David apporte dans ce psaume le témoignage de sa propre expérience. Berger né à Bethléem1 Samuel 16. 4, 11, il a connu les délivrances de l’Éternel au milieu des périls du désert de Juda où il conduisait son troupeau. Il prend donc l’image d’une brebis pour nous faire comprendre les soins attentifs du divin Berger de chaque croyant. Ce psaume a été une source d’encouragement pour les générations de fidèles qui l’ont médité et en ont expérimenté toute la réalité. Au Psaume 22, le bon Berger a donné sa vie pour la brebis : c’était hier. Aujourd’hui (Psaume 23) le bon Berger conduit la brebis ; demain (Psaume 24), il l’introduira avec lui dans la gloire.
Ainsi, ces psaumes embrassent-ils toute la carrière d’un racheté, de la croix à la gloire.
Il faut comprendre, au départ, que sous l’image de la brebis, chaque racheté de Christ est invité à inscrire son propre nom. Ce psaume nous présente une succession de lieux de repos où la brebis peut se restaurer (versets 1, 2, 5, 6 b) et d’étapes où elle marche sous la conduite du berger (versets 3, 4, 6 a).
Ce repos était bien nécessaire à la brebis, car le berger va l’engager dans une longue étape.
Le berger engage alors sa brebis dans des chemins bien tracés qu’il connaît parfaitement pour les avoir parcourus lui-même. Ce sont des sentiers de justice (où le péché n’est jamais entré), dignes du nom de celui qui conduit les brebis (c’est le sens de l’expression “à cause de son nom”).
L’image que nous avons là est peut-être celle de l’ombre de la nuit qui descend, et constitue un risque pour le troupeau que peuvent attaquer les bêtes sauvages. Mais la portée morale et spirituelle va beaucoup plus loin. Brusquement, sans halte possible, la brebis se trouve engagée dans une obscure vallée où elle ne voudrait pas entrer ; c’est “la vallée de l’ombre de la mort”. Elle ne voit plus son berger ; elle va alors apprécier ce qu’il fait pour elle. Il n’est plus devant, mais à côté de la brebis ; elle s’adresse à lui directement : “Tu es avec moi” (non plus à la troisième personne : “il me…”). Certes, elle n’entend plus sa voix, ne voit plus sa silhouette familière, mais les instruments du berger sont là, pleinement rassurants : la houlette pour lancer la petite motte de terre qui ramène la brebis si elle s’écarte du chemin, le bâton qui la serre fermement contre son berger. Ainsi, consolée par ces gestes de vigilance et d’amour, la brebis avance en ne craignant plus aucun mal.
“Tu es avec moi” : ces quelques mots résument bien la raison de sa confiance. Dans un autre temps, Josué, conduisant le peuple à la conquête de Canaan, avait reçu cette promesse : “Je serai avec toi” Josué 1. 5, et il était parti avec assurance. Plus tard, dans un temps de découragement, le prophète Aggée recevra de son Dieu cette promesse : “Je suis avec vous” Aggée 1. 13, et ce message sera déterminant pour tous. Ici, qui ne reconnaît, sous une forme symbolique, la façon d’agir de notre bon Berger ?
Mais qu’est-elle vraiment cette “vallée de l’ombre de la mort” ? Ce peut être l’expérience douloureuse d’un monde où l’on ne rencontre que ténèbres morales, déceptions, risques de chutes… un peu l’expérience d’Asaph au Psaume 73. Ce peut être aussi une grande épreuve, la vallée du deuil où Marthe et Marie se sont trouvées en Jean 11 après la mort de leur frère Lazare. Ce peut être encore l’ombre de la mort qui s’allonge sur le chemin de celui que le Seigneur va reprendre à lui.
Le grand fait demeure que le berger est mort pour les brebis ; la mort a donc perdu son aiguillon, elle est vaincue ; il n’y a plus de danger pour la brebis ; la mort, morale et physique, a perdu son pouvoir. Dans toutes les circonstances que la brebis doit traverser, le berger reste là, présent et agissant.
La brebis a donc été comblée par son berger au milieu d’un monde constamment inhospitalier : dans le désert, il lui a donné l’abondance (versets 1, 2) ; dans un lieu où règne le péché, il a ouvert pour elle un sentier de justice (verset 3) ; dans le pays du deuil, il a apporté la consolation de sa proximité (verset 4) ; enfin, en la présence des ennemis, il l’a restaurée à sa table (verset 5). Émerveillée, la brebis s’écrie : “ma coupe est comble”.
Maintenant, le terme du voyage est proche ; la brebis voit déjà se profiler la maison dans le lointain… “la maison de l’Éternel”. Il n’y a rien eu de semblable pour elle dans tout ce long chemin ; elle va bientôt se reposer et jouir du but atteint “pour de longs jours”.
Insensiblement, le berger s’est adapté aux situations changeantes :
Tout est redevenu lumineux pour cette dernière étape de la brebis. Bientôt, ce sera l’accueil dans la maison de l’Éternel où la seule activité sera celle de la louange : “Ils te loueront sans cesse” Psaume 84. 5.