La fermeté des trois Hébreux, sans défense mais fidèles à leur Dieu, était intolérable pour le roi du monde. Dans sa fureur, il commande de chauffer la fournaise de feu sept fois plus qu’à l’ordinaire, avant d’y faire jeter ceux qui résistent à ses caprices. Tel est le monde, encore aujourd’hui.
Mais, remarquablement, ce moment est celui de l’intervention divine. Le jugement du roi tombe d’abord sur les hommes les plus vaillants de son armée, tués par l’ardeur du feu (verset 22). C’est là un principe divin : quiconque touche aux élus de Dieu, le fait pour son propre dommage : “Car celui qui vous touche, touche à la prunelle de son œil” Zacharie 2. 12.
Sans offrir de résistance à l’ardeur de la persécution, Hanania, Mishaël et Azaria se laissent lier et jeter dans la fournaise. La scène de l’adoration de la statue d’or se termine ici du point de vue des activités des hommes, persécuteurs ou martyrs. Les témoins de Dieu ont été sacrifiés aux caprices d’un roi méchant et idolâtre1. « Ils se soumettent complètement aux ordres de Nebucadnetsar quant au corps, et ne lui cèdent rien quant à l’âme », a écrit un commentateur. N’est-ce pas là l’attitude selon Dieu de tous les martyrs qui ont exposé leur vie pour leur témoignage ?
La Parole ne mentionne rien de la position personnelle de Daniel à ce moment. Pourtant, il se tenait à la porte du roi (2. 49). La suite de son histoire montre bien qu’il n’avait pas renié sa foi : elle sera éprouvée à la fin de sa vie, dans l’épisode de la fosse aux lions.
La seconde intervention de Dieu est maintenant de délivrer ceux qui avaient mis leur confiance en lui. Leur Dieu “pouvait” les délivrer (verset 17), et il l’a fait (verset 25). C’est un sujet de consternation pour Nebucadnetsar, qui semble être seul pour assister à cette scène surnaturelle (verset 24). Les yeux du roi sont ouverts un instant pour voir l’invisible et comprendre sa folie d’entrer en conflit avec le Dieu des cieux. Deux miracles l’étonnent :
Quelle scène ! D’un côté, Dieu accomplit ainsi la promesse faite à Jacob et à Israël, par le prophète Ésaïe : “Quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas” Ésaïe 43. 2. De l’autre côté, ces témoins “éteignirent la force du feu” Hébreux 11. 34 par la puissance de la foi.
Le feu de l’épreuve, allumé par les hommes, est dans les mains de Dieu un instrument pour libérer les croyants de ce qui les enchaîne, et les faire jouir de la présence divine. Ainsi, l’épreuve, comparée au feu de l’affineurMalachie 3. 3, purifie l’argent de ses scories, pour en faire un vase pour l’orfèvreProverbes 25. 4. Cet exemple encourage chacun de nous à mettre sa confiance en Dieu, dans toutes les circonstances de la vie, qu’elles aient ou non l’intensité de la fournaise. Au milieu de l’épreuve, le Seigneur marche avec les siens. En grâce, il partage leurs souffrances et leur opprobre, pour leur faire goûter sa communion. Paul en a fait la touchante expérience aux derniers jours de sa vie, avant de connaître le martyre2 Timothée 4. 16, 17.
La délivrance divine en faveur des trois Hébreux doit être publiquement connue. S’adressant à eux (qu’il appelle serviteurs du Très-Haut), Nebucadnetsar les invite à sortir de la fournaise (verset 26). En présence de tous les grands de son royaume, le roi constate l’intervention divine en faveur des témoins de la foi (verset 27). Ils avaient livré leur corps par fidélité à leur Dieu. Maintenant, ils sortent libres et indemnes pour paraître aux yeux de tous.
Les promesses de DieuHébreux 13. 5, 6 auront un prix particulier pour les fidèles de la fin en butte aux tentations et aux persécutions des puissances politiques et religieusesApocalypse 12. 13-17 ; 13. 6-8. Après avoir traversé victorieusement de terribles épreuves, ils apparaîtront devant le monde, à l’image des deux témoins qui seront ressuscités à JérusalemApocalypse 11. 11.
L’espérance chrétienne est plus élevée encore : c’est l’assurance d’une place avec Christ dans le ciel pour une éternité de bonheur. Tous ceux qui auront laissé leur vie par fidélité à Christ, à l’image des martyrs de Smyrne, sont particulièrement concernés par cette promesse, rappelée pour soutenir leur foi jusqu’à la mortApocalypse 2. 10.
Confondu par l’évidence de ce miracle, Nebucadnetsar reconnaît alors Dieu comme le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego, comme il l’avait précédemment déclaré le Dieu de Daniel, possédant toute puissance (2. 47). Pour le roi, la quatrième personne dans la fournaise était bien un ange de Dieu, envoyé pour sauver ses serviteurs.
La statue d’or (l’idole) est maintenant publiquement rejetée et déclarée n’être qu’un faux dieu. Les accusateurs des Juifs (verset 8), sont réduits au silence (verset 29), et menacés de graves sanctions s’ils n’honorent pas le seul vrai Dieu.
Enfin, les Hébreux méprisés sont élevés aux yeux de tous à Babylone, comme Daniel l’avait été auparavant. Lorsque le royaume du Fils de l’homme sera établi sur la terre, l’Éternel lui-même “ôtera l’opprobre de son peuple de dessus toute la terre” Ésaïe 25. 8.
Dans le temps présent, le chrétien n’attend pas de sa fidélité à Christ un honneur dans le monde. Sa récompense est d’un tout autre ordre : c’est la joie de son Maître dans le cielMatthieu 25. 21, 23.