La tendance à juger autrui est inhérente au cœur humain. Elle était très marquée chez les pharisiens. Ils appliquaient à leurs semblables les exigences de la loi, mais la négligeaient pour eux-mêmes. L’apôtre Paul relèvera avec pertinence leur culpabilité à cet égardRomains 2 ; de même l’apôtre Jacques mettra en garde le Juif devenu chrétien contre cette tendance à se placer au-dessus de la loi pour juger son prochainJacques 4. 11, 12.
Nous avons pourtant à prendre connaissance des actions des hommes, à appeler le bien bien et le mal mal. Cependant, nous ne pouvons pas juger des motifs qui font agir nos frères ; nous pouvons juger, à la lumière de la Parole de Dieu, nos propres “intentions du cœur” Hébreux 4. 12 ; mais “les conseils des cœurs” de nos frères ne seront manifestés par le Seigneur lui-même que dans un temps à venir1 Corinthiens 4. 5. Le Seigneur nous observe (verset 2) ; si nous prions pour notre frère en faute et l’aidons à se relever au lieu de le juger, le Seigneur usera aussi de miséricorde à notre égardPsaume 18. 25 ; Jacques 2. 13.
“Pourquoi regardes-tu le fétu qui est dans l’œil de ton frère” ? dit Jésus. Le fétu, un brin de paille, est un corps étranger minuscule que seule une observation attentive permet de déceler. Ainsi peut-on épier son frère ! Puis on ose entreprendre une action blessante, sous couvert de charité : “Permets, j’ôterai…”, sans s’être examiné soi-même dans la lumière divine. Accordons une grande attention à cet enseignement : si nous sommes portés à juger les autres, et souvent sans avoir l’exacte connaissance des faits, nous ne discernerons bientôt plus nos propres défauts. Par contre, si nous nous jugeons nous-mêmes devant Dieu, sans excès de scrupules mais en toute droiture, nous ne serons pas si facilement disposés à voir le mal chez nos frères. L’hypocrite (verset 5) cache aux autres sa propre culpabilité, et finit par se la cacher à lui-même ; elle devient vite une poutre.
Les chiens et les pourceaux sont des animaux vils et impurs dans la ParoleDeutéronome 23. 18 ; 2 Pierre 2. 22. Moralement, les hommes impies qui sont insensibles au bien et impurs dans leurs goûts, leur sont assimilés. Il n’est pas convenable de mettre à leur portée les choses saintes de peur qu’ils ne les profanent. Cependant, nous pouvons toujours “saisir l’occasion” de présenter la vérité de l’évangile, selon la sagesse que l’Esprit Saint nous donneColossiens 4. 5, 6.
Jésus revient ici au sentiment de confiance que les enfants peuvent avoir à l’égard de leur Père céleste (6. 25-34). Pour recevoir de lui, il faut demander ; la prière est la base de la vie chrétienne. Nous sommes enseignés à demander avec foi, avec précision, avec persévérance.
“Cherchez et vous trouverez” : nous avons vu précédemment ce que les nations recherchent, et par contraste ce que désire le croyant (6. 32, 33). En cherchant premièrement le royaume de Dieu, il trouve le vrai chemin qui y conduit (verset 14).
“Heurtez et il vous sera ouvert”. La porte du Père n’est jamais fermée pour les enfants, il faut frapper puis entrer. La prière conduit à la communion, et celle-ci aux demandes intelligentes et aux bonnes réponsesJean 15. 7. Dieu peut éprouver la foi par la patience ; mais il donne au temps convenable ce qui convient : “de bonnes choses”.
Jésus prend l’exemple d’un père de famille pour montrer que ceux qui ont le cœur naturellement dur (verset 11) sont disposés à répondre aux besoins de leurs enfants. Ils ne donnent pas des choses sans utilité et sans valeur (une pierre), ou même nocives (un serpent), mais bien une bonne nourriture à leurs enfants qui ont faim1. Mais les choses bonnes que les parents doivent demander pour eux-mêmes et donner à leurs enfants sont aussi les nourritures de l’âme, car l’homme ne saurait vivre de pain seulement (4. 4).
Dieu veut aussi qu’à notre tour (verset 12) nous agissions envers les hommes comme lui envers nous ; si nous avons appris de lui, nous pouvons être en exemple aux autres. Il nous donne une solution divinement sage pour régler nos rapports avec les hommes. La parole de la loi et des prophètes (verset 12 ; 22. 40), spirituellement bien comprise, conduisait déjà à l’esprit du royaume qui ressort dans ces chapitres.
Jésus a parlé de deux maîtres ; il parle maintenant de deux portes et de deux chemins. Là aussi, l’homme doit choisir : la porte large s’offre naturellement à lui ; elle se franchit sans difficulté et donne accès à un chemin spacieux, ouvert à toutes les convoitises. L’insensé se trouve là en compagnie d’une foule qui est entrée avec lui, qui pense et agit comme lui, et cela le rassure. Il a pourtant lu sur le poteau indicateur placé à l’entrée du chemin : “Perdition”. Mais le “dieu de ce siècle”, qui guide cette immense troupe vers son issue fatale, aveugle les incrédules2 Corinthiens 4. 4 et les entraîne dans cette funeste direction.
Jésus appelle à entrer par la porte étroite pour suivre le chemin resserré, mais qui mène à la vie. Il est, lui, la porte, le chemin, la vieJean 10. 9 ; 14. 6. Entrer par la porte, c’est être sauvé ; suivre le chemin, c’est suivre Jésus, en direction de la vie éternelle. Ce chemin frayé par lui est suivi par le petit nombre, car il faut d’abord le trouver (verset 14). On ne peut y entrer que par la porte étroite, celle où l’on est contraint d’abandonner sa propre justice et la recherche des satisfactions terrestres. Le chemin est resserré, éprouvant, mais ceux qui le suivent sont tous des bienheureux (5. 3-12) ; ils ont le ciel et le royaume pour eux et devant eux.