Ils s’accomplissent soit envers les hommes (bienfaisance), soit envers Dieu (prière), soit enfin envers soi-même (jeûne) 1. L’enseignement et les avertissements du Seigneur sont toujours actuels, car beaucoup de chrétiens s’emparent de ces choses, excellentes en elles-mêmes, pour s’acquitter de “devoirs religieux” et en acquérir quelque mérite.
Par contraste avec la manière de faire des hommes, Jésus répète : “Mais toi…” (versets 3, 6, 17). C’est une interpellation personnelle à l’adresse d’un vrai disciple de Christ, qui sait que Dieu ne regarde pas à l’apparence extérieure, mais au cœur. Nos motifs déterminent la valeur de nos actes devant lui.
“Votre aumône” (ou justice au verset 1), englobe toute la justice pratique du croyant. Elle n’est appréciée que de Dieu lui-même, qui sonde les cœurs. Ce n’est pas des hommes que nous devons attendre une juste estimation, voire une flatteuse approbation ; la vraie récompense vient de la main du Père.
L’aumône (verset 2) est un autre terme qui concerne plus directement la bienfaisance. Elle ne saurait s’exercer valablement dans des manifestations publiques à la manière du monde, ni être l’occasion de décharger une conscience hypocrite. La bienfaisance prend une valeur particulière dans le secret du don, non seulement par rapport à autrui, mais aussi par rapport à soi-même. Si une main ne sait pas ce que l’autre fait, l’être entier ne peut en tirer aucune gloire. Savons-nous ce que c’est que de donner par amour pour Dieu et pour notre prochain, sans qu’il en résulte de trace de contentement personnel ?
Dieu voit dans le secret des cœurs (verset 4) ce que nous y discernons si difficilement nous-mêmes. Il recueille aussi ce que les hommes ignorent. Tout ce qui est fait pour lui ne restera pas toujours secret, mais sera produit en pleine lumière au jour des rétributions1 Corinthiens 4. 5.
Elle traduit la mesure de piété d’un croyant. L’homme pieux entretient des relations intimes avec Dieu, dans une crainte respectueuse et une confiance certaine en sa fidélité. Il lui remet donc toutes choses en toute tranquillité d’esprit. Comment un tel privilège a-t-il pu être dévié de son sens profond pour devenir un spectacle public (verset 5) ? Des hommes religieux vaniteux et hypocrites se sont ainsi donné une apparence de piété du temps du Seigneur. Mais la piété de forme caractérise aussi les derniers jours de l’histoire de l’Église2 Timothée 3. 5. Que de prières publiques, peut-être bien formulées mais creuses, sont exprimées davantage pour être entendues des hommes que de Dieu !
La prière personnelle est prononcée “dans le secret”, donc autant que possible dans le calme de la maison. La durée et la fréquence de nos prières ne sont soumises à aucune limite, à la différence des prières publiques, car notre Père qui est dans les cieux ne se lasse jamais d’entendre un cœur sincère. Il recueille notre prière et nous promet sa récompense :
Le Seigneur nous met en garde (versets 7, 8) contre les vaines redites, “comme ceux des nations”. Il fait sans doute allusion aux répétitions de formules vaines des païens devant leurs idoles1 Rois 18. 26-29. Cet avertissement est parfois resté lettre morte dans la chrétienté. Même cette belle prière que Jésus enseigne ensuite est devenue une vaine redite ! Gardons-nous d’exprimer des paroles qui ne traduisent pas la réalité des sentiments !
Les prières efficaces ne sont pas celles présentées par ceux qui “parlent beaucoup”, mais par ceux qui demandent avec foi et sincérité, avec ferveur et insistance, sous la pression de besoins réels. Dieu connaît ces besoins (verset 8), mais il aime à les entendre “exposés”, afin que nous prenions conscience que lui seul peut répondre, et qu’il se plaît à le faire.
Cette prière nous enseigne que les demandes faites à Dieu par des croyants doivent être en rapport avec les temps traversés, et avec leur position devant Dieu. Les disciples devaient avoir conscience que le royaume des cieux s’était approché, mais que l’état moral de la nation en retardait l’instauration. Le Seigneur les enseigne à prier pour que tout soit préparé en vue de l’accomplissement des prophéties de l’Écriture ; mais cette prière est aussi en instruction pour nous.
Le nom du Père qui est dans les cieux remplace celui de l’ÉternelJean 17. 26. Cette connaissance sera complétée après la mort et la résurrection de notre SeigneurJean 20. 17. Elle sera plus intime, dans la jouissance de la filiation et de l’adoption.
La prière du Seigneur comporte sept demandes : les trois premières ont trait à la gloire de Dieu (celle-ci doit toujours primer dans nos pensées) ; les quatre dernières expriment les besoins des croyants :
Dans la Parole, le jeûne est lié à l’humiliation, à la contrition et à la repentance. La loi ne donnait pas de prescription à ce sujet, mais nous le trouvons pratiqué tout au long de l’histoire d’Israël, et au début de l’histoire de l’ÉgliseActes 10.30.13. 2. Les hypocrites du temps du Seigneur osaient tirer gloire de ce signe d’humiliationLuc 18. 12. Sans en négliger éventuellement la pratique littérale, le croyant en retient au moins l’enseignement moral : il s’abstient de tout ce qui nourrit et satisfait l’homme naturel, de tout ce qui peut ôter le discernement spirituel. Telle est sa conduite secrète, qui conduit à la bénédiction (verset 18).