Ces versets montrent que toutes les épreuves endurées par le serviteur contribuent à son développement spirituel et mettent aussi en jeu les ressources du Maître. Les contrastes énumérés à la fin de ce paragraphe n’étonnent pas. Il y a opposition totale entre les estimations superficielles de ce monde et les réalités intérieures qui lui sont cachées.
Il s’agit de la Parole accompagnée d’effets, de la Parole opérante. C’est une arme offensive : l’épée de l’Esprit. Car Paul présente ici le service comme un combat victorieux attribué à la puissance de Dieu et de sa Parole. Ce sont les armes de la main droite. La main gauche, elle, se sert de l’arme défensive : le bouclier de la foi.
Toutes ces armes, bien avant Paul, avaient été connues du roi David. “Le Dieu qui me ceint de force et qui rend ma voie parfaite… qui enseigne mes mains à combattre et mes bras bandent un arc d’airain. Et tu m’as donné le bouclier de ton salut et ta droite m’a soutenu” Psaume 18.32.34, 35.
Cette série de neuf contrastes montre que les avis peuvent être partagés et contradictoires sur une même personne, dans les mêmes circonstances, suivant qu’on l’apprécie selon la chair ou selon l’Esprit :
Cela ne rappelle-t-il pas les rumeurs dans la foule à propos du SeigneurJean 7. 12 ?
Paul est la cible de ses ennemis, mais peu lui importe. Il ne cherche pas la gloire des hommes, à l’opposé de certains Corinthiens qui l’ambitionnaient. Telle est toujours la règle de ce monde : trouver des partisans, s’acquérir honneur et pouvoir.
Admirons, encore une fois, ce serviteur imitateur de son Maître. Certainement il a porté l’opprobre de Christ, de Celui qui, avant lui, avait connu la contradiction des pécheurs contre lui-mêmeHébreux 12. 3. Qui, plus que notre Seigneur, a subi l’ignominie, la calomnie ? Il fut traité de malfaiteurJean 18. 30, de blasphémateurMatthieu 26. 65, de séducteurMatthieu 27. 63 ; Jean 7. 12, et même de démoniaqueJean 8. 48.
Paul était inconnu et bien connu (verset 9) : Il n’avait aucune célébrité, il n’avait pas gravi les échelons de l’échelle sociale. On avait dit du Seigneur : “Pour celui-ci, nous ne savons d’où il est” Jean 9. 29. Cependant, il était connu de son Dieu et PèreMatthieu 11. 27, et connu des siensJean 17. 7, 8. 25.
Mourant, châtié, voilà le verdict du monde sur l’apparence de Paul : “S’il dépérit dans son corps, c’est un châtiment de Dieu”. Voilà tout à fait l’esprit des amis de JobPsaume 41. 6-9. On prononce une sentence de mort sur Paul, mais Dieu préservait sa vie.
De plus, il avait une joie qu’aucune tristesse ne pouvait altérer. Déjà, lors de son voyage précédent à Philippes, nous le voyons chanter des cantiques avec Silas dans la prison, lié de chaînes. Et plus tard, emprisonné à Rome, il exhortera les chrétiens de Philippes à se réjouir toujours dans le Seigneur. Le Seigneur, lui, à cause de la joie qui était devant lui, avait surmonté la souffrance et la honte de la croix.
Enfin, comme son Seigneur qui vécut ici-bas dans la pauvreté (8. 9) 1 Corinthiens 4. 11, Paul n’avait aucune richesse matérielle (verset 10 ; 11. 8) Luc 12. 21. Il n’avait ni famille, ni foyer, ni possessions, mais il était riche quant à Dieu q. Nous touchons là au sommet du paradoxe : “Pauvres mais enrichissant plusieurs”. Combien sont nombreux ceux qui furent et sont encore enrichis par son ministère ! Aucun bien matériel pour entraver sa course. Il avait les richesses insondables de Christ qu’il devait présenter aux nations.
Paul, imitant le parfait modèle, pouvait dire : “Soyez mes imitateurs, comme je le suis de Christ” 1 Corinthiens 11. 1.
Ayons aussi à cœur de refléter d’aussi brillantes qualités !
La pensée des ressources divines en face de toutes ses souffrances élargissait le cœur de l’apôtre. Les bonnes nouvelles reçues au sujet des Corinthiens l’élargissaient même davantage. Il manifeste à leur égard une plus grande liberté que dans sa première lettre. Il a confiance en leur droiture.
Considérons bien l’exemple donné ici par l’apôtre. Le coupable qui avait été exclu1 Corinthiens 5. 2, 13 est maintenant réhabilité, l’assemblée de Corinthe elle-même est restaurée. Dès lors, Paul peut donner libre cours à son amour.
Toutefois, quelle tristesse que les Corinthiens soient encore si étroits de cœur ! Il les assure qu’ils ont tous une grande place dans ses affections, et il leur demande en retour une plus grande place dans les leurs. Il dira plus loin (10. 15) qu’il a l’espérance d’être “abondamment agrandi” au milieu d’eux ; qu’ils ne soient plus à l’étroit dans leurs entrailles1.
Quelle douleur pour l’apôtre si, parmi eux, certains mettaient encore en doute sa pureté de cœur à leur égard ! Cela ne fait-il pas penser aux larmes de Joseph quand ses frères, après la mort de Jacob, manifestent encore crainte et méfiance à son égardGenèse 50. 17 ?