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Le livre du prophète Daniel
Sondez les Écritures - 3e année

Daniel 2. 1-30

La vision de Nebucadnetsar et la succession des empires

1. La vision et les menaces du roi : versets 1-16

La vision de Nebucadnetsar

Dès le début de son règne (la deuxième année), Nebucadnetsar reçoit à son insu des communications divines par des rêves qui le plongent dans un trouble profond. Il faut se souvenir qu’il avait reçu directement de Dieu le royaume avec le pouvoir absolu, de vie et de mort sur les hommes (5. 18, 19).

Dieu lui parlait de façon énigmatique par ces visions, mais avait permis de plus que le roi ait perdu la mémoire de ceux-ci. Pour comprendre le message divin, Nebucadnetsar allait ainsi dépendre complètement de Daniel, le prophète de Dieu.

L’impuissance de tous les devins

Le roi se tourne d’abord vers les sages de sa cour : devins, enchanteurs, magiciens et Chaldéens sont appelés en consultation. Voués aux sciences occultes, tous ces menteurs au service des puissances du mal prétendaient révéler les secrets, prédire l’avenir et pénétrer le monde invisible. Malgré l’interdiction formelle de DieuLévitique 19. 31 ; Deutéronome 18. 10, le mal avait même gagné Jérusalem, ainsi qu’en témoigne JérémieJérémie 29. 8, 9. Le monde contemporain ne s’est en rien amélioré sur ce point, avec la prolifération actuelle des activités de voyance, de magie, d’occultisme et d’astrologie.

C’était l’occasion pour Nebucadnetsar de mettre ses devins à l’épreuve ; sa demande, totalement déraisonnable sur le plan humain, était assortie de menaces de mort en cas d’échec ou de promesses de récompenses, en cas de succès. Devant leurs réticences, les devins sont accusés de vouloir “gagner du temps” ou “acheter le temps” (verset 8) 1. Tous les sages s’accordent à reconnaître que la question posée sortait des capacités humaines (versets 10, 11). Saisi d’une ardente colère, le roi met alors ses menaces de mort à exécution, et signe le décret de détruire tous les sages, y compris Daniel et ses compagnons. Humainement, la situation était sans issue.

Daniel entre en scène

Mais l’impuissance de l’homme devient l’occasion pour Dieu de faire éclater sa puissance. La main divine avait tout dirigé pour que l’empereur des nations rende gloire au Dieu des cieux (verset 47) ; et le Tout-Puissant avait préparé Daniel pour accomplir ce dessein. Tenu injustement à l’écart de la première consultation, le prophète entre en scène à cet instant critique.

Sa première réaction, sage et prudente, est d’obtenir d’Arioc, le chef des gardes, une audience auprès du roi (elle lui est accordée), et de demander du temps pour interpréter le songe. Comment Daniel pouvait-il être certain, même avec ce délai de grâce, que le secret lui serait révélé par Dieu ? Par la foi, il se confiait pleinement en Dieu qui l’avait envoyé à Babylone et veillait là sur lui.

Ce premier épisode de la vie publique de Daniel à Babylone présente plusieurs traits de similitude avec la situation de Joseph en Égypte. Selon le témoignage même du Pharaon, ce jeune Hébreu, serviteur, était un homme “en qui est l’esprit de Dieu”, qu’il nommera “Tsaphnath-Pahnéakh”, c’est-à-dire : révélateur de secrets, sauveur du monde et soutien de la vieGenèse 41. 12, 38, 45. Joseph avait seulement révélé l’interprétation du songe du Pharaon. Daniel, lui, devait d’abord reconstituer le songe du roi, avant de le lui expliquer.

2. Prière de Daniel et actions de grâces : versets 17-23

La prière d’intercession : versets 17, 18

“Alors, Daniel s’en alla à sa maison” et, comme le psalmiste, s’adonne à la prièrePsaume 109. 4. Il associe dans ce service d’intercession ses trois fidèles compagnons, informés de l’épreuve de sa foi. C’est la première mention dans l’Écriture d’une prière collective. Ils s’adressent au “Dieu des cieux”, titre donné habituellement à l’Éternel depuis que sa gloire a quitté le temple de Jérusalem, et que le gouvernement du monde a été transféré aux nations. Ils ne réclament de Dieu qu’une seule chose : “ses compassions”. Daniel ne demandera rien d’autre dans sa remarquable prière d’humiliation en faveur du peuple (9. 4-19).

La réponse de Dieu : verset 19

Dans un rêve, Dieu révèle à Daniel la vision du roi et lui en donne l’explication.

