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Le livre du prophète Daniel
Sondez les Écritures - 3e année

Daniel 5

Le festin impie de Belshatsar

Le monde n’est pas présenté ici sous son caractère de persécution religieuse (chapitre 3) ou d’orgueil (chapitre 4), mais sous la forme plus subtile de l’impiété et du mépris délibéré des choses de Dieu.

Historiquement, le récit se place à la fin de la période de domination du royaume de Chaldée, la tête d’or de la statue (2. 38), avant que n’apparaisse le royaume médo-perse, figuré par la poitrine et les bras d’argent (2. 39). Le festin de Belshatsar et le jugement qui en a été la solennelle conclusion établissent précisément la transition entre ces deux royaumes. Ce n’est plus un acte direct de souveraineté divine qui confie le pouvoir aux nations, mais un transfert providentiel d’autorité.

Le nom de Belshatsar, qui signifie prince de Bel, garde l’empreinte des faux dieux de Chaldée et de Nebucadnetsar (4. 5) Ésaïe 46. 11.

1. Profanation des ustensiles du sanctuaire. L’écriture sur la muraille : versets 1-6

Dans cette nuit de festin et d’orgie, Belshatsar, probablement sous l’emprise de la boisson, commande de faire apporter les ustensiles de la maison de Dieu. Non seulement, les invités s’en servent pour y boire du vin, ce qui était une profanation ; mais ils les associent au culte de leurs faux dieux (verset 4), pour provoquer le vrai Dieu.

Dieu avait bien livré son autel et son sanctuaire aux mains des nations, à cause de l’infidélité de son peupleLamentations de Jérémie 2. 7. Mais les ustensiles de sa maison restaient saints, consacrés, et quel droit les nations idolâtres avaient-elles de les profaner ? Quand il n’y a en apparence plus de témoins, Dieu prend lui-même soin de sa gloire. Les Philistins en avaient fait la douloureuse expérience en présence de l’arche dont ils s’étaient emparés1 Samuel 5.

Dieu n’agit que lorsque l’iniquité est parvenue à son comble, comme le montrent les exemples des AmoréensGenèse 15. 16 ou de Juda2 Chroniques 36. 16. C’était bien le cas : l’insolence de Belshatsar et de ses mille méritait une intervention divine immédiate. Ce n’est pas par un déploiement de puissance angélique que Dieu parle : ce sont “les doigts d’une main d’homme”, dirigés de façon mystérieuse, qui écrivent sur la muraille du palais le jugement divin du roi impie et infidèle. C’était bien le doigt de Dieu : les devins d’Égypte l’avaient autrefois reconnu comme seul capable de créer la vieExode 8. 15. Puis, en Horeb, les tables de la loi portaient une écriture divineExode 32. 16.

Ici, la sentence de jugement est signée par Dieu lui-même (verset 5). Incapable de comprendre le message, le roi est saisi de terreur : “C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant” Hébreux 10. 31.

2. Appel aux sages de Babylone. La reine mère et Daniel : versets 7-16

Belshatsar, comme Nebucadnetsar autrefois (2. 2), fait appel aux enchanteurs du royaume pour lire l’écriture et l’interpréter ; leur incapacité augmente encore le trouble du roi (verset 9).

La reine, à l’ouïe de la scène, entre dans le palais. C’était probablement la Reine Mère, fille de Nebucadnetsar, la propre mère du roi Belshatsar. Absente du festin impie, elle n’approuvait pas la conduite de son fils. L’histoire de la cour de Babylone lui avait laissé le souvenir de Daniel, dont le nom même semblait être tombé maintenant dans l’oubli. C’est ainsi que le monde oublie toujours l’homme pauvre et sage qui délivre la villeEcclésiaste 9. 13-18.

Daniel est alors introduit devant le roi (verset 13). Les services que le prophète avaient rendus à Nebucadnetsar reviennent à la mémoire de Belshatsar, au temps de sa détresse. Le roi promet à Daniel richesses et pouvoir2, s’il peut interpréter l’écriture.

3. Déclaration de Daniel et interprétation de l’écriture : versets 17-28

La dignité de Daniel en présence du roi, et en réponse à ses offres, est très belle. Le croyant fidèle ne peut rien recevoir du monde, comme Abraham refusant les présents du roi de Sodome, après la défaite des roisGenèse 14. 22, 23. Le service pour Dieu ne peut jamais être rémunéré par des valeurs mondaines.

