Voici maintenant arrivé le moment où le jugement va être exécuté sur la terre par celui qui est vu au ciel, assis sur la nuée, semblable au Fils de l’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or. Au chapitre 1, c’est la même personne glorieuse, Christ lui-même, qui est apparue pour juger la maison de Dieu. Alors, il ne portait pas encore la couronne d’or, car le moment de régner n’était pas encore venu. Maintenant il va établir le royaume en justice par le jugement. Deux jugements distincts vont être exécutés, respectivement figurés par la moisson et par la vendangeJoël 4. 11-14. Chacun a son propre caractère : l’un a pour effet de rassembler pour le jugement, l’autre a un effet destructif ; mais d’autres traits les distinguent encore.
Le jugement de la moisson s’étend à toute la terre, alors que le jugement de la vendange est plutôt circonscrit au territoire d’Israël. Si c’est la terre qui est moissonnée, la vendange s’effectue sur “la vigne de la terre”, et dans l’A.T. la vigne représente plusieurs fois IsraëlPsaume 80. 9 ; Ésaïe 5. 7. Mais, comme dans ces passages la vigne figure le peuple que Dieu a établi, dont il a pris soin, et qu’il considère alors sous l’angle de sa responsabilité après sa déchéance, on peut aussi étendre la signification de “la vigne de la terre” à toute religion sans vie.
Une faucille tranchante est dans la main de celui qui apparaît sous le caractère du Fils de l’homme, et c’est lui qui lance la faucille sur la terre, lorsque l’ange sorti du temple annonce que le moment est venu. On peut faire le rapprochement avec l’enseignement du Seigneur : “Le Fils de l’homme enverra ses anges et ils cueilleront de son royaume tous les scandales” Matthieu 13.41.39. “Les moissonneurs sont des anges”, dit-il aussi, mais c’est lui qui dirige personnellement ce travail accompli en perfectionPsaume 18. 31, travail qui sépare les justes des méchants, le bon grain de l’ivraie, mais aussi le froment de la balleMatthieu 3. 12. Et l’expression : “la moisson de la terre est desséchée”, plus que mûre, prouve que la patience du Seigneur a attendu jusqu’à la dernière limite. Alors que dans la parabole de l’ivraieMatthieu 13. 24-30, qui s’applique à la fin de la période chrétienne, le Seigneur insiste sur la séparation des justes d’avec les méchants, ici l’accent est mis sur l’exécution du jugement sur toute la terre : “et la terre fut moissonnée”.
La mention du “temple dans le ciel” montre que Dieu a repris ses relations avec son peuple : cela commence par le jugement. La vendange et le foulage de la cuve désignent les jugements guerriers qui s’exécutent sur la terre et entraînent la mort d’un grand nombre d’hommesLamentations de Jérémie 1. 15 ; Ésaïe 63. 1-6. La faucille est ici dans la main d’un ange, et non du Fils de l’homme. Le jugement paraît s’exercer par le moyen d’un intermédiaire. On voit, par exemple en Zacharie 12. 6, que Juda sera l’instrument d’un jugement guerrier contre les peuples qui assaillent Jérusalem. Le signal est donné par un autre ange qui sort de l’autel, peut-être en réponse aux prières des saints (8. 3). Il a “pouvoir sur le feu” ; il dispose du moyen d’exécuter le jugement. La cuve est celle de la colère de Dieu. Le jugement s’exerce “hors de la ville”, indistinctement sur tous les ennemis d’Israël. La destruction d’un grand nombre d’hommes fera que des torrents de sang seront versés et qu’ils couvriront une grande étendue. Plusieurs, suivant la suggestion de Jérôme, au 4e siècle, estiment que les mille six cents stades représentent la longueur du territoire de la Palestine.
C’est un jugement limité dans le temps, qui s’exerce sur des hommes qui vivent sur la terre et qui doit toujours être distingué du jugement éternel qui atteindra ceux qui seront jetés dans l’étang de feu et de soufre (20. 15).