 3 à 6) qui montrent les caractères moraux et la conduite des empires (ou de leur chef).

  • 1. L’idolâtrie et la statue d’or (chapitre 3). La puissance civile se sert de la religion de Satan (l’idolâtrie) pour soumettre les peuples, et sceller l’unité politique. Si la fournaise de feu est la part des témoins fidèles à Dieu, le roi doit reconnaître à la fin que leur Dieu est le seul digne d’être adoré.
  • 2. La perte de conscience des relations avec Dieu (chapitre 4). Le chef de l’empire devient une bête. Non seulement, le pouvoir civil utilise la force et la violence aveugles des bêtes ; mais ici, l’homme devant Dieu est ramené au rang d’un animal des champs (4. 13), tourné vers la terre et privé de toutes les lumières d’en haut. Daniel interprète encore le songe du roi qui annonce son jugement. A l’issue de cette période de déchéance, Nebucadnetsar exalte Dieu comme le roi des cieux.
  • 3. L’impiété (chapitre 5). Le festin de Belshatsar met le comble à l’iniquité et à l’impiété des nations. La profanation des choses saintes et le mépris du culte divin attirent le jugement, annoncé par l’écriture sur le mur de la salle du festin. Il est exécuté cette nuit même, et la monarchie change de mains.
  • 4. L’exaltation de l’homme (chapitre 6). Anticipant les prétentions de l’Antichrist, le chef de l’empire se fait Dieu, et se déclare seul qualifié pour recevoir des prières. La fidélité de Daniel le conduit dans la fosse aux lions, d’où Dieu le fait sortir. Et Darius, comme ses prédécesseurs, doit reconnaître le Dieu de Daniel comme le seul Dieu, qui possède l’autorité dans un royaume qui ne sera pas détruit.

1. La statue d’or, un outrage aux droits de Dieu : versets 1-7

Le premier tableau présenté est donc celui de la statue d’or et de l’idolâtrie.

Abandonnant rapidement le vrai Dieu qui venait de lui révéler ses pensées par la vision de la statue, Nebucadnetsar se fait maintenant une statue d’or, un dieu pour lui-même. Car qu’elle soit d’or, de bois ou de toute autre matière, l’idole est le dieu de l’homme égaréÉsaïe 44. 15-20. Le roi détourne donc le pouvoir qu’il avait reçu de Dieu pour satisfaire ses ambitions personnelles.

La statue d’or et sa dédicace : versets 1-3

La statue dressée dans la plaine de Dura, d’une hauteur de trente mètres environ, et d’une largeur de trois mètres, représentait un poids d’or considérable : les immenses richesses que détenait le peuple de Dieu du temps de Salomon1 Rois 10. 14, 23, sont maintenant aux mains des nations et de son chef. Les temps des nations commencent donc par un grand déploiement de splendeur idolâtre. Comment se termineront-ils ? Le livre de l’Apocalypse donne la réponse. Un roi puissant (la bête romaine), recevra sa puissance du dragon (Satan), et non plus de DieuApocalypse 13. 2. Soutenu par l’Antichrist, qui placera son image dans le temple de Jérusalem pour y être adorée, ce roi séduira toutes les nations de la terre, à l’exception de quelques fidèles, qui n’accepteront pas sa marque impie.

La dédicace de la statue est l’occasion pour Nebucadnetsar de réunir autour de lui tous les grands de ses royaumes. La liste, donnée deux fois (versets 2, 3) est instructive. On y trouve, dans l’ordre de la hiérarchie croissante : (1) satrapes, (2) préfets, (3) gouverneurs, (4) grands juges, (5) trésoriers, (6) conseillers, (7) légistes, (8) magistrats des provinces. Au sommet de cette pyramide du pouvoir, trône l’empereur de toutes les nations, pour compléter à neuf le nombre des classes de dignitaires présents devant la statue.

Le rassemblement des peuples par la musique : versets 4-7

Pour assembler maintenant les peuples, peuplades et langues autour de la statue dédicacée, le roi a recours à la musique. Une plénitude d’instruments, à vent ou à cordes, est utilisée à cet effet. Leur liste, répétée intégralement quatre fois (versets 4, 7, 10, 15) comprend : (1) le cor, (2) la flûte, (3) la cithare, (4) la sambuque, (5) le psaltérion, (6) la musette et (7) toute espèce de musique1.

La musique et le chant sont l’expression de la joie du cœur, depuis le cantique de la délivrance chanté au bord de la Mer RougeExode 15. 1, 20, jusqu’au cantique nouveau dans le ciel, accompagné des harpes des saintsApocalypse 5. 8-10.

Toutefois, les premiers instruments de musique (la harpe et la flûte) apparaissent dans la famille de CaïnGenèse 4. 21. Pour rendre plus supportable leur vie misérable sur une terre maudite, ses descendants inventent les arts et les techniques. Dès lors, la musique peut être un instrument dans la main de Satan pour séduire les hommes ; elle touche les sens, sans atteindre les consciences, et peut réveiller dans l’homme les passions les plus viles, et provoquer une hystérie collective. Certains musiciens ne se cachent pas d’être athées, voués à la drogue ou à l’occultisme.

L’appel au ralliement de tous les peuples autour de la statue était assorti d’une menace de châtiment pour les récalcitrants. Apparemment, l’engagement n’était pas grand. Il suffisait de se prosterner devant la statue, à un certain moment, dans la simple soumission au désir du roi.