Avant d’interpréter l’écriture, Daniel rappelle, dans l’ordre, à Belshatsar :

  • 1. Les prérogatives du pouvoir absolu que Dieu avaient confiées à son père Nebucadnetsar (versets 18, 19).
  • 2. Le mauvais usage que celui-ci en avait fait (versets 20, 21) : la puissance avait engendré l’orgueil, que le Très-Haut avait jugé.
  • 3. Sa négligence coupable de n’avoir pas tenu compte de l’histoire de son grand-père : “Tu n’as pas humilié ton cœur, bien que tu aies su tout cela” (verset 22). Un reproche comparable avait été adressé de la part de Dieu par Jérémie à Jehoïakim parce qu’il n’avait pas imité l’exemple de son père JosiasJérémie 22. 15, 16.
  • 4. Sa faute inexcusable de s’être “élevé contre le Seigneur des cieux” (verset 23). La profanation des vases du sanctuaire de Dieu était une insulte délibérée contre lui. Il avait en outre refusé de reconnaître l’autorité du Dieu créateur (le souffle de l’homme est entre ses mains), et les comptes que toute créature doit lui rendre.

L’écriture divine sur le mur annonçait un jugement immédiat, en conséquence des faillites successives des chefs de l’empire de Chaldée. Le message était écrit en chaldéen, leur propre langue. Pour les sages, les mots n’avaient pourtant aucun lien entre eux, et leur portée était indéchiffrable. Mais Daniel, conduit par le Saint Esprit, en donne la clef :

  • 1. MENE, MENE (compté, compté) : d’abord, Dieu compte les actions des hommes, et les enregistre dans les livres, en vue du jugementApocalypse 20. 12. Ici, non seulement les méchantes actions de Belshatsar sont comptées, mais aussi les jours de son royaume et ses propres jours, et Dieu y met un terme.
  • 2. THEKEL (pesé) : ensuite, Dieu pèse à sa balance. Cet acte implique l’idée d’une évaluation morale des actions des hommes. La balance du sanctuaire est une balance de justiceJob 31. 6. Par Dieu, les actions sont pesées1 Samuel 2. 3. Il pèse “tous les chemins” de l’hommeProverbes 5. 21, son “esprit” Proverbes 16. 2, et même son “cœur” Proverbes 21. 2 ; 24. 12.

A cette balance, Belshatsar est trouvé en manque de poids, à l’image des fils du commun (dans leur vanité) et des fils des grands (dans leur mensonge) Psaume 62. 10.

  • 3. UPHARSIN3 (PERES, divisé) : enfin, Dieu rétribue en jugement. Contrairement aux cas antérieurs, on ne trouve pas ici d’appel à la repentance, mais la déclaration du verdict final de Dieu, et du jugement qui doit s’exécuter.

Ainsi que l’a écrit un commentateur, « le récit présente le dernier caractère de l’iniquité de la puissance des nations contre le Dieu d’Israël, et le jugement qui en résulte pour la monarchie dont Babylone a été le chef, et à laquelle elle avait imprimé son caractère ».

4. Le jugement du roi impie cette nuit-là : versets 29-30

Quel a été l’effet sur Belshatsar de cette terrible sentence ? En dépit des refus de Daniel, le roi l’investit sur-le-champ et publiquement des honneurs promis (verset 29). Avait-il la moindre conscience de l’imminence de son jugement ? N’était-il pas aussi insensé que le riche de la paraboleLuc 12. 20 ? En cette nuit-là, la mort violente de Belshatsar consacre la chute finale de la Babylone historique, annoncée à l’avance par le prophète JérémieJérémie 51. 54, 55. Le pouvoir est immédiatement transféré à l’empire médo-perse.

Prophétiquement, cette scène est l’image du jugement de la seconde Babylone, décrit en détail par l’apôtre JeanApocalypse 18. 10. Ces deux jugements de la ville coupable (jugement historique passé et jugement prophétique futur) sont accompagnés du même pressant appel de Dieu adressé aux siens de sortir du milieu d’elleJérémie 51. 45 ; Apocalypse 18. 4.

Notes

1La Parole mentionne un autre roi de Chaldée entre Nebucadnetsar et Belshatsar : Évil-Merodac (2 Rois 25. 27 ; Jérémie 52. 31). D’après des découvertes archéologiques faites à Ur en Chaldée, il semble confirmé que Belshatsar serait petit-fils de Nebucadnetsar, placé sur le trône par son père Nabonide, lui-même gendre de Nebucadnetsar. L’Écriture emploie souvent indifféremment le titre de fils ou petit-fils (versets 2, 18), pour indiquer le lien généalogique.
2La place proposée de troisième gouverneur semble confirmer que Belshatsar n’avait que la seconde place dans le royaume ; Nabonide, son père, qui n’apparaît pas dans la scène, conservait la première place.
3Les mots “peres” et “upharsin” sont deux formes différentes (participe passif et participe actif) d’un même verbe chaldéen qui signifie “diviser”.

Daniel 5

1Le roi Belshatsar fit un grand festin à 1 000 de ses grands, et but du vin devant les 1 000. 2Belshatsar, comme il buvaita le vin, commanda d’apporter les vases d’or et d’argent que son père Nebucadnetsar avait tirés du temple qui était à Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, y boivent. 3Alors on apporta les vases d’or qu’on avait tirés du temple de la maison de Dieu, qui était à Jérusalem ; et le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, y burent. 4Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de bois, et de pierre. 5En ce même moment, les doigts d’une main d’homme sortirent, et écrivirent, vis-à-vis du chandelier, sur le plâtre de la muraille du palais du roi ; et le roi vit l’extrémité de la main qui écrivait. 6Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent ; et les liens de ses reins se délièrent, et ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre.

