Ce sont ici essentiellement les souffrances des trois premières heures de la croix, quand Christ était l’objet de la haine des hommes poussés par Satan.
On y trouve successivement deux thèmes :
Il n’y a personne qui secoure (verset 22), ni le pouvoir civil, ni le pouvoir religieux. Tous se moquent (versets 8, 9). C’est dans ces conditions que cet affligé adresse à Dieu, son seul recours, une ardente prière pleine de confiance. Confiance parce que “nos pères se sont confiés en toi”, “ils ont crié vers toi” et “tu les as délivrés”, “ils ont été sauvés” (versets 5, 6). Confiance quand les moqueurs tournent en dérision l’attente de ce fidèle : “Il se confie à l’Éternel : qu’il le fasse échapper” (verset 10). On trouve décrit ici, dix siècles à l’avance, ce que les évangiles relatent dans les mêmes termes. Confiance qui date de loin : déjà dans le sein maternel (verset 9) ; le cantique de MarieLuc 1. 46, 55, comme les paroles de ces prophètes intelligents que sont Siméon et AnneLuc 2. 29-35 ; 38 en font foi.
La sainte victime est là, sans appui humain, sans secours ni de la part des anges, ni de la part de Dieu lui-même. Et pourtant, quand tout est contre Christ, il exprime à Dieu sa confiance inébranlable ; n’est-ce pas une marque de sa perfection ?
Devant quelqu’un qui va mourir – serait-ce même un condamné à mort – on a du respect, on fait silence. À la croix, les foules s’assemblent à ce spectacleLuc 23. 48. Les diverses classes d’hommes, hier ennemies, se sont réconciliées pour venir crier ensemble leur haine au divin supplicié ; les autorités civiles et religieuses le provoquent avec violence et perversité (“les taureaux de Basan”, versets 13 et 14, parlent de force et de violence). La foule, les soldats, les brigands eux-mêmes, créatures sans cœur, sans conscience et lâches, l’insultent (“des chiens m’ont environné… ils me contemplent, ils me regardent”, versets 17 et 18, ce qui dénote un manque total de retenue morale). Ainsi, ces deux traits dominants du péché, la violence et la corruption, se retrouvent à la croix. Satan, avec toute la puissance des ténèbres, se cache derrière cette scène, aiguillonnant tous ses instruments, des pauvres et des riches, des rustres et des gens cultivés, toute l’échelle sociale des humains, toute la race du premier homme. Tous rejettent celui qui s’est fait Fils de l’homme pour offrir le salut à l’humanité coupable.
Tous ces outrages qui brisent son cœur, le divin crucifié les place un à un devant son Dieu.
Dans les versets 15 à 19, à l’atroce souffrance physique2 s’ajoute la souffrance morale dépeinte en traits bouleversants : le cœur du Sauveur, siège des affections et centre de la vie intérieure, est comme fondu de douleur ; toute la vigueur s’en est allée ; il est là, crucifié, desséché comme un tesson d’argile exposé au feu.
Trois faits, dans ce psaume, dépassent toutes les souffrances endurées de la part des hommes :
Sur la croix, Christ, ayant accepté la coupe de la main du Père, n’a plus de combat à livrer. Il reste sans défense, victime volontaire, même quand Dieu, dans les heures de ténèbres, tient l’épéeZacharie 13. 7 ; Matthieu 26. 31 et le frappe. Mais à l’heure de la colère de Dieu, il fait monter cette poignante supplication : “Délivre mon âme de l’épée”.
C’est une des premières conséquences incontournables du péché dont Christ s’est chargé.
Il y a plus encore. La mort était le jugement du premier homme après la chute : “Tu es poussière et tu retourneras à la poussière” Genèse 3. 19. Le second homme, lui, est descendu du ciel1 Corinthiens 15. 47. Il n’a rien à faire avec la poussière et la mort. Mais pour prendre en main les clés de la mort et de l’hadès, il lui faut descendre encore cette dernière marche de l’abaissement qui le conduit “jusqu’à la mort, et à la mort de la croix” Philippiens 2. 8. Son corps ne connaîtra pas la corruption, ne deviendra pas poussière. La mort gardera pour lui toute son amertume, mais il y entrera en vainqueur.