La prière de reconnaissance : versets 20-23

Daniel ne va pas aussitôt vers le roi pour lui annoncer la révélation du secret. Il se tourne plutôt vers Dieu qui avait répondu à leur prière.

Le “Dieu des cieux” (verset 19) est le Dieu d’éternité et le Dieu souverain : il change les temps et les saisons2 ; il établit et dépose les rois. Il est beau de voir comment un jeune Hébreu en exil, à la merci d’un despote idolâtre, peut reconnaître par la foi la souveraineté universelle de Dieu sur sa création et ses créatures. Même en un temps d’épaisses ténèbres morales (comme pour nous aujourd’hui), la lumière demeure auprès de Dieu (verset 22).

Mais pour Daniel, Dieu avait aussi le caractère plus intime de : “Dieu de mes pères” (verset 23). Ses actions de grâces deviennent plus personnelles, en rapport avec la merveilleuse réponse à sa supplication. Il parle seul à Dieu (je te célèbre, je te loue… tu m’as fait connaître), mais il associe ses trois compagnons (ce que “nous” t’avons demandé). Ils avaient recherché ensemble l’aide divine ; ils sont unis maintenant pour rendre grâces ensemble.

Daniel peut désormais, et sans délai, entrer auprès d’Arioc, qui le conduit en hâte auprès du roi. L’entretien, rapporté dans la fin du chapitre, présente dans l’ordre :

  • 1. la source divine et l’objet de la révélation du secret (versets 27-30) ;
  • 2. la description du rêve du roi (versets 31-35) ;
  • 3. son interprétation (versets 36-45) ;
  • 4. la conclusion de la scène (versets 46-49).

3. Source et objet de la révélation du secret : versets 24-30

Devant le roi, Daniel déclare d’abord l’impuissance de toute sagesse humaine. Dieu seul révèle les secrets. Déjà déclarée par Ésaïe, cette faculté exclusivement divine est rappelée aux Corinthiens par l’apôtre Paul pour réduire à néant les prétentions humaines dans le domaine de la sagesseÉsaïe 29. 14 ; 1 Corinthiens 1. 19. C’est une leçon d’une actualité particulière.

La source du secret était donc divine. Son but était de révéler à Nebucadnetsar des événements prophétiques le concernant lui-même ou ses successeurs sur le trône des nations. En fait, la portée prophétique du songe de la statue englobe toute la période historique des temps des nations, entre la déportation d’Israël et l’introduction du règne millénaire de Christ.

Ce secret était annoncé par Dieu, “Celui qui révèle les secrets” (verset 29), par le canal de son serviteur Daniel. Avec une remarquable humilité, le prophète se met à l’arrière-plan, et attribue sans réserve toute sagesse et toute gloire à son Dieu, devant le souverain des nations.

Apprenons de Daniel cette leçon d’humilité : sachons nous effacer devant notre Seigneur, pour que le monde puisse voir Christ briller dans les siens !

Notes

1L’expression est employée par l’apôtre Paul pour inviter les chrétiens à saisir l’occasion et ainsi “acheter le temps”, que le Seigneur nous prête dans les jours mauvais pour marcher soigneusement (Éphésiens 5. 15).
2Pour “les temps et les saisons”, lire les passages suivants : Genèse 1. 14 ; Actes 1. 7 ; 1 Thessaloniciens 5. 1 ; Daniel 2. 21 ; Daniel 7. 25. Il s’agit non seulement des saisons de la terre, mais aussi du gouvernement du monde. Dieu réserve à sa propre autorité d’en disposer. Mais l’homme, dans son fol orgueil, prétend intervenir ; ce sera le cas du chef de l’empire romain.

