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Le livre du prophète Daniel
Sondez les Écritures - 3e année

Daniel 4. 16-34

Le chef de l’empire devient une bête

3. L’interprétation de la vision par Daniel : versets 16-24

Daniel et le roi : verset 16

La vision produit une profonde impression sur Daniel, quand il comprend qu’elle s’applique au roi, devant qui il se tenait. Conscient de la stupéfaction et du trouble du prophète, Nebucadnetsar l’invite à parler. Il fallait beaucoup de courage pour révéler la portée du songe.

Daniel a-t-il été à ce moment à la hauteur de sa mission ? Il semble atténuer son message, en suggérant que le jugement divin était le résultat d’une vengeance des ennemis du roi, ou au moins en souhaitant que ceux-ci soient frappés à la place du roi. Mais gardons-nous de juger, même en pensée, ce fidèle serviteur de Dieu ! On notera simplement que, pour la seule fois dans le livre, ce n’est pas “Daniel1, dont le nom est Belteshatsar”, qui parle. C’est seulement “Belteshatsar” (son nom chaldéen), qui s’adresse au roi.

L’interprétation de la vision : versets 17-23

Daniel reprend en détail la description du songe, pour en souligner toute l’importance.

L’arbre est ici un symbole de Nebucadnetsar lui-même, alors que la tête d’or dans le premier songe (2. 37, 38) englobait l’ensemble de la dynastie des Chaldéens, constituant le premier des quatre empires des nations.

Le jugement annoncé par le songe va tomber personnellement sur le roi, comme conséquence de son orgueil, mais sera limité dans le temps (sept temps), et n’entraînera pas la perte du royaume, comme plus tard pour Belshatsar (5. 30, 6. 1). Il faudra que Nebucadnetsar reconnaisse la suprématie du Très-Haut.

Un appel à la repentance : verset 24

Avant que le jugement ne s’exécute, Daniel avertit le roi une dernière fois avec instance. Il lui adresse la solennelle supplication de rompre avec ses péchés et son iniquité. Exercer la justice et montrer de la compassion envers les affligés serait la preuve d’un changement de disposition du cœur du roi, dans l’exercice de son pouvoir.

Dans les mêmes termes, l’apôtre Paul, parlant de la justice, de la tempérance et du jugement à venir, adressera plus tard au gouverneur Félix un avertissement qui le remplira de frayeurActes 24. 25.

Mais rien ne peut toucher ou changer le cœur de l’homme, sauf Dieu, et à son heure : Félix renverra Paul, tandis que Nebucadnetsar ne manifeste aucune repentance à ce moment-là.

L’entrevue entre le roi et le prophète se termine par le sceau du jugement.

4. Le jugement tombe sur Nebucadnetsar : versets 25-30

C’est maintenant l’accomplissement historique de tout ce qui précède. Un an de répit a été accordé par Dieu à Nebucadnetsar. Dans l’orgueil suprême de son cœur, le roi se promène sur son palais2. Oubliant qu’il a reçu tout le pouvoir de Dieu, il s’attribue lui-même la force et la magnificence de son royaume. Dès que l’homme déclare : “J’ai bâti” (verset 27), il perd sa relation avec Dieu.

Le jugement est immédiat : annoncé par une voix du ciel (verset 28), il est appliqué sans délai (verset 30).

Les sept temps, mentionnés à nouveau (verset 29), sont probablement sept années, la durée réelle du jugement. Ils ont aussi une portée prophétique pour couvrir une période complète dans les voies de Dieu envers le monde. Il s’agit de toute la durée des temps des nationsLuc 21. 24. L’exemple de Nebucadnetsar a été ou est encore reproduit par beaucoup de chefs des nations, qui s’élèvent dans leur cœur en oubliant Dieu. Le chrétien, soumis aux autorités du pays dans lequel il vit, ne peut pas attendre d’amélioration dans le gouvernement du monde. Il est invité à se tenir à l’écart de toute la vie politique de celui-ci. L’orgueil et l’esprit d’indépendance vis-à-vis de Dieu (le principe même du péché) rabaissent donc l’homme, créature de Dieu, au niveau d’une bête, privée d’intelligence. La situation est d’autant plus grave que l’homme avait une position plus élevée devant les autres, comme Nebucadnetsar. Le psalmiste peut dire : “L’homme qui est en honneur et n’a point d’intelligence, est comme les bêtes qui périssent” Psaume 49. 21.

5. Dieu est reconnu comme le Roi des cieux : versets 31-34

Après cette période d’humiliation nécessaire, Nebucadnetsar prend la parole pour déclarer ce que Dieu lui avait enseigné.

Le roi bénit le Très-Haut, le Dieu souverain : versets 31, 32

Après avoir été cette bête inintelligente tournée vers la terre, il devient un homme intelligent regardant vers les cieux, pour bénir “le Très-Haut”. Ce nom remarquable de Dieu est mentionné pour la première fois dans l’entretien de Melchisédec avec Abraham : “Le Dieu Très-Haut, possesseur des cieux et de la terre” Genèse 14. 19. Sous ce titre et ce caractère, Dieu se plaira à “réunir en un toutes choses dans le Christ” Éphésiens 1. 10, lui, le divin Melchisédec : ce sera le “rétablissement de toutes choses” dans le règne millénaire, annoncé par les prophètesActes 3. 21.