7Le roi cria avec force d’amener les enchanteurs, les Chaldéens et les augures. Le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture et m’en indiquera l’interprétation sera revêtu de pourpre, et [aura] une chaîne d’or autour de son cou, et sera le troisième gouverneur dans le royaume. 8Alors arrivèrent tous les sages du roi, mais ils ne purent lire l’écriture ni faire connaître au roi l’interprétation. 9Alors le roi Belshatsar fut extrêmement troublé, et il changea de couleur ; et ses grands furent bouleversés. 10La reine, à cause des paroles du roi et de ses grands, entra dans la maison du festin. La reine prit la parole et dit : Ô roi, vis à jamais ! Que tes pensées ne te troublent pas, et ne change pas de couleur : 11il y a un homme dans ton royaume, en qui est l’esprit des dieux saints ; et, aux jours de ton père, de la lumière, et de l’intelligence, et une sagesse comme la sagesse des dieux, ont été trouvées en lui ; et le roi Nebucadnetsar, ton père, – ton père, ô roi, l’a établi chef des devins, des enchanteurs, des Chaldéens, des augures, 12parce qu’un esprit extraordinaire, et la connaissance et l’intelligence pour interpréter les songes et pour expliquer les énigmes et pour résoudre les problèmes difficiles, ont été trouvés en lui, en Daniel, à qui le roi a donné le nom de Belteshatsar. Que Daniel soit donc appelé, et il indiquera l’interprétation.

13Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Es-tu ce Daniel, l’un des fils de la captivité de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda ? 14Et j’ai entendu dire de toi que l’esprit des dieux est en toi, et que de la lumière, et de l’intelligence, et une sagesse extraordinaire se trouvent en toi. 15Et maintenant, les sages, les enchanteurs, ont été amenés devant moi, afin qu’ils lisent cette écriture et m’en fassent connaître l’interprétation, et ils n’ont pu indiquer l’interprétation de la choseb. 16Et j’ai entendu dire de toi que tu peux donner des interprétations et résoudre les problèmes difficiles. Maintenant, si tu peux lire l’écriture et m’en faire connaître l’interprétation, tu seras vêtu de pourpre, et tu auras une chaîne d’or autour de ton cou, et tu seras le troisième gouverneur dans le royaume.

17Alors Daniel répondit et dit devant le roi : Que tes présents te demeurent, et donne tes récompenses à un autre. Toutefois je lirai l’écriture au roi, et je lui en ferai connaître l’interprétation. 18Ô roic, le Dieu Très-haut donna à Nebucadnetsar, ton père, le royaume, et la grandeur, et l’honneur, et la majesté ; 19et, à cause de la grandeur qu’il lui donna, tous les peuples, les peuplades et les langues, tremblaient devant lui, et le craignaient ; il tuait qui il voulait, et il conservait en vie qui il voulait ; il exaltait qui il voulait, et il abaissait qui il voulait. 20Mais quand son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’orgueil, il fut précipité du trône de son royaume, et sa dignité lui fut ôtée ; 21et il fut chassé du milieu des fils des hommes, et son cœur fut rendu semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on le nourrit d’herbe comme les bœufs, et son corps fut baigné de la rosée des cieux, jusqu’à ce qu’il connut que le Dieu Très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il y établit qui il veut. 22Et toi, son fils Belshatsar, tu n’as pas humilié ton cœur, bien que tu aies su tout cela. 23Mais tu t’es élevé contre le Seigneur des cieux ; et on a apporté devant toi les vases de sa maison, et toi et tes grands, tes femmes et tes concubines, vous y avez bu du vin ; et tu as loué les dieux d’argent et d’or, d’airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient, et n’entendent, et ne comprennent point ; et le Dieu en la main duquel est ton souffle, et à qui appartiennent toutes tes voies, tu ne l’as pas glorifié. 24Alors a été envoyée de sa part l’extrémité de la main, et cette écriture a été tracée. 25Et voici l’écriture qui a été tracée : Mené, Mené, Thekel, Upharsind ! 26Voici l’interprétation des paroles. Mené : Dieu a compté ton royaume, et y a mis fin. 27Thekel : Tu as été pesé à la balance, et tu as été trouvé manquant de poids. 28Pérès : Ton royaume est divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.

29Alors Belshatsar donna des ordrese, et on vêtit Daniel de pourpre, et [on mit] une chaîne d’or à son cou, et on proclama qu’il serait le troisième gouverneur dans le royaume. 30En cette nuit-là, Belshatsar, roi des Chaldéens, fut tué.

Notes

alitt. : goûtait.
bou : des paroles.
clitt. : Toi, ô roi.
dCompté, compté, pesé et divisé.
elitt. : dit.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)