Daniel 2

1Et en la seconde année du règne de Nebucadnetsar, Nebucadnetsar songea des songes, et son esprit fut agité, et son sommeil le quitta. 2Et le roi commanda d’appeler les devins, et les enchanteurs, et les magiciens, et les Chaldéens, pour exposer au roi ses songes ; et ils vinrent et se tinrent devant le roi. 3Et le roi leur dit : J’ai songé un songe, et mon esprit est agité pour connaître le songe. 4Et les Chaldéens dirent au roi, en syriaquea : Ô roi, vis à jamais ! Dis le songe à tes serviteurs, et nous en indiquerons l’interprétation. 5Le roi répondit et dit aux Chaldéens : La chose est par moi prononcée : si vous ne me faites pas connaître le songe et son interprétation, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en tas d’immondices ; 6mais, si vous indiquez le songe et son interprétation, vous recevrez de ma part des dons, et des présents, et de grands honneurs. Indiquez-moi donc le songe et son interprétation. 7Ils répondirent pour la seconde fois et dirent : Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en indiquerons l’interprétation. 8Le roi répondit et dit : Je sais très certainement que vous voulez gagner dub temps, parce que vous voyez que la chose est par moi prononcée ; 9or, si vous ne me faites pas connaître le songe, il y a un seul et même décret pour vous ; car vous avez préparé une parole mensongère et perverse pour la dire devant moi, en attendant que le temps ait changé. C’est pourquoi, dites-moi le songe, et je saurai que vous pouvez m’en indiquer l’interprétation. 10Les Chaldéens répondirent devant le roi et dirent : Il n’existe pas un homme sur la terre qui puisse indiquer la chose que le roi demandec ; c’est pourquoi aucun roi, quelque grand et puissant qu’il soit, n’a demandé chose pareille d’aucun devin, ou enchanteur, ou Chaldéen ; 11et la chose que le roi demande est difficile, et il n’existe personne qui puisse l’indiquer devant le roi, excepté les dieuxd, dont la demeure n’est pas avec la chair.

12À cause de cela, le roi s’irrita et se mit dans une très grande colère, et commanda de détruire tous les sages de Babylone. 13Et un décret fut promulgué [portant] que les sages soient tués ; et on chercha Daniel et ses compagnons, pour les tuer. 14Alors Daniel répondit avec prudence et avec sens à Arioc, chef des gardes du roi, qui était sorti pour tuer les sages de Babylone ; 15il répondit et dit à Arioc, le grand officiere du roi : Pourquoi ce décret est-il si rigoureux de par le roi ? Alors Arioc fit connaître la chose à Daniel. 16Et Daniel entra et demanda au roi de lui accorder du temps pour indiquer au roi l’interprétation.

17Alors Daniel s’en alla à sa maison et fit connaître la chose à Hanania, Mishaël et Azaria, ses compagnons, 18pour implorer, de la part du Dieu des cieux, [ses] compassions au sujet de ce secret, afin que Daniel et ses compagnons ne soient pas détruits avec le reste des sages de Babylone. 19Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision de la nuit. Alors Daniel bénit le Dieu des cieux. 20Daniel répondit et dit : Béni soit lef nom de Dieu, d’éternité en éternité ! car la sagesse et la puissance sont à lui, 21et c’est lui qui change les temps et les saisons, qui dépose les rois et établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la connaissance à ceux qui connaissent l’intelligence : 22c’est lui qui révèle les choses profondes et secrètes ; il sait ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure auprès de lui. 23Toi, Dieu de mes pères, je te célèbre et je te loue, parce que tu m’as donné sagesse et puissance, et que maintenant tu m’as fait connaître ce que nous t’avons demandé, nous ayant fait connaître la chose que réclame le roic.

24C’est pourquoi Daniel entra auprès d’Arioc, que le roi avait établi pour détruire les sages de Babylone ; il alla, et lui parla ainsi : Ne détruis pas les sages de Babylone ; conduis-moi devant le roi, et j’indiquerai au roi l’interprétation. 25Alors Arioc fit entrer Daniel en hâte devant le roi, et lui parla ainsi : J’ai trouvé un homme, des fils de la captivité de Juda, qui fera connaître au roi l’interprétation. 26Le roi répondit et dit à Daniel, dont le nom était Belteshatsar : Peux-tu me faire connaître le songe que j’ai vu et son interprétation ? 27Daniel répondit devant le roi, et dit : Le secret que le roi demande, les sages, les enchanteurs, les devins, les augures, n’ont pu l’indiquer au roi ; 28mais il y a un Dieu dans les cieux qui révèle les secrets et fait savoir au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera à la fin des jours. Ton songe et les visions de ta tête, sur ton lit, les voici :

29Toi, ô roi,­… tes pensées, sur ton lit, sont montées [dans ton esprit], ce qui doit arriver ci-après ; et celui qui révèle les secrets te fait savoir ce qui va arriver. 30Et quant à moi, ce n’est pas par quelque sagesse qui soit en moi plus qu’en tous les vivants, que ce secret m’a été révélé : c’est afin que l’interprétation soit connue du roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.

Notes

aou : araméen.
blitt. : acheter le.
clitt. : la chose du roi.
dchaldéen : Élah, ici, au pluriel. Les chapitres 2. 4 à 7. 28 sont écrits en araméen et ont toujours : Élah.
eou : chef des gardes.
flitt. : son.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)