Après la parenthèse sur la séparation du mal (6. 14 à 7. 1), l’apôtre reprend le fil de ses pensées. Il ne s’agira plus ici des principes du service, mais de l’état de cœur du serviteur. Seront aussi décrits les exercices de cœur et de conscience de croyants qui ont été, un moment, en mauvais état.
En effet, il va être question d’amour, de repentance, de tristesse, d’obéissance, de consolation, de joie, de gloire. Plus que jamais, l’apôtre parlera à cœur ouvert.
Après le chemin de la sainteté, il va montrer le chemin bien plus excellent de l’amour selon Dieu, celui qui se réjouit avec la vérité. Il veut panser toutes les blessures provoquées par sa première lettre. Il va leur montrer combien est vrai ce proverbe : “Les blessures faites par un ami sont fidèles” Proverbes 7. 6.
Paul attache de l’importance à l’opinion des Corinthiens à son sujet. Il craint que leur cœur se détourne de lui malgré leur repentance. Il éprouve le besoin de se justifier, comme si sa bonne conduite n’était pas évidente à tous.
Il est triste qu’il soit encore obligé de s’exprimer ainsi. Il y avait toujours des accusations sous-jacentes de la part de certains d’entre eux. Quelle affligeante ingratitude : oser accuser l’apôtre d’être intéressé par les biens matériels, comme cela sera évoqué plus loin (11. 7-10 ; 12. 13-15) ! Paul avait peur qu’ils soient plus ou moins influencés par ces mauvais éléments qui cherchaient, en quelque sorte, à “dérober” leur cœur comme Absalom autrefois2 Samuel 15. 6.
Pourtant il ne veut pas les condamner (verset 3). Il a plus de joie à les louer qu’à les réprimander. Mais il pressent ce qui arrive souvent : les cœurs de ceux qui sont tombés, puis ont été relevés, sont lents à se réchauffer, même vis-à-vis de leur bienfaiteur. Il faut du temps pour que la gêne disparaisse. C’est ce qui peut se produire quand on est très redevable à quelqu’un.
Non, l’amour de l’apôtre n’avait pas faibli. Ni la mort, ni la vie ne pouvaient le séparer des Corinthiens (verset 3). Cela nous rappelle l’élan de cœur d’une Ruth pour Naomi : “Où tu iras, j’irai, et où tu demeureras, je demeurerai… là où tu mourras, je mourrai” Ruth 1. 16, 17. Telle est la force de l’amour de Dieu. Paul maintenant ne ménage pas ses louanges sincères (verset 4). Il n’y a ni flatterie ni réticence. Son cœur déborde. Il parle avec chaleur et emphase. Il reviendra plus loin sur sa consolation et sa gloire à leur sujet.
L’apôtre reprend maintenant le cours de son récit historique, interrompu au verset 13 du chapitre 2.
Cette longue parenthèse (2. 14 à 7. 4) avait été nécessaire pour montrer à quel haut niveau doit se tenir un serviteur de Christ (chapitre 3 et 4). Et s’il a persévéré dans son service malgré la pire adversité, c’est par le soutien de l’espérance de la gloire et par l’approbation de Dieu (chapitre 5). De telles épreuves ne sont pas acceptées par les mauvais ouvriers. L’approbation des Corinthiens aussi lui était chère. Mais leur sanctification pratique était indispensable pour maintenir une relation heureuse avec Paul et avec le Seigneur (chapitre 6).
L’apôtre exprime maintenant avec force le passage de la tristesse à la joie, comme ce fut le cas du père du fils prodigueLuc 15. 32 : joie de la conversion, joie du rétablissement.
Paul avait été dans l’attente de Tite en Macédoine et donc dans l’anxiété. Cette attente lui avait paru bien longue. Pourtant il jouissait alors de l’affection, de la générosité et du bon état des Macédoniens. Il en rendra le témoignage au chapitre suivant. Sa grande crainte concernait le refroidissement du cœur de ses chers Corinthiens et leur détachement de lui-même. L’être tout entier de l’apôtre est concerné : pas de repos dans son esprit (2. 13), pas de repos dans sa chair (7. 5).
Enfin, Tite arrive. Quel soulagement, les nouvelles sont bonnes ! Il a fait l’expérience de ce proverbe : “L’attente différée rend le cœur malade, mais le désir qui arrive est un arbre de vie” Proverbes 13. 12. En effet, le retard de Tite aurait pu signifier des difficultés à Corinthe. Maintenant les craintes “au dedans” sont terminées ou tout au moins atténuées. Les combats “au dehors” continueront jusqu’à la fin de sa carrière. Il ne faut pas oublier que lors de son précédent voyage, il avait connu la persécution : la prison à Philippes et l’hostilité à Thessalonique l’avaient obligé à fuirActes 16. 23 ; 17. 5.
Alors apparaissent successivement l’amour des Corinthiens pour l’apôtre (verset 7), leur repentance (versets 8-10), leur obéissance (versets 11, 15). Tout était sujet de consolation pour le cœur de l’apôtre.
Déjà la simple venue de Tite, avant même qu’il ne parle, avait été un premier motif de consolation (verset 6). Six fois les mots “consolation” ou “consolé” reviendront sous la plume de l’apôtre. Mais ici cette consolation a une deuxième source : c’est la consolation de Tite lui-même. Et son compte rendu ajoutera un troisième motif d’être consolé. Quelle heureuse communion dans le service entre Tite et Paul : consolation et joie communes !
Les Corinthiens avaient manifesté une affection ardente pour Paul et un grand désir de le revoir. C’était la preuve du travail de guérison dans leur âme. Il y avait eu aussi leurs larmes. Combien, quelquefois, les larmes versées sont précieuses à notre Seigneur ! David avait pu dire : “Tu mets mes larmes dans tes vaisseaux, ne sont-elles pas dans ton livre ?” Psaume 56. 9 Les larmes des Corinthiens démontraient leur amour et leur regret d’avoir causé tant de peine.
Que cette ardeur, cette profondeur, et cette sincérité des sentiments de Paul à propos de l’assemblée nous servent d’exemple. Prions pour être gardés de l’indifférence et de la sécheresse de cœur. L’assemblée, objet de l’amour de Christ, doit aussi remplir nos cœurs.