On risquerait de considérer ce petit psaume de deux versets, le plus court chapitre de l’Écriture, comme le simple fragment échappé d’un autre psaume. Il n’en est rien.
Il y a des moments où “de l’abondance du cœur la bouche parle” Matthieu 12. 34 et la louange peut se prolonger. Dans d’autres circonstances, seules deux ou trois paroles jaillissent du cœur, d’autant plus expressives qu’elles sont spontanées et concises ; c’est le cas ici.
Israël rentré dans sa terre, après une grande épreuve, vient de chanter la dernière strophe du Psaume 116. Va-t-il comme autrefois, jaloux de son culte et de ses privilèges, tenir les nations à distance avec arrogance et mépris ? Sous la loi de Sinaï, Israël n’avait jamais pu inviter les nations à la louange de l’Éternel ; malheureusement, il était plutôt allé vers elles pour leur emprunter leurs dieux et leurs cérémonies. Ici, la grâce et la miséricorde divines dont il vient d’être l’objet lui ont apporté des bénédictions imméritées et ont élargi son cœur. Il fait alors deux choses :
Il y a là un tel sentiment de convivialité et d’intérêt pour les autres, que l’apôtre Paul cite ce verset comme une véritable prophétie de la vocation des nations à glorifier Dieu qui fait miséricorde à tous ceux qui croientRomains 15. 11.
Quand cet hymne universel s’élèvera de la terre vers le ciel, on se souviendra de la conclusion de l’histoire d’Israël et des nations annoncée par l’apôtre Paul : “Car Dieu a renfermé tous (Juifs et nations) dans la désobéissance afin de faire miséricorde à tous. Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! … Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! À lui soit la gloire éternellement ! Amen” Romains 11. 32-36.
Au Psaume 110, Christ, après avoir accompli l’œuvre de la rédemption, était accueilli en vainqueur dans le ciel, alors que, sur la terre, son peuple l’avait rejeté. Mais le règne du Messie sur la terre n’était que reporté à plus tard.
Les Psaume 111 à 117 ont annoncé et même anticipé la venue du règne millénaire, mais en soulignant aussi les souffrances du résidu fidèle d’Israël qui précéderaient cette ère de paix.
Le Psaume 118, dernier de la série des psaumes de louanges, nous fait vivre le retour du Messie sur la terre d’Israël. Tout un peuple, visité par le jugement de Dieu pour avoir autrefois rejeté Christ, accueille avec enthousiasme son roi comme “pierre maîtresse d’angle” du royaume. Alors peut s’élever le cantique d’inauguration du règne millénaire.
“Célébrez l’Éternel… sa bonté demeure à toujours”, tel est le cadre donné à ce psaume (versets 1, 29). Déjà, dans le passé, un petit résidu de Juda revenu à Jérusalem, après soixante-dix ans de déportation, avait laissé exploser sa reconnaissance dans les mêmes termes quand les fondements du nouveau temple avaient été posésEsdras 3. 10, 11. Mais aussi quelle émotion dans les pleurs des vieillards, qui se souvenaient du premier temple !
Ici tout est joie ; les larmes ont été séchées ; le peuple (Israël), la maison d’Aaron et ceux qui craignent l’Éternel forment trois sphères de louanges, comme aux Psaumes 115 et 135, avec quelques nuances cependant dans le thème de leur cantique.
Les événements décrits dans ces versets avaient été partiellement vécus autrefois par le peuple de Juda déporté à Babylone. Ces mêmes événements se réalisent maintenant d’une manière beaucoup plus dramatique pour le résidu fidèle confronté à de redoutables ennemis. L’épreuve est passée, l’entrée du règne est imminente : le peuple veut célébrer dans son cantique ce qu’a été pour lui le secours de l’Éternel dans de tels moments.
Les versets 10 à 13 nous apprennent la gravité de l’épreuve vécue : les nations environnaient les fidèles comme un essaim d’abeilles, les attaquaient pour les faire trébucher et tomber. L’invocation du nom de l’Éternel et son secours avaient alors été déterminants pour anéantir, comme un feu d’épines, les adversaires attisés par Satan (verset 13).
Les versets 5 à 9 apportent la leçon de cette expérience : quand la détresse est là, l’Éternel est la seule sauvegarde du juste, sa seule confiance (verset 6). Aujourd’hui encore, Dieu assiste le croyant et l’homme ne peut plus rien contre luiHébreux 13. 6. D’autre part, aucun homme, si puissant soit-il, ne pourrait apporter un réel secours au fidèle (versets 8, 9).
L’épreuve est achevée. On entend aussitôt les brèves mais fortes expressions de louange de ceux qui ont été délivrés (personnalisés ici par le psalmiste) : “L’Éternel a été ma force et mon cantique, et il a été mon salut” (verset 14). C’est comme l’écho du cantique qu’un autre chœur avait adressé à l’Éternel voilà fort longtemps, dans un matin triomphant, sur la rive de la mer Rouge, après avoir été libéré du joug du PharaonExode 15. 2.