Dieu permet alors que Daniel trouve faveur et grâce auprès des responsables de la cour de Babylone. Il en avait été ainsi de Joseph. Dieu était avec luiGenèse 39. 2 ; Actes 7. 9 et lui avait fait trouver grâce d’abord aux yeux de Potiphar, l’officier du PharaonGenèse 39. 4, puis aux yeux du chef de la tour où il était retenu prisonnierGenèse 39. 21. Ces deux hommes de foi font ainsi l’expérience de la promesse divine : “Quand les voies d’un homme plaisent à l’Éternel, il met ses ennemis mêmes en paix avec lui” Proverbes 16. 7.
Le prince des eunuques risquait sa vie en prenant le parti de Daniel contre la volonté du roi (“le roi leur assigna” versets 5, 10). Daniel, dans un élan de foi, suggère une épreuve de dix jours ; elle impliquait une confiance entière en Dieu car sa faillite aurait entraîné la condamnation des jeunes Hébreux et des délégués du roi.
Mais Dieu récompense la foi, et fait tourner l’épreuve à l’avantage de ses serviteurs. Leur position de séparation du monde est reconnue par les autorités de celui-ci. Loin de leur pays et du temple de l’Éternel (qui était maintenant abandonné par Dieu et même détruit), ces quatre hommes de foi persévèrent ainsi seuls, fidèles à leur place de nazaréens et Dieu est avec eux.
Dieu révèle sa pensée dans les écrits du N.T. à l’égard de la nourriture des chrétiens. Il convient de s’abstenir de manger des choses sacrifiées aux idoles et du sang (seul ou contenu dans une viande étouffée) : il est la vie qui appartient à DieuLévitique 17. 11 ; Actes 15. 29. Sinon, toute viande peut être mangée1. Aujourd’hui encore, tous les hommes bénéficient de cette autorisation divine. Ériger les pratiques végétariennes en principe moral intangible serait accepter des enseignements de démons1 Timothée 4. 3. En même temps, le chrétien est invité à la sobriété en toutes choses2 Timothée 4. 5.
C’est alors que Dieu donne aux quatre Hébreux de la science, de l’intelligence et de la sagesse. Non seulement, leur apparence physique montrait l’inutilité de la nourriture de Babylone, mais Dieu leur confie des dons spirituels qui les rendent dix fois supérieurs aux courtisans du roi. Dieu récompense leur foi et leur séparation de cœur pour lui, selon la promesse du psalmiste : “Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance” Psaume 25. 14.
Cette circonstance nous enseigne un principe moral de toute importance : seule, la communion avec Dieu dans sa crainte nous rend capable de connaître ses pensées et de discerner sa volonté. C’est ainsi qu’Abraham se qualifie pour être le confident de Dieu au sujet du jugement de SodomeGenèse 18. 17-19. A de tels prophètesGenèse 20. 7, Dieu révèle ses secretsAmos 3. 7. L’apôtre Paul reprendra cette pensée dans sa prière pour les Colossiens : “Que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle” Colossiens 1. 9.
Daniel est ici spécialement distingué de ses compagnons, comme doué d’une capacité extraordinaire de compréhension des visions. C’est ainsi que Dieu faisait souvent autrefois connaître sa pensée1 Samuel 3. 1 ; Job 33. 15. Ce don particulier aura bientôt l’occasion de s’exercer.
Après les trois ans de préparation à la cour (verset 5), les quatre jeunes Hébreux sont présentés au roi, et se tiennent devant lui (verset 19). Ils deviennent ainsi des témoins publics devant le monde. Les devins et les enchanteurs du royaume ne peuvent supporter la comparaison avec eux. D’un côté, des hommes voués à la puissance des ténèbres et au mensonge pour tromper leurs semblables, et de l’autre, d’humbles témoins enseignés de Dieu pour communiquer la vérité.
Si la sagesse de Dieu reste cachée aux chefs de ce siècle, elle est révélée au plus humble croyant par le Saint Esprit. Par lui, il discerne toutes choses, même les choses profondes de Dieu1 Corinthiens 2. 7, 10, 15. Dans un temps d’intense activité intellectuelle et mystique de l’homme, il est important de se rappeler où se trouvent les vraies valeurs morales selon Dieu.
Ce chapitre d’introduction du livre a donc montré par l’exemple de Daniel et de ses trois amis, ce que sont dans tous les temps les caractères moraux d’un résidu fidèle à Dieu :
La suite du récit fera ressortir enfin un dernier caractère, de toute importance pour nous (2. 17-23) :
Au cours de son long séjour à Babylone, Daniel verra l’apogée et la chute du royaume de Chaldée. Son service continuera avec Darius, le Mède, puis avec Cyrus, le Perse. Il verra s’accomplir les prophéties d’Ésaïe et de Jérémie, qui annonçaient le retour d’un résidu dans la terre d’IsraëlÉsaïe 44. 28 ; Jérémie 30. 10, 11.
On notera que la scène du chapitre 10, datée de la troisième année de Cyrus, se place donc après le retour de la déportation, et Daniel était encore à Babylone. Rien ne montre dans la Parole que le prophète soit remonté dans le pays d’Israël. Si Dieu a voulu que son fidèle témoin termine sa vie en Chaldée, c’était pour l’associer à ceux que le prophète Zacharie mentionne en conclusion de son livre des visionsZacharie 6. 9-15. Dans le lieu de la captivité du peuple infidèle, Dieu voulait maintenir pour lui un témoignage à sa propre fidélité.
Par la foi, Daniel est donc resté longtemps à Babylone à la cour de rois idolâtres (Nebucadnetsar), impies (Belshatsar) ou orgueilleux (Darius). Il a été là, un témoin pour Dieu.
Moïse, au contraire, par l’énergie d’une même foi, était sorti de la cour du Pharaon, roi d’Égypte. Il avait renoncé à la sagesse du monde pour être un humble berger, avant d’être le libérateur du peuple de Dieu.
Mais l’un et l’autre ont connu l’affliction avec le peuple de Dieu :
La comparaison et l’opposition apparente entre ces deux hommes de Dieu montrent que la vie du chrétien ne peut jamais être une simple vie à l’imitation des autres. La vie de chacun dépend de Dieu seul qui lui assigne une place et lui montre son chemin.
Avec Noé et Job, Daniel est aussi spécialement distingué parmi les hommes justes qui ont plu à DieuÉzéchiel 14. 14, 20. Chacun de ces trois hommes de Dieu illustre un aspect particulier de la foi :
Que Dieu nous accorde d’imiter, dans une mesure au moins, la foi et la conduite de chacun d’eux !