Dieu n’a de comptes à rendre à personne ; par contre, tous les hommes, qui sont néant devant lui, lui en doivent.

Une louange finale : versets 33, 34

Tout ce que Dieu lui avait pris momentanément lui est maintenant rendu, aux yeux de tous. Alors, le roi termine par une note de louange à l’adresse du “roi des cieux”. Celui même qui avait été perdu par son orgueil insensé (verset 30) reconnaît, à l’issue de l’épreuve, la juste place de soumission de tous les humains devant Dieu. Ainsi, la grâce divine illimitée clôt cette solennelle scène de jugement. Et le dernier souvenir que l’Écriture nous laisse du souverain des nations est celui d’un homme à l’esprit abaissé qui magnifie le Dieu des cieux.

Notes

1Daniel, nom hébreu personnel du prophète (qui signifie Dieu est juge) implique une relation avec Dieu.
2Probablement les jardins suspendus de Babylone, considérés par les hommes comme l’une des sept merveilles du monde.

Daniel 4

16Alors Daniel, dont le nom est Belteshatsar, fut stupéfié pour une heure environ, et ses pensées le troublèrent. Le roi prit la parole et dit : Belteshatsar, que le songe et son interprétation ne te troublent pas. Belteshatsar répondit et dit : Mon seigneur ! que le songe soit pour ceux qui te haïssent, et son interprétation pour tes ennemis. 17L’arbre que tu as vu, qui croissait et devenait fort, et dont la hauteur atteignait jusqu’aux cieux, et qu’on voyait de toute la terre, 18et dont le feuillage était beau et le fruit abondant, et qui avait de la nourriture pour tous, sous lequel habitaient les bêtes des champs, et dans les branches duquel demeuraient les oiseaux des cieux : 19c’est toi, ô roi, qui t’es agrandi et es devenu puissant ; et ta grandeur s’est accrue et atteint jusqu’aux cieux, et ta domination, jusqu’au bout de la terre. 20Et quant à ce que le roi a vu un veillant, un saint, descendre des cieux et dire : Abattez l’arbre et détruisez-le ; toutefois laissez dans la terre le tronc de ses racines, avec un lien de fer et d’airain [autour de lui], dans l’herbe des champs, et qu’il soit baigné de la rosée des cieux, et qu’il ait sa part avec les bêtes des champs jusqu’à ce que sept temps passent sur lui, –21c’est ici l’interprétation, ô roi, et la décision du Très-haut, ce qui va arriver au roi, mon seigneur : 22On te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera avec les bêtes des champs, et on te fera manger l’herbe comme les bœufs, et tu seras baigné de la rosée des cieux, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu connaisses que le Très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut. 23Et quant à ce qu’on a dit de laisser le tronc des racines de l’arbre, ton royaume te demeurera, quand tu auras connu que les cieux dominent. 24C’est pourquoi, ô roi, que mon conseil te soit agréable ; et romps avec tes péchés par la justice, et avec ton iniquité, par la compassion envers les affligés, si ce peut être un prolongement de ta paix.

25Tout cela arriva au roi Nebucadnetsar. 26Au bout de douze mois, il se promenait sur le palais du royaume de Babylone. 27Le roi prit la parole et dit : N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie pour être la maison de mon royaume, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ? 28La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix tomba des cieux : Roi Nebucadnetsar, il t’est dit : Le royaume s’en est allé d’avec toi ; 29et on te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera avec les bêtes des champs ; on te fera manger de l’herbe comme les bœufs, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu connaisses que le Très-haut domine sur le royaume des hommes et qu’il le donne à qui il veut. 30Au même instant la parole s’accomplit sur Nebucadnetsar : il fut chassé du milieu des hommes, et il mangea de l’herbe comme les bœufs, et son corps fut baigné de la rosée des cieux, jusqu’à ce que ses cheveux soient devenus longs comme [les plumes] de l’aigle, et ses ongles, comme ceux des oiseaux.

31Et à la fin de ces jours, moi, Nebucadnetsar, j’élevai mes yeux vers les cieux, et mon intelligencea me revint, et je bénis le Très-haut, et je louai et magnifiai celui qui vit éternellement, duquel la domination est une domination éternelle, et dont le royaume est de génération en génération ; 32et tous les habitants de la terre sont réputés comme néant, et il agit selon son bon plaisir dans l’armée des cieux et parmi les habitants de la terre ; et il n’y a personne qui puisse arrêter sa main et lui dire : Que fais-tu ? 33Dans ce temps-là, mon intelligencea me revint, et, pour la gloire de mon royaume, ma magnificence et ma splendeur me revinrent, et mes conseillers et mes grands me cherchèrent, et je fus rétabli dans mon royaume, et ma grandeur fut extraordinairement augmentée. 34Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue et j’exalte et je magnifie le roi des cieux, dont toutes les œuvres sont vérité, et les voies, jugementb, et qui est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil.

Notes

alitt. : connaissance.
bjuste jugement.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)