C’est le psaume de l’expiation. S’il évoque les états d’âme de David persécuté par Saül, nous saisissons d’emblée que le roi-prophète annonce surtout les souffrances de Celui dont il n’est que le type, et le sacrifice de Christ comme victime expiatoire pour le péché. Les évangiles relateront les faits qui se sont déroulés dans cette journée ; le Psaume 22, en des termes émouvants, présente les pensées profondes du Sauveur pendant les heures de la croix. Son acceptation du sacrifice, sa soumission totale à Dieu, sa confiance en Lui, malgré des souffrances infiniment nombreuses et variées, brillent d’un éclat tout particulier. Dans la majeure partie de ce psaume, c’est Christ seul qui parle.
Lorsqu’il est apparemment réduit à l’impuissance, crucifié en infirmité2 Corinthiens 13. 4, en réalité il triomphe ; par la mort, il rend “impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable” Hébreux 2. 14.
Les trois premiers versets expriment les souffrances de Christ de la part de Dieu, pendant les trois heures de ténèbres, heures d’expiation.
Les versets 5 à 22 présentent les souffrances morales et physiques de Christ sous la colère des hommes, pendant les trois premières heures de la croix.
Dès le premier verset, nous comprenons que Christ est seul, abandonné de Dieu. C’est un moment unique dans les annales de l’éternité, une des expressions les plus insondables de l’Écriture : le juste abandonné de Dieu. C’est vers la neuvième heure que Christ adressera cette supplication à son Dieu ; les deux premiers évangiles la rapporteront dans la langue même où le Sauveur l’a prononcée.
Jésus est seul ; sa prière ardente s’élève vers le Dieu fort (El, le fort) qui abandonne son Oint. Christ est “fait péché pour nous” 2 Corinthiens 5. 21 ; il devient “malédiction pour nous” Galates 3. 13. Dieu condamne “le péché dans la chair” Romains 8. 3 en celui qui n’avait ni “connu le péché” 2 Corinthiens 5. 21, ni “commis de péché” 1 Pierre 2. 22, en qui il n’y avait “point de péché” 1 Jean 3. 5, les trois apôtres le confirment hautement.
Pendant ces trois heures, la communion avec son Dieu, qui était la joie éternelle de son âme, lui est refusée. Plus encore, Dieu est contre lui.
Quelle est donc la raison profonde de ces trois heures impénétrables ? Depuis la désobéissance de l’homme, et même depuis la chute de Satan, la question du bien et du mal était restée sans réponse. Elle trouve sa solution à la croix ; le bien et le mal se rencontrent là dans une personne sainte, pure, qui porte dans son âme et dans son corps tout le jugement du mal, du péché, précisément parce qu’elle est la seule victime parfaite qui puisse payer cette lourde dette, sous le jugement de Dieu.
La source même du mal est atteinte et jugée. La question du péché est réglée une fois pour toutes dans l’histoire de l’humanité. L’homme n’a aucune part dans cette œuvre unique, si ce n’est par le poids de ses péchés. Dieu frappe celui qui s’est présenté pour payer la dette de l’homme coupable ; Christ porte “nos péchés en son corps sur le bois” 1 Pierre 2. 24 ; il fait “l’abolition du péché par son sacrifice” Hébreux 9. 26. Seules les souffrances de ces trois heures ont valeur expiatoire ; les souffrances endurées par Jésus pendant sa vie ou pendant les trois premières heures de la crucifixion n’ont pas ce caractère. Pendant le temps où Dieu garde le silence, son saint Agneau fait
Réalisons-nous personnellement la valeur de ce sacrifice pour notre salut éternel ? Un seul regard de foi vers le crucifié du Calvaire, et la confession qu’il souffre et meurt pour mes péchés, conduisent au pardon de Dieu.
Dans ce moment, lui seul peut dire à Dieu : pourquoi ? Car lui seul a été homme sans péché, et il se trouve exclu de la faveur promise aux justes par Dieu. “Je n’ai pas vu le juste abandonné…”, écrit David (37. 25). Toute sa vie, il avait glorifié Dieu en faisant le bien ; il le glorifie maintenant en subissant, sainte victime expiatoire, le châtiment encouru par les coupables.