La deuxième partie du verset 22, dans sa concision, évoque la résurrection ; les cornes des buffles symbolisent ici la puissance de la mort, une puissance irrésistible. Le Père manifeste sa gloire en sauvant son Fils de la mort (litt. “hors de la mort”) Hébreux 5. 7 ; Romains 6. 4. Cette réponse donnée par la résurrection est le témoignage divin que le sacrifice est agréé. Une aurore nouvelle se lève ; le “tu m’as répondu” signifie que le cri du verset 2 avait été entendu, mais que la réponse divine à cette supplication avait dû être différée : non pas délivré de la mort, mais hors de la mort.
Avec la résurrection, un immense changement s’est produit ; désormais l’atmosphère est à la communion retrouvée et à la joie. C’est une fresque admirable des conséquences de l’œuvre de la croix qui se présente maintenant. On y découvre successivement :
Un grand événement vient de se produire : Dieu est allé chercher dans la mort “le grand pasteur des brebis” ; il l’a “ramené d’entre les morts… dans la puissance du sang de l’alliance éternelle” Hébreux 13. 20, et aussitôt la petite compagnie des fidèles est là, qui entoure le ressuscité, comme en Jean 20. 19-23 : “Jésus vint et se tint au milieu d’eux”. C’est l’unique mention de cette petite congrégation des rachetés dans l’A.T. Christ est au milieu d’eux, leur annonçant le nom de Dieu, revendiquant tout ce qu’il est en justice, en vérité et en amour. Christ seul le peut, lui qui est allé jusqu’aux limites les plus extrêmes de l’épreuve avec Dieu. Mais il est là aussi comme le ressuscité au milieu de “ses frères”, leur annonçant le nom du Père. Ce résidu juif croyant qui entoure le Seigneur après sa résurrection constituera, à la Pentecôte, le noyau de l’Église.
La citation de ce verset 22 en Hébreux 2. 12 donne également un éclairage tout particulier à la portée de cette rencontre. La louange de ce premier cercle de croyants est directement liée à la délivrance de Christ, présent au milieu des siens. Elle a Dieu pour objet. Profond enseignement pour le culte chrétien auquel l’adoration du Père donne son vrai niveau. On ne retrouvera pas un sens aussi élevé de la louange et de l’adoration dans les scènes suivantes.
Avant les heures d’abandon de la croix, cette supplication s’était déjà fait entendre à plusieurs reprises : “Ne me cache pas ta face” Psaume 69. 18 ; 102. 3. Cette prière serait-elle restée sans réponse ? Certainement pas. Nous apprenons ici que, même si aucun rayon de la gloire divine n’avait percé les ténèbres du Calvaire, le regard du Père n’avait jamais cessé de reposer sur son Bien-aimé.
Les bénédictions divines s’étendent à un second cercle constitué par l’ensemble du peuple d’Israël restauré. C’est l’annonce d’une scène encore future, évoquée par le prophète ÉsaïeÉsaïe 53. 10-12. Les débonnaires, dont Jésus parle dans l’évangileMatthieu 5. 5 héritent de la terre et sont rassasiés dans la présence de leur Messie autrefois rejeté. Ils sont conviés au repas de communion et de paix (le sacrifice de prospéritésLévitique 7. 16), dans la joie de tous ceux qui cherchent l’Éternel et le craignentPsaume 116. 12-14. Enfin rassemblé autour de son Messie glorieux, ce peuple formé pour raconter la louangeÉsaïe 43. 21 de Dieu, se consacre à ce merveilleux service.
C’est un moment solennel : le Fils de l’homme (il n’est plus là comme Messie seulement) vient “avec les nuées” et reçoit domination, honneur et royauté… pour que tous les peuples le serventDaniel 7. 13, 141.
Le beau tableau des versets 26 à 30 évoque la fête des Tabernacles, comme la scène des versets 23 à 25 évoquait la fête de la Pentecôte, et la première partie du psaume celle de la Pâque.
Ainsi, pendant ces dix siècles du règne, Dieu veillera à ce que la gloire de son Fils soit un objet de contemplation et de louange pour Israël et pour les nations.
Toutes les nations “monteront d’année en année pour se prosterner devant le Roi, l’Éternel des armées” (Zacharie 14. 16). Mais la distinction entre Juifs et nations sera maintenue ; les douze tribus jouiront d’une bénédiction particulière, distincte de celle que nous trouvons dans ce troisième cercle.
Dans ce temps-là, l’église, recueillie dans le ciel depuis la venue de Christ son époux (1 Corinthiens 15. 51-57 ; 1 Thessaloniciens 4. 16, 17), sera associée à ce règne (2 Timothée 2. 12) recevant “la gloire et l’honneur des nations” (Apocalypse 21. 26).