2. L’oppression des consciences : versets 8-18

Mais, en fait, les choses étaient beaucoup plus graves. La statue était une idole, et les démons se cachaient derrière elle. Nebucadnetsar, détenteur du pouvoir civil, se servait en fait des sentiments religieux de l’homme naturel, réveillés par une musique profane, pour asseoir son despotisme ; il entraînait ainsi tout le peuple dans l’idolâtrie.

Les trois Hébreux2 et leurs accusateurs : versets 8-15

Les trois Hébreux (Daniel n’était pas avec eux) sont conscients de ce danger, et refusent d’obtempérer à la demande du roi. Trahis et accusés par des hommes chaldéens jaloux de leur position privilégiée à la cour (verset 8), ils comparaissent finalement devant le roi (verset 13).

Perdant tout contrôle de soi, celui-ci manifeste par ses paroles un trait de caractère nouveau. Non seulement, il avait abandonné le vrai Dieu pour s’adonner à l’idolâtrie, mais il se constituait lui-même son propre dieuHabakuk 1. 11. Cet orgueil insensé explique la parole de défi qu’il lance aux trois Hébreux, restés fidèles à leur Dieu, mais apparemment livrés au pouvoir du roi : “Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main” (verset 15). Le conflit était porté maintenant entre le roi impie et Dieu lui-même.

La réponse de Shadrac, Méshac et Abed-Nego : versets 16-18

La douceur et la dignité de la réponse de Shadrac, Méshac et Abed-Nego contrastent étrangement avec la violence de l’attaque dont ils sont l’objet. Leur confiance entière en Dieu les conduit à ne pas répondre au roi : “il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet”. Mais, pour autant, la fournaise de feu ne leur sera pas épargnée. Toutefois, Dieu les en délivrera pour manifester sa propre gloire.

A ce moment crucial de l’épreuve, les trois Hébreux manifestent une détermination et une décision de cœur égale à celle de Daniel en face des mets délicats du roi (1. 8). Il est beau de voir la même énergie de la foi devant les séductions de l’adversaire (Daniel) ou devant sa violence meurtrière (les trois Hébreux). La scène montre aussi la vraie position du croyant en face des autorités. L’obéissance leur est due, jusqu’au moment où elles oppriment les consciences. La limite de l’obéissance aux autorités est l’obéissance à Dieu.

Notes

1Cor : instrument à vent formé d’une corne animale : (2) flûte : instrument à vent fabriqué à partir d’un roseau (3) cithare : instrument à cordes comparable à la harpe ou à la lyre ; (4) sambuque : instrument à cordes sorte de harpe de forme triangulaire ; (5) psaltérion : harpe à douze cordes (de laiton) touchées avec une écaille de bois ; (6) musette : instrument à vent (comparable à la cornemuse) constitué d’un sac (en peau animale) à soufflet et de deux tuyaux.
2La Parole ne précise pas l’époque de cette scène. Il semble toutefois qu’il y ait un lien de causalité entre le songe de la statue et la statue dans la plaine de Dura. Dans l’incertitude, il est sage de ne plus nommer les amis de Daniel : “les trois jeunes Hébreux”.

Daniel 3

1Nebucadnetsar, le roi, fit une statuea d’or ; sa hauteur était de 60 coudées, sa largeur, de six coudées ; il la dressa dans la plaine de Dura, dans la province de Babylone. 2Et Nebucadnetsar, le roi, envoya [un ordre] pour assembler les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, afin qu’ils viennent pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée. 3Alors s’assemblèrent les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée ; et ils se tinrent devant la statue que Nebucadnetsar avait dressée.

4Et un héraut cria avec force : Il vous est ordonné, peuples, peuplades, et langues : 5Aussitôt que vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, a dressée ; 6et quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas, sera jeté à l’heure même au milieu d’une fournaise de feu ardent. 7C’est pourquoi, au moment même où tous les peuples entendirent le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, et toute espèce de musique, tous les peuples, peuplades et langues, se prosternèrent [et] adorèrent la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée.

8À cause de cela, en ce même moment, des hommes chaldéens s’approchèrent et accusèrentb les Juifs. 9Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar : Ô roi, vis à jamais ! 10Toi, ô roi, tu as donné ordre que tout homme qui entendrait le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, se prosterne et adore la statue d’or, 11et que quiconque ne se prosternerait pas et n’adorerait pas, serait jeté au milieu d’une fournaise de feu ardent. 12Il y a des hommes juifs, que tu as établis sur les services de la province de Babylone, Shadrac, Méshac et Abed-Nego : ces hommes ne tiennent pas compte de toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux, et la statue d’or que tu as dressée ils ne l’adorent pas. 13Alors Nebucadnetsar, en colère et en fureur, commanda d’amener Shadrac, Méshac et Abed-Nego ; alors on amena ces hommes devant le roi. 14Nebucadnetsar prit la parole et leur dit : Est-ce à dessein, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mon dieu, et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai dressée ? 15Maintenant, si, au moment où vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous êtes prêts à vous prosterner et à adorer la statue que j’ai faite… ; mais si vous ne l’adorez pas, à l’instant même vous serez jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main ? 16Shadrac, Méshac et Abed-Nego répondirent et dirent au roi : Nebucadnetsar, il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet. 17S’il en est [comme tu dis], notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et il [nous] délivrera de ta main, ô roi ! 18Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as dressée.

Notes

aou : image.
baccuser, ici et 6. 25, litt. : manger les morceaux de.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)