Les Juifs avaient regroupé les Psaume 113 à 118 sous le nom de “Grand Hallel” (recueil de louanges). Ils les chantaient aux fêtes solennelles, en particulier à la Pâque1.
Après la célébration des œuvres de l’Éternel (Psaume 111), puis de son caractère, reflété dans la vie de l’homme qui le craint (Psaume 112), vient celle de son nom, élevé au-dessus de tous les cieux (Psaume 113).
Les “serviteurs de l’Éternel”, donc tous les fidèles en Israël, sont invités à louer le nom de l’Éternel en tout temps (verset 2) et en tous lieux (verset 3), car sa gloire est au-dessus des cieux d’où il domine sur toutes les nations de la terre (verset 4).
Si Dieu est grand, rien cependant des événements de la terre ne le laisse indifférent ; son regard s’abaisse pour prendre connaissance de toutes choses. Ce n’est pas nouveau : “J’ai vu l’affliction de mon peuple… et je suis descendu pour le délivrer” Exode 3. 7, disait-il à Moïse. Il en était de même au temps des JugesJuges 2. 18 ; 10. 16.
Ici deux scènes de misère et de souffrance le font intervenir :
Ainsi avait-il agi envers Anne confiant son amertume à l’Éternel1 Samuel 1. 10, 11. Après l’exaucement de sa prière, elle avait chanté précisément le cantique que nous avons ici (versets 7, 8) 1 Samuel 2. 8. En son temps Marie, mère de Jésus, se sent comblée par l’intervention miséricordieuse de Dieu en sa faveur et pour son peuple Israël. Son cantique reprend les expressions de ce psaumeLuc 1. 46-55. Dieu, dans son amour et par pure grâce, accorde une part plus merveilleuse encore à l’ÉgliseÉphésiens 2. 1-6.
Jusqu’à aujourd’hui, Israël, ayant abandonné l’Éternel, est comme ce pauvre et cette femme stérile qui ne peuvent pas chanter. Mais quand il reviendra à son Dieu, il pourra être dit de lui : “Exulte, stérile… éclate en chants de triomphe… car les fils de la désolée sont plus nombreux que les fils de la femme mariée” Ésaïe 54. 1, alors la louange sera chantée par une double famille de Dieu, l’une céleste, l’Église, l’autre terrestre, Israël. C’est l’application que fait l’apôtreGalates 4. 21-31 de cette citation d’Ésaïe. De “misérables” et “pauvres” qu’ils étaient, les membres de ces deux familles seront au bénéfice du même sacrifice.
Ce remarquable psaume est une évocation très vivante du voyage d’Israël de la mer Rouge au Jourdain. Son style est d’une grande richesse poétique. Il s’inscrit dans le Hallel et aussi dans un groupe de cinq psaumes (Psaume 114-118) qui lient deux grands événements de l’histoire d’Israël : la délivrance de l’Égypte et la délivrance finale qui conduira au règne millénaire.
“Qu’est-ce que Dieu a fait ?” Nombres 23. 23 avait-il pu être dit à la fin de la traversée du désert. Le psalmiste fait ici le même constat ; tout a été l’œuvre du Dieu de Jacob : la délivrance de l’esclavage d’Égypte, le rassemblement du peuple tout entier (Juda et Israël, verset 2) autour du sanctuaire et sous la bannière de Dieu pendant quarante ans. Quand le voyage s’achève, Balaam ne peut que témoigner encore : “L’Éternel, son Dieu, est avec lui… il a comme la force des buffles” Nombres 23. 21, 22 et il entend comme “un chant de triomphe royal” s’élever du camp d’Israël.
La présence divine au service du peuple élu est soulignée par des actes de puissance et par des actes de bonté.
Pourquoi la mer Rouge s’enfuit-elle, le Sinaï tremble-t-ilExode 19. 18, le Jourdain retourne-t-il en arrière ? Malgré la puissance que représentent les œuvres créées, mer, fleuve ou montagne, toutes ont démontré par leurs mouvements surnaturels qu’elles restaient assujetties à leur créateur, le Seigneur du ciel et de la terre, quand il a frayé un chemin à son peuple vers le pays de beauté. Leçon de modestie pour l’homme qui oublie celui qui l’a formé !
À chaque étape le rocher s’ouvre et devient une source d’eau qui entretient la vie ; on découvre avec le N.T. la raison de ce miracle permanent : “Ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait : et le rocher était le Christ” 1 Corinthiens 10. 4.
Ce psaume anticipe aussi la délivrance future d’Israël ; à nouveau puissance et bonté de Dieu se rencontrent :
Mais le plus grand miracle s’opérera dans le cœur d’Israël qui s’ouvrira à l’amour de Dieu et deviendra une source de bénédiction pour la terre entière.
La puissance et la miséricorde divines sont, pour notre temps aussi, la réponse assurée à la prière de